Old

P R I M E U R
[ En salle ]

Sortie
Vendredi 23 juillet 2021

SUCCINCTEMENT.
Aux Caraïbes, une famille en vacances se retrouve dans une étendue de sable adossée à une falaise. Leur émerveillement est brusquement interrompu par une apparition qui va changer le cours de leur séjour.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

         Avec The Sixth Sense / Le sixième sens (1999) on découvrait un nouveau cinéaste, d’origine indienne de surcroît, chose importante à une époque où le cinéma occidental est dominé par la majorité blanche, ne donnant aucune possibilité, ou presque, aux autres, de s’exprimer par le biais des images en mouvement.

            Nous l’avons suivi depuis, mais son corpus n’a plus eu l’impact de ce troisième long métrage amorcé avec une fureur de tourner étonnante. Avec Old, au titre prémonitoire, il accède, faut-il le souligner, à des thèmes tournant autour de la notion du temps : la naissance, l’enfance, l’adolescence, la maturité… jusqu’à la finitude qu’on n’arrive jamais à comprendre… ou à accepter.

            Mais, faut-il également le rappeler, cette temporalité prend ici une tournure alambiquée, souvent frôlant la caricature, d’où une direction d’acteur et une interprétation où le chaotique et l’invraisemblable ont droit de cité. C’est d’autant plus évident que, par moments, le cinéaste peut trouver grâce à nos yeux. Est-ce parce qu’il est connu ou nous avons vu la plupart de ses films, pour ne pas dire tous ?

La très belle bande sonore de Trevor Gureckis (The Goldfinch / Le chardonneret, 2019) aborde cet engouement vers l’étrange, le non-dit, cette notion d’une temporalité arrêtée, d’un temps affecté, inquiétant, d’une finitude anticipée même si elle conduit vers les mêmes points de convergence. Comme un rappel sans doute de la folie insurmontable et de la fragilité incontournable de notre monde.

            Le suspense est efficace, le parcours vers l’inconnu, ce qu’on ne peut expliquer trouve écho dans notre conscient (et pourquoi pas, inconscient). On finit par y croire puisque nous croyons au pouvoir du cinéma qui est celui de nous conduire vers d’autres univers.

            Il faut avouer que la direction photo de l’Américain d’origine grecque Mike Gioulakis en est pour quelque chose. Comme c’est souvent le cas chez Shyamalan, la caméra capte de prêt les visages, leur profil, comme pour s’intégrer dans leurs pensées refoulées, leur  activité psychique. Comment alors expliquer ces phénomènes paranormaux ? Plutôt qu’adapter Château de sable, le célèbre roman graphique de Pierre-Oscar Lévy et Frederik Peeters, le réalisateur se l’approprie et s’en inspire pour concocter sa propre version cinématographique.

Les sinuosités convergentes de la temporalité

Gabriel García Bernal. Un rôle qui lui permet de s’auto-flageller
jusqu’à rendre le ridicule aussi poétique que désarmant.

            Il se donne un petit rôle dans le film, le chauffeur qui conduit les passagers vers cet endroit idyllique, source de tous les malheurs. Sa présence, brève, de surcroît, il la domine par un jeu variant entre la parodie dans l’art d’interprétation et son statut autoritaire de réalisateur qui peut tout se permettre.

            Impossible de ne pas dire quelques mots sur la présence de Gabriel García Bernal et Rufus Sewell. Stratégie de marketing qui leur permet de s’auto-flageller, improvisant parfois jusqu’à rendre le ridicule aussi poétique que désarmant.

            Shyamalan, a-t-il perdu son souffle ? En quelque sorte, peut-être que oui, mais force est de souligner que malgré tout, il conserve ce pouvoir qu’est donné à certain faiseurs d’images de réaliser leurs fantasmes. Et que plus que tout, de prendre conscience que le cinéma est une force de la nature où peuvent se concrétiser les rêves les plus fous.

            La très belle bande sonore de Trevor Gureckis (The Goldfinch / Le chardonneret, 2019) aborde cet engouement vers l’étrange, le non-dit, cette notion d’une temporalité arrêtée, d’un temps affecté, inquiétant, d’une finitude anticipée même si elle conduit vers les mêmes points de convergence. Comme un rappel sans doute de la folie insurmontable et de la fragilité incontournable de notre monde.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
M. Night Shyamalan

Scénario
M. Night Shyamalan

D’après le roman graphique Château de sable, de
Pierre-Oscar Lévy & Frederik Peeters

Direction photo
Mike Gioulakis

Montage
Brett M. Reed

Musique
Trevor Gureckis

Genre(s)
Suspense de science-fiction

Origine(s)
États-Unis

Année : 2021 – Durée : 1 h 49 min

Langue(s)
V.o. : anglais

Anormal

Dist. [ Contact ] @
Universal Pictures Canada

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s)
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]