Petit pays

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 28 août 2020

SUCCINCTEMENT
Fils d’un Français et d’une Africaine, Gabriel passe son adolescence au Burundi. Dans son quartier et à l’école, mais sans donner trop d’importance, il est témoin des altercations qui traduisent la tension latente entre les deux ethnies principales : les Hutus et les Tutsis.

CRITIQUE.

texte
Élie Castiel

★★★

Revenir sur son enfance par le biais de l’écriture, un geste parfois plus que personnel lorsqu’il s’agit de tenter de situer cette époque de la vie dans un contexte politique.  L’artiste multidisciplinaire Gaël Faye, presque la quarantaine, a publié Petit pays, autobiographie partielle en forme de roman, en 2016. Éric Barbier, cinéaste à tendance épique, que je me donne la liberté de considérer comme un Zola des images en mouvement – certains vont sans doute se plaindre – dépeint, quatre ans plus tard, ce récit emblématiquement cinématographique.

La guerre, à hauteur d’enfant

Ici, deux récits s’affrontent. Le premier, celui des jeunes années de vie vécues au début de la décennie 90 au Burundi ; dans la joie, le bonheur de se retrouver dans une terre hospitalière, en apparence, harmonieuse, vouant au père, l’Européen (très efficace Jean-Paul Rouve), et la mère, née au pays, et totalement occidentalisée, une affection des plus vives. Jusqu’à la guerre civile qui détruit son univers. Et qui dans le film, motivera le cinéaste à proposer, à la fin, une des séquences les plus troublantes du cinéma et qui donne l’occasion à Isabelle Kabano de s’illustrer magnifiquement dans son premier long métrage pour le grand écran.

Mais tout compte fait, vu à hauteur d’enfant, Éric Barbier ne pouvait que montrer les limites que le sujet (et le roman probablement) imposait. Pour le jeune Gaby, toutes les images du bonheur et de l’horreur ne sont, après tout, que de forme abstraite. C’est plus tard qu’elles prennent des dimensions dramatiques.

La séparation, les mouvements inattendus que la vie nous oblige à faire, le deuil de l’enfance, le passage précoce et tragique à l’âge adulte. Des vérités qui transforment à jamais l’individu et dans ce cas-ci, la vie de l’alter ego de Gaël Faye, rôle tenu par le jeune Djibril Vancoppenolle dans une première prestation brillante à l’écran, à l’aise devant la caméra d’Antoine Sanier – entre autres, du magnifique Dalida (2016), de Lisa Azuelos – qui saisit avec rigueur les scènes intimes autant que celles agitées, partageant du coup la même sensation d’urgence.

Le cinéaste, comme d’habitude, ne passe pas par quatre chemins. L’horreur du conflit, les épisodes sanglants sont vus selon le regard d’un enfant, avec tout ce que ces images peuvent avoir comme signification. Mais dans le même temps, le récit paraît flou et la véritable teneur du génocide n’est pas très exploitée, contrairement au film de Robert Favreau, Un dimanche à Kigali (2006), d’une étonnante profondeur.

Mais tout compte fait, vu à hauteur d’enfant, Éric Barbier ne pouvait que montrer les limites que le sujet (et le roman probablement) imposait. Pour le jeune Gaby, toutes les images du bonheur et de l’horreur ne sont, après tout, que de forme abstraite. C’est plus tard qu’elles prennent des dimensions dramatiques.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Éric Barbier

Genre(s)
Chronique historique

Origine(s)
France

Année : 2020 – Durée : 1 h 52 min

Langue(s)
V.o. : multilingue ; s.-t.f.

Petit pays

Dist. @
A-Z Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]