Oscars 2023.
Courts & Moyens métrages
I

ÉVÉNEMENT
[ Catégorie Fiction. ]

textes
Élie Castiel
Luc Chaput

Comme d’habitude, cinq pays représentés dans cette catégorie, courts et moyens métrages confondus. 2022, bien que remplie d’évènements majeurs, les choix oscarisés évitent en tout cas l’intervention directe. La question LGBT, sans doute, mais froidement proposée. La question de la femme en Iran, bien sûr, mais par le biais de la métaphore bien que tourné en Europe. Comme si les cinéastes, trop pressés de tourner, n’avaient guère le choix que de s’en tenir à leurs premières impressions. 

Élie Castiel

 

AN IRISH GOODBYE
(Irlande / Grande-Bretagne 2021)
Tom Berkeley, Ross White

Dans l’Irlande du Nord rurale, deux frères séparés se réunissent après la mort prématurée de leur mère .

L’un, trisomique, l’autre pas. Le premier plus affable, le second un peu plus brusque, mais non démuni de sentiments. Deux acteurs convaincus, proches de leurs personnages. James Martin (Lorcan) et Seamus O’Hara (Turlough) en accord avec l’espace rural d’une Irlande éloignée; un prêtre, Father O’Shea, campé par un Paddy Jenkins en pleine possession de ses moyens. Mais également possédant un petit papier, une liste de 100, en fait, 101 requêtes que la mère des deux frères leur demande de réaliser après son décès. Rien de nouveau à l’horizon, mais une caméra qui ne cesse de s’intégrer autant aux espaces magnifiques d’une Irlande poétique et mythique, et aux personnages, portés par un mode de vie qui semble avoir disparu et conserve cependant les semences d’une vie où le deuil est une acte de foi et non pas une obligation.
Élie Castiel
★★★

IVALU
(Danemark – 2022)
Anders Walter, Pipaluk Kijorgensen

Ivalu est parti. Sa petite sœur cherche désespérément à la retrouver. Son père s’en fout. La vaste nature groenlandaise recèle des secrets. La recherche d’Ivalu est lancée.

Les deux réalisateurs signent un court, lui aussi comme le précédent plus haut, sur le deuil. Mais ici, phase de la vie vécue autour du souvenir, de la mémoire qui se dissipe même si les lieux invitent à faire autrement. Une mise en images magnifique non seulement servant d’attrait à l’œil, ce besoin aussi de rendre cette tundra du Groenland aussi mythique que porteuse d’autres modes de vie. Et une interprétation sentie de la part de Mila Heilmann Kreutzmann.
Élie Castiel
★★★ ½

NIGHT RIDE / Nattriken
Danemark 2022
Eirik Tveiten

Une froide nuit de décembre. Après une fête, Ebba attend que le tram arrive… mais le trajet prend une tournure inattendue

Particulièrement pour la performance de l’excellente Sigrid Kandal Husjord, femme de petite taille. Elle annonce constamment quelque chose à laquelle on ne s’attend pas. Et puis, le tram (qu’elle essaiera de conduire elle-même), un incident de parcours qui aborde le thème de l’homophobie galopante dans une certaine Europe de droite bercée par ses vieux démons, mais le film de Tveiten confond les genres, ne sait pas toujours où il se dirige et mine de rien, conclut sur une note ouverte à toutes les possibilités. Est-ce assez!
Élie Castiel
★★★

THE RED SUITCASE / La valise rouge
(Luxembourg 2022)
Cyrus Neshvad

Aéroport de Luxembourg. Tard dans la soirée. Une Iranienne de 16 ans, voilée, a peur de prendre sa valise rouge sur le tapis automatique. Elle ne cesse de repousser le moment de franchir la porte d’arrivée et semble de plus en plus terrifiée.

Dernière valise à être prise par son voyageur. Et pourtant. Une grande hésitation. L’objet en question appartient à une jeune iranienne, 16 ans, promise à… plus vieux. Une décision, une mise en scène s’appuyant sur un mélange astucieux entre cinéma occidental, celui des pays libres, et moyens stratégiques mis en évidence par les cinéastes persans contemporains. Une décision aussi courageuse que spontanée. Quelques gros plans sur un visage de jeune femme lumineuse, soudain combative. Et un clin d’œil à la situation iranienne actuelle. Pas de débordements, mais une conscientisation de ce que signifient les images en mouvement. Et une magnifique chanson, Khooneye-Ma, par la voix aussi mélodieuse que mélancolique de Marjan Farsad, où la traduction transmet toutes les vicissitudes d’une situation inextricable dans ce pays oublié des dieux. Du moins, pour le moment.
Élie Castiel
★★★ ½

LE PUPILLE / Pupils
(Italie / États-Unis 2022)
Alice Rohrwacher

Suit le comportement de quelques filles rebelles d’un pensionnat catholique avant Noël, une période de guerre et de disette.

Le titre en italien peut à la fois se traduire par pupilles de la nation et son homonyme qui est une partie de l’œil. La cinéaste italienne Alice Rohrwacher (Le meraviglie) montre très souvent les yeux de ces enfants dans un orphelinat catholique dans une ville italienne durant la Seconde Guerre mondiale. Inspiré d’un texte de l’écrivaine Elsa Morante, le scénario introduit rapidement les protagonistes, les jeunes filles embrigadées dans une représentation figée de la naissance de Jésus pour la veille et la journée de Noël. Face à elles, la mère supérieure est très à cheval sur les principes et leur inculque sa morale en grands renforts de diktats et par un contrôle strict de ses dépenses. Les jeunes interprètes font preuve d’un bel allant et d’un esprit de corps étonnant. Alba, la sœur de la réalisatrice et Valeria Bruni Tedeschi dans le rôle qu’elle connait bien d’une aristocrate insufflent à leurs personnages un gravité de bon aloi. Les retournements de l’intrigue amèneront ce conte de fin d’année vers une conclusion d’une morale joyeusement impertinente.
Luc Chaput
★★★ ½

Catégorie « Animation » : Voir ici.
Catégorie « Documentaire » : Voir ici.

Diffusion @
Cinéma du Parc
[ Dès le vendredi 17 octobre 2023 ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]