Slaxx

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 11 septembre 2020

SUCCINCTEMENT
La veille de la mise en marché d’un modèle révolutionnaire de jeans, un pantalon de denim fait en Inde s’évertue à éliminer méthodiquement et cruellement le personnel de la compagnie.

CRITIQUE.

texte
Élie Castiel

★★★ 

Nul doute que Elza Kephart carbure aux images gores léchées, à un certain attrait esthétique si rigoureux, sans concessions, qu’il est même prêt jusqu’à sacrifier la narration, la sauvant in extremis par son côté camp hérité des fictions (et pourquoi pas, documentaires aussi) à la sauce LGBT. C’est bien ainsi puisque le résultat dans Slaxx – le titre même arbore le drapeau de la diversité, non pas par son aspect chromatique, mais au contraire essentiellement en raison de son contenu non-genré, et s’avère d’une étonnante énergie, affichant un je-m’en-foutisme hallucinant, bordéliquement pervers.

Elza Kephart, au départ des courts et, à ma connaissance, deux inédits de long métrage, Graveyard Alive: A Zombie Nurse in Love (2003) et Go in the Wilderness (2013). Elle est de Montréal, choisit de tourner en anglais et, encore une fois, c’est bien ainsi. La version québécoise (qu’on nous a présenté en projection de presse – et c’est bien dommage; on aurait voulu la v.o. en anglais, avec sous-titres français) est présentée en salle et une autre sous-titrée également.

La vengeance

                 du textile

À ce propos, celui de la version de presse, est-ce un coup publicitaire ou plutôt un exercice de nationalisme douteux? Ou nouvel effet de mode? Je n’irais pas plus loin. Toujours est-il que le film débute (en couleurs et écran cinémascope) de façon remarquable, dans un champ de coton, quelque part en Inde. Et puis, la scène clé qui va définir la suite du récit.

Rocambolesque, jouissivement démoniaque, cruel, le textile prend vie en quelque sorte et tire sa revanche sur les humains, ceux qui profitent de sa particularité pour habiller pour pas cher en chargeant cher les clients des pays aisés. Le tissu en question s’allie contre les bas instincts de toute ces compagnies qui investissent dans les pays asiatiques pour payer (beaucoup) moins des travailleurs, surtout des travailleuses, du coton.

Et une note importante pour le cinéma anglophone montréalais. Il n’attend plus qu’on l’invite. Il s’impose comme par magie. Il accélère le pas. Il tourne et laisse entendre sa voix et sa voie…

Et une surprise à la Bollywood qui fera plaisir aux adeptes (dont l’auteur de ces lignes), la réalisatrice jonglant avec un genre particulier qui s’annonce d’une lucide originalité. En termes d’interprétation, c’est l’extrême, au diapason de dialogues taillés sur mesure.

Et une note importante pour le cinéma anglophone montréalais. Il n’attend plus qu’on l’invite. Il s’impose comme par magie. Il accélère le pas. Il tourne et laisse entendre sa voix et sa voie; et contrairement à son confrère francophone, utilise des artisans de toutes le origines, y compris des Québécois de souche. Culturellement, en termes de cinéma, Montréal affiche, on l’espère, ses nouvelles couleurs.

Le constat politico-culturel est évident et nous ne pouvons que le louer. Intelligemment psychotronique.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Elza Kephart

Genre(s)
Comédie d’épouvante

Origine(s)
Canada [ Québec ]

Année : 2019 – Durée : 1 h 16 min

Langue(s)
V.o. : anglais ; s.-t.f. & Version française

Slaxx

Dist. @
Filmoption International

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence / Horreur ]

En salle(s) @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]