Rêves de jeunesse

PRIMEUR
Semaine 04
du Ven 24 au Jeu 30 jan 2020

SUCCINCTEMENT
Salomé décroche un job d’été dans la déchetterie d’un village. Sous, dans ce lieu hors du monde, son adolescence rebelle la rattrape.

CHOIX 
de la semaine

Élie Castiel

★★★★ 

Noble institution que l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Inutile de définir sa mission. Dire qu’il fut jadis un temps où les productions indépendantes sortaient dans le circuit régulier et faisaient, relativement, de bonnes recettes. La faute aujourd’hui : la puissance des écrans miniatures et un système américain avalant tout, lui-même victime de la désaffection des salles. Et aussi, Netflix.

Par ailleurs, force est de souligner la puissance évocatrice du nouveau film du Français Alain Raoust, la cinquantaine, qui signe ici un film moderne, étincelant, totalement au service du 7e art, de l’esthétique du plan qui prend parfois des allures de personnage. L’ACID l’a pris en compte pour le financer en partie.

De pierres et de ferrailles

Une jeunesse française d’aujourd’hui qui a sincèrement cru à l’effet-Macron et se retrouve sans buts, mais remplie de projets pour survivre. D’où le côté doux-amer de ces Rêves de jeunesse, titre magnifique qui porte en lui l’impossibilité des possibles, évanescence des liens, l’accablement du vide, la fugacité des amitiés passagères qui disparaissent d’un coup sans laisser de traces. Et toutes ces velléités qui ne dépassent pas la phase de désir.

Et pourtant, chez Raoust (des courts et entre autres, L’Été indien, inédit), un rapprochement des corps malgré la désillusion, la promesse d’un meilleur lieu, le calme malgré la tempête. Un nouveau monde qui s’impose mais là où les individus n’imposent pas nécessairement une meilleure façon de vivre. La débrouille.

Entre les ferrailles de la déchetterie et les pierres blessantes des lieux, un espace imaginé qui ne peut avoir pour nom que Promesse.

On se réjouit de revoir Jacques Bonnaffé, la mine triste et attendrissante. Mais surtout la présence de Salomé Richard (qui conserve dans le film son prénom), puissante, donnant à l’art d’interprétation une sorte de partage entre la tragédie quotidienne et le fracas de l’abandon. Et puis deux autres présences : Estelle Meyer, à la beauté classique des amazones guerrières, défendant son jeu jusqu’à retenir notre souffle; et puis Yoann Zimmer, un jeune comédien belge sur qui on peut d’ores et déjà compter. Entre les ferrailles de la déchetterie et les pierres blessantes des lieux, un espace imaginé qui ne peut avoir pour nom que Promesse.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Ven 24 jan 2020

Réalisation
Alain Raoust

Genre(s)
Drame
Origine(s)
France
Portugal
Année : 2019 – Durée : 1 h 35 min
Langue(s)
V.o. : français
Rêves de jeunesse

Dist. @
K-Films Amérique

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]