Oscars 2023.
Courts & Moyens métrages
III

ÉVÉNEMENT
[ Catégorie Animation. ]

texte
Luc Chaput

En lice cette année, un film pour adultes, la 77e nomination à ce palmarès pour l’ONF, un film d’étudiant, une fable portugaise sur le réchauffement climatique et un conte britannique sur l’entraide ont réussi à charmer assez des jurys des instances précédentes pour atteindre le dernier  plancher avant le Graal.

 

Un éventail étonnant

Le 6 décembre 1917 à Halifax eut lieu la plus grosse explosion non-nucléaire de l’histoire, causant de nombreuses destructions, morts d’humains et un tsunami dans cette province de la Nouvelle-Écosse. Les réalisatrices canadiennes Amanda Forbis et Wendy Tilby, déjà nommées ensemble (When the Day Breaks) et séparément dans la course aux Oscars, reviennent dans The Flying Sailor sur un épisode peu connu de cette catastrophe. Un marin britannique aurait survécu après avoir été projeté haut dans les airs, avoir été dénudé par le souffle et être tombé dans un champ bien loin du lieu du cataclysme. Après une vue d’un poisson vaquant à ses occupations, le court d’un peu plus de sept minutes utilise de nombreuses techniques d’animation pour nous plonger dans cette vie du marin qui aurait pu être anéantie de plein fouet en ce jour fatidique. De la peinture non figurative, des dessins évoquant des photographies, un montage vif et une bande-son très travaillée prennent part avec adresse à ce discours bien plus profond qu’il n’en a l’air sur l’existence. ★★★ ½

Dans un paysage enneigé de la campagne anglaise, un petit garçon semble perdu. Il n’est pas très habillé eu égard à la température. Une série de rencontres improbables avec une taupe, un renard et un cheval blanc l’amèneront à comprendre l’importance de l’entraide dans ce long parcours qu’est la vie. The Boy, the Mole, the Fox and the Horse est une adaptation du roman illustré éponyme de Charlie Mackery. La réalisation de l’écrivain et de Peter Baynton anime des dessins inspirés de ceux de Mackery et emploie des teintes évoquant l’aquarelle pour nous emmener dans cet univers plus près de la fable porté par des interprétations bien senties d’acteurs britanniques connus. Le discours moral est un peu trop souligné pour espérer atteindre le niveau de certains classiques du Temps des fêtes. ★★★

Dans une falaise d’une chaîne de montagnes, un petite maison est accrochée à de multiples vérins et cordes. Y vivent un homme et son fils qui récoltent chaque jour de la glace due au froid ambiant. Pour aller vendre leur précieux produit, ils emploient un moyen de locomotion original et risqué. Dans Ice Merchants, la mise en scène de João Gonzalez rend perceptible l’écoulement des jours et des nuits, alternant moments calmes et plus enlevés. La métaphore de ce conte sur les changements climatiques et la force de la famille tourne malheureusement un peu court dans cette production britanno-franco-portugaise de 14 minutes. ★★★

Une jeune femme se rappelle l’année de ses 15 ans quand elle tenta de perdre sa virginité dans une grande ville du Texas. La réalisatrice islandaise Sara Gunnarsdóttir transforme le récit Notes to Boys: And Other Things I Shouldn’t Share in Public de Pamela Ribon dans une série de vignettes de facture très différentes. Les rencontres au secondaire, les sauteries, les sorties au parc d’attraction ou au cinéma, les discussions avec les parents sont successivement mises en scène dans My Year of Dicks. Les grands yeux des mangas romantiques précèdent ainsi les écroulements des chairs des films d’horreur. Le résultat final recoupe plusieurs autres œuvres récentes d’autofiction féminine dans un version plus dense et teintée d’humour. ★★★ ½

Dans un petit écran d’ordi, un homme travaille dans son cubicule pour une entreprise de télémarketing. Cet écran s’inscrit dans un plus grand cadre dans lequel l’œil peut remarquer dans un mode plus fou la caméra et les autres instruments qui permettent d’animer le dit homme. Film de fin d’études dans une université australienne, An Ostrich Told Me the World Is Fake and I Think I Believe It joue habilement en 11 minutes avec le quatrième mur,  la mise en abyme et le discours publicitaire pour devenir un petit chef d’œuvre post-moderne qui sera suivi, espérons-le, par bien d’autres pour Lachlan Pendragon. ★★★★

Catégorie « Fiction » : voir ici.
Catégorie « Documentaire » : Voir ici.

 

 

Diffusion @
Cinéma du Parc
[ Dès le vendredi 17 octobre 2023 ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]