Pour l’éternité

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 30 avril 2021

SUCCINCTEMENT
Des hommes et des femmes de différents milieux traversent la vie dans la splendeur de sa banalité.

LE FILM
de la semaine.

texte
Luc Chaput

★★★ ½

Un couple survole une ville en ruines et qui fut très belle, dit la narratrice. Elle ressemble à Cologne à cause de sa cathédrale. Cette vision éthérée d’un monde, inspirée peut-être de Chagall, étonne dans cette suite de vignettes à l’humour souvent mi-noir.

Le réalisateur suédois Roy Andersson, après l’insuccès critique et financier de Giliap dans les années 70, s’était consacré à produire et réaliser des publicités qui lui ont permis de gagner des prix et d’acquérir un immeuble à Stockholm qui lui sert de studio.  Il est redevenu un cinéaste reconnu, gagnant même le Lion d’Or à Venise pour Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence (En duva satt på en gren och funderade på tillvaron) après  son retour en 2000 avec l’étonnant Chansons du deuxième étage (Sånger från andra våningen).

Scènes de la vie de quidams

Cette vision éthérée d’un monde, inspirée peut-être de Chagall, étonne dans cette suite de vignettes à l’humour souvent mi-noir.

Des courtes séquences présentent encore ici, dans un univers le plus souvent grisâtre, des hommes et des femmes souvent d’âge mur qui accomplissent des tâches, ont des rencontres et échangent des propos souvent anodins. Quelques personnages reviennent mais la plupart des événements décrits n’ont pas de contexte comme si le spectateur croisait ces quidams sur la rue ou dans les magasins et les remarquait à leurs allures ou actions.

Ainsi, la scène où une grand-mère tente à plusieurs reprises de prendre une photo parfaite de son petit-enfant a un lien ténu avec celle d’un homme qui, sous la pluie battante, dans un grand parc, attache le soulier défait de sa fille alors qu’ils vont à une fête d’enfant.

Une forme laconique soutenue par des musiques souvent en sourdine.

La plupart de ces séquences sont tournées dans son studio en perspective forcée magnifiée par la direction photo de Gergely Pálos. Des gares, des bars avec vue vers un extérieur de décembre enneigé, un marché public où se déroule une frappante discussion de couple deviennent les écrins dans lesquels évoluent ces êtres humains. Un prêtre perd la foi et a des cauchemars. La Seconde Guerre mondiale réapparaît comme dans la trilogie avec un Hitler décrépit dans son bunker et des prisonniers marchant dans le froid vers la Sibérie. De rares moments joyeux, telle une danse estivale de trois jeunes femmes, allègent ce chapelet de croquis dont certains ressemblent à des peintures animées. L’ensemble, aiguillé par une narration laconique, soutenu par des musiques souvent en sourdine, n’atteint malheureusement pas la profondeur de ses œuvres de la première décennie de ce millénaire.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Roy Andersson

Scénario
Roy Andersson

Direction photo
Gergaly Pálos

Montage
 Roy Andersson

Johan Carlsson
Kalle Boman

Musique
[ Morceaux divers ]

Genre(s)
Fable

Origine(s)
Suède / Allemagne
Norvège / France

Année : 2019 – Durée 1 h 16 min

Langue(s)
V.o. : danois / s.-t.a. ou s-t.f.

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Om det oändliga

Dist. [ Contact ] @
Eye Steel Film

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]