Sam

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Mercredi 28 juillet 2021

SUCCINCTEMENT.
Sam , un athlète de haut niveau de 22 ans, se retrouve au cœur d’un événement dramatique aux répercussions inattendues.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

         Deux courts métrages, Moi (2007) et Henry (2011). Il attend 2016 pour signer son premier long, 1:54 qui, sans être une véritable découverte, possède quand même une signature. En tant qu’acteur, beaucoup de télé ; au cinéma, il campe, entre autres, le rôle de Terry dans l’inédit au Québec, Stonewall (2015) de Roland Emmerich, celui de Jimmy dans La chute de l’empire américain (2018), de Denys Arcand et la même année incarne Fred dans La Bolduc, de François Bouvier. Si ces engagements devant la caméra lui confèrent une certain personnalité et qu’il se sent à l’aise lorsque dirigé par d’autres, tout de même des noms prestigieux, il n’en demeure pas moins que Yan England semble avoir une prédilection pour la réalisation, confirmé dans son film de long métrage précédent.

            Ce qui semble être, si l’on observe de près Sam, un drame sportif qui n’en ait pas vraiment un – c’est le seul indice qu’on vous donne –  lieu où les préceptes de l’interprétation nécessitent une base solide, une compréhension du scénario adéquate et sensible et surtout, conserver à tout moment un esprit de camaraderie dans l’équipe de tournage. En conférence de presse, ces codes cinématographiques, si on se fie aux propos des intervenants, ont été suivis à la lettre par toute l’équipe.

          Pour England, le cinéma c’est comme une seconde nature, ne jurant que par les liens qui unissent la caméra aux acteurs et actrices. En fait, le temps que dure le tournage, pour England, avant de penser aux prochain projet, le cinéma est une « première » nature, un choix de vie qui n’empêche pas les rapports (et liens) réels aux autres, dans la vraie vie.

Rêve étroitement suspendu

        Sam met en scène des personnages extraordinaires (comme c’est le cas particulièrement de Sam) que les circonstances placent dans des situations dépassant le quotidien. Le jeune homme n’a qu’un rêve : participer aux Jeux olympiques de Tokyo – discipline natation – et puis, le drame, lieu de toutes les remises en question, mais pour les scénaristes England et André Gulluni (ce dernier du très accompli Roche Papier Ciseaux (2013) coscénarisé avec le réalisateur, Yan Lanouette Turgeon) deux plumes collaboratrices qui n’ont font qu’une, la création d’une tension essentielle, des effets dramatiques qui font la force des fictions, quelque chose dans l’écriture qui a à voir avec le plaisir de susciter l’intérêt du spectateur et la motivation des protagonistes. Comme observé dans Sam, à partir d’une idée de drame sportif, on passe à un autre genre, le drame intime avec des éléments subtils du thriller existentiel.

            Ce changement dans le ton, England et Gulluni se l’approprient pour le situer dans une sphère narrative autre, un registre qui rompt en quelque sorte avec la première partie du film, sans bâcler la continuité, comme par un mouvement tout à fait naturel.

En fait, Sam, le film, participe à toutes ces fictions d’aujourd’hui où l’individu est « tout » en accord avec les codes sociaux actuels, notamment en Occident ; réussir à tout prix, atteindre son but quel que soit le prix à payer. Pour le meilleur ou pour le pire.

Pour réussir, voir tout droit devant soi.

            Et il y a un comédien et une comédienne totalement absorbés dans cette entreprise qui brille, justement par sa simplicité et voir même sa durée. Antoine Olivier Pilon dont le registre varie magiquement d’un film à l’autre. Lumineux, par exemple, dans Mommy (2014) de Xavier Dolan – ici, aussi présent, prenant le temps de raffiner son rôle de scène en scène. Une gueule, dans le sens le plus positif du terme, qu’on a envie de revoir de plus en plus.

           Et Mylène Mackay, inoubliable dans l’injustement peu accueilli Nelly (2016) d’Anne Émond – mieux dans Mafia Inc (2019) de Daniel Grou (a.k.a. Podz). Ici, une façon de se donner entièrement à un personnage ambigu, du moins  (la relation avec Sam, son frère) que le film n’aborde pas de front. Mais peut-être bien que je me trompe. Mackay signe ici une autre de ses brillantes prestations.

          Pour revenir à la durée : 90 minutes. On s’en réjouit puisque dépasser cette limite aurait entraîner une vision spectaculaire des choses. Encore une fois, les deux scénaristes limitent l’aspect narratif, proposant un drame intime qui aborde le thème de la rédemption dans un esprit humaniste propice à toutes les interprétations. Si le rêve de Sam est interrompu, ce n’est que partie remise. En fait, Sam, le film, participe à toutes ces fictions d’aujourd’hui où l’individu est « tout » en accord avec les codes sociaux actuels, notamment en Occident ; réussir à tout prix, atteindre son but quel que soit le prix à payer. Pour le meilleur ou pour le pire.

          Faut-il rappeler néanmoins que si le cinéma québécois excelle dans le documentaire, abordant les problèmes les plus divers, d’ici et de l’étranger, la fiction, elle, demeure, comme dans Sam, toujours aussi peuplée de personnages de souche, répondant sans doute à une préoccupation identitaire de plus en plus revendiquée. Sauf que la réalité contemporaine est tout autre.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Yan England

Scénario
Yan England

André Gulluni

Direction photo
Jérôme Sabourin

Montage
Benjamin Duffield

Directeur musical
Cult Nation

[ Raphael Reed ]

Yan England. Le plaisir de tourner.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2021 – Durée : 1 h 35 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
Sam

Dist. [ Contact ] @
Les Films Séville

Classement
Général

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]