Respire

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 27 janvier 2023

SUCCINCTEMENT.
Fouad, jeune immigrant marocain de 15 ans, et Max, un Québécois de 27, vivent tous les deux des existences pleines de frustrations. Un destin les mènera l’un face à l’autre.

CRITIQUE.

★★★ ½

Exils

en

la

demeure

texte
Élie Castiel

Ce qui nous paraît le plus évident, c’est bien la mise en contexte de personnages issus de l’immigration, quasi absents de la fiction québécoise ou, tout au plus, dans la plupart des cas, cantonnés dans des rôles de figuration.

Dans la brochure distribuée aux gens des médias, le mot du réalisateur est d’autant plus direct qu’il renvoit à une réalité socio-anthropologique encore existante – « Lorsque ma famille a immigré au Québec, la transition a été brutale. J’ai connu l’exclusion sociale à cause de mes origines à un très jeune âge. Malgré ce que j’ai pu subir, je n’ai pas vécu une enfance malheureuse, bien au contraire, c’était rempli de richesse. Rien n’est complètement blanc ou noir. C’est pour cela qu’il m’était important de faire un film nuancé. Avec Respire, je ne pointe personne du doigt… »

La mise en scène souligne cette pensée selon laquelle les différences sont assujetties, plus souvent, à un dialogue de sourds, comme si se confondre à l’autre, le comprendre, l’écouter devenait un exercice périlleux et, politiquement surtout, intrusif et porteur de débordements.

Fouad, 15 ans (très versatile et charismatique Amédamine Ouerghi), et Max (excellent Frédéric Lemay, dont les quelques gros plans révèlent une gueule farouchement cinématogénique), ne se rencontreront concrètement, bien que dans un certain flou intentionnel dans la photo, qu’à une seule occasion, celle qui, au cours des prochaines minutes, conclut le film de façon fracassante, rompant avec une certaine quasi-neutralité ambiante, quoique piégée par la rage.

De l’indicible, le désir infranchissable de monter l’échelon social.

Effectivement, impartialité non dépourvue de critique sociale et géographique (quartiers de banlieue propice aux débordements, garage de réparation et commerce de fast-food d’une autre époque, bar de danseuses runné par un parvenu qui ne parle pas français. Des détails non dépourvus de signification qui, dans un sens, contextualise le propos.

Le père de Fouad perd son emploi, sa mère aussi. Dans leurs quêtes, ils font face au refus. Le père finira par trouver son « poste d’ingénieur » même si junior. Jusqu’à ce que… La réussite dans la terre d’accueil n’est pas dépourvue d’incongruités.

Quelques légères faiblesses, quelques erreurs de parcours non voulues, quelques intentions louables à la tragédie grecque, mais dans l’ensemble, Respire demeure une œuvre accomplie qui méritait haut la main le Prix du meilleur film québécois lors d’un récent festival de films montréalais.

Le titre du film n’est pas un simple Nom, au contraire, un ordre, une recommandation, un signe identitaire, un cri de la part du cinéaste, dont nous avions beaucoup aimé Là où Attila passe (2015), qui ne cesse de hurler de séquence en séquence dans ce récit aux couleurs atmosphériques sombres filmée par un Simon Lamarre-Ledoux possédé par son objectif louablement inquisiteur.

Racisme, intolérance, efforts pour se comprendre, vivre dans un contexte social inéquitablement partagé. Et pourtant, dans la réalisation, quelques moments d’une sensibilité – comme le repas en famille de Fouad avec ses parents – à fleur de peau. Un intrusion chez l’autre québécois qui fait défaut dans un cinéma fictionnel presque exclusivement protectionniste. Dans un sens, un film sur les exils urbains.

Quelques légères faiblesses, quelques erreurs de parcours non voulues, quelques intentions louables à la tragédie grecque, mais dans l’ensemble, Respire demeure une œuvre accomplie qui méritait haut la main le Prix du meilleur film québécois lors d’un récent festival de films montréalais.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Onur Karaman

Scénario
Onur Karamam
Direction photo
Simon Lamarre-Ledoux
Montage
Onur Karaman
Supervision musicale
Frédéric « Paco » Monnier

Onur Karaman,
Un travail de réconciliation.

Genre(s)
Drame social
Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2022 – Durée : 1 h 30 min
Langue(s)
V.o. : français, arabe; s.-t.f.

Respire

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique

Diffusion @
Cinéma Beaubien
 Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

 

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]