Lola vers la mer

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 11 septembre 2020

SUCCINCTEMENT
Un homme et sa fille tentent de briser les rapports houleux qui les séparent suite au décès de la mère.
COUP DE COEUR
|de la semaine.

CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]

texte
Élie Castiel

★★★★ 

Après l’inédit Even Lovers Get the Blues (2016), le Belge Laurent Micheli propose une autre variation sur les orientations sexuelles de la modernité, mais cette fois-ci en confrontant une en particulier à un « ancien régime » ayant rapport avec l’homme hétérosexuel blanc, en crise contre un nouvel ordre multiple en matière de sexualités. Il souffre après la mort de sa femme, mais ne peut se résoudre à accepter la transformation de son fils, devenu transgenre.

Certains éditorialistes étrangers que je ne citerai pas sont d’avis que le lobby LGBT vise à faire disparaître l’hétéro blanc des décennies précédentes. Paranoïa? Complexes avec sa propre sexualité? Une forme (in)directe d’homophobie? Toujours est-il que l’hétéro blanc sera toujours majoritaire, mais qu’il suffit qu’il soit plus ouvert d’esprit et accepte les différences.

Comme un radeau en perdition

       dans une mer agitée

Ce n’est pas le cas de Philippe, le père de Lola (extraordinaire Mya Bollaers dans un premier rôle magnifique à l’écran). Il la confronte. En fait, voudrait l’éviter. Mais à coup de rencontres avec la vie, avec la société, avec certains incidents de parcours, il finit par… Micheli préférant le happy-ending, non pas traditionnel, mais chargé de signification, plus que tout pour appuyer son propos. Sans débat politique, sans discours inutiles et répétitifs, sans grandes envolées gratuites. Au contraire, à coups de gestes du quotidien qui s’imposent de soi, de parties du dialogue qui pèsent par leur sobriété et leur signification.

Les sons aussi (beau travail de Arnaud Calvar et de ses comparses), car parfois les silences sont productifs et en disent long. La caméra discrète de Olivier Boonjing capte les corps à la dérive, des chairs lâchées en pâture contre des systèmes établis qui ont du mal à se transformer.

Comme l’avait fait le chilien Sebastián Lelio avec la transgenre magnifique Daniela Vega dans Une femme fantastique / Una mujer fantástica (2017), Laurent Micheli a eu raison de croire en Mya Bollaers, ancien garçon devenue fille dans la vraie vie; la notion nouvelle occidentale du non-genré se trouve ainsi exposée au grand public , épousant les sexualités actuelles et celles en devenir. La diversité ne peut que mieux se porter.

Désorientant pour certains, peur pour d’autres; en revanche, satisfaction pour une tranche oubliée et délaissée de la société.

Quoi qu’il en soit, Philippe se trouve dans un radeau qui semble prêt à échouer, sans attaches, sans repères. Mais les vagues finissent par se calmer, du moins en apparence.

Micheli a réalisé un film sur la tolérance, le refus de l’indifférence et, plus que tout, une critique sur l’engrenage d’une société patriarcale qui, de plus en plus, n’a plus son mot à dire : tout simplement parce que « son mot » est chargé de préjugés.

Le dernier plan, d’un symbolisme étrangement inhabituel, est d’une beauté magistrale. Il restera longtemps gravé dans notre mémoire.

Micheli a réalisé un film sur la tolérance, le refus de l’indifférence et, plus que tout, une critique sur l’engrenage d’une société patriarcale qui, de plus en plus, n’a plus son mot à dire : tout simplement parce que « son mot » est chargé de préjugés.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Laurent Melchi

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Belgique

Année : 2019 – Durée : 1 h 30 min

Langue(s)
V.o. : français, néerlandais ; s.-t.f.

Lola richting zee

Dist. @
Axia Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]