Roubaix, une lumière

PRIMEUR @ 10
Sortie
Ven 06 mars 2020

SUCCINCTEMENT
À Roubaix, un soir de Noël, Daoud le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, font face au meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées.

CRITIQUE

texte
Élie Castiel

★★★★

Effectivement, on constate un net changement narratif, à presque 360º, ou peut-être une pause avant un retour aux sources. Nul doute, film gigogne dans la mesure où Arnaud Desplechin, le plus sincèrement du monde, aborde un film de genre, le drame criminel, conservant néanmoins ses propres codes en matière d’esthétique et de continuité du récit. Et plus spécifiquement un film construit comme des poupées russes, où les propositions narratives s’emboîtent les unes dans les autres pour, finalement, suggérer une catharsis du formel et du récit digne des meilleurs films dramatiques et pourquoi pas, mythiques, car à bien observer, le réalisateur effleure également cette notion (univers intime, monde nocturne…) dans ce très bel exemple de film grand public merveilleusement construit.

Changement de cap

Ce constat se retrouve donc dans l’ossature du film qui part d’un crime perpétré contre une vieille dame d’un quartier populaire, vivant seule. Plusieurs suspects en fait, et à mesure que le récit avance entre petits pas et mouvements en accéléré, deux suspectes, deux voisines, deux amantes.

Et un enquêteur, Français d’origine maghrébine. Est-ce exprès de la part du cinéaste? Bien entendu, il y a là la complète assimilation d’un homme au mi-temps de l’âge qui a compris admirablement bien la mouvance hexagonale. Complète intégration et en plus magnifiquement réussie. Et parfois, avec toute la sincérité du monde, subtilement, sans trop faire de bruit, un rappel bienvenu de ses origines dans son comportement avec la fille d’un parent maghrébin – qu’il tient mordicus à protéger contre les multiples intempéries de la vie nocturne d’une ville tentaculaire. D’où un récit à multiples narrations : le meurtre, le couple de femmes, l’enquêteur et le peu qu’on apprend de sa vie privée.

… un film construit comme des poupées russes, où les propositions narratives s’emboîtent les unes dans les autres pour, finalement, suggérer une catharsis du formel et du récit digne des meilleurs films dramatiques et pourquoi pas, mythiques, car à bien observer, le réalisateur effleure également cette notion (univers intime, monde nocturne…) dans ce très bel exemple de film grand public merveilleusement construit.

Film circulaire donc. Et la caméra protectrice, présente, presque documentaire, d’Irina Lubtchansky – entre autres, Les fantômes d’Ismaël (2017) également de Desplechin, brossant chaque recoin de la ville avec autant d’enthousiasme et particulièrement d’attention.

Car jusqu’à un certain point, Roubaix, une lumière porte instinctivement un double titre symbolique (pour ne pas trop répéter métaphorique) : une lueur quant au dénouement inattendu du crime et la prise en charge d’un cinéaste de sa ville d’origine, et par défaut, miroir vibrant de son propre cinéma. Et peut-être aussi, un regard élaboré sur le documentaire de Mosco Boucault, Roubaix, commissariat central, affaires courantes, qu’il adapte ici en mode fiction.

Sur un autre ton, Sarah Forestier illumine l’écran par sa beauté perverse et pourtant tristement candide. Roschdy Zem confirme une fois de plus qu’il est l’un de meilleurs comédiens français de sa génération. Son récent César du meilleur acteur est amplement justifié.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE

Réalisation
Arnaud Desplechin

Genre(s)
Drame criminel

Origine(s)
France

Année : 2019 – Durée : 1 h 59 min

Langue(s)
V.o. : français

Roubaix, une lumière

Dist. @
Axia Films

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]