Sœurs : Rêve et variations

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 18 septembre 2020

SUCCINCTEMENT
Deux artistes montréalaises d’origine islandaise, Tyr et Jasa, ont su développer des pratiques qui puisent à la fois dans leur imaginaire coloré et leurs racines familiales.

CRITIQUE.

Texte.
Élie Castiel

★★★ ½

Recréer instinctivement

                      les mythes fondateurs

Sans doute séduite par l’exubérance et la créativité des sœurs Jasa Baka et Tyr Jami dans le court Floating Body (2012), la monteuse de presque une trentaine de productions (dont My Yiddish Papi, 2017) signe, avec Sœurs : Rêve et variations, un premier long métrage séduisant, sensuel comme cette contrée islandaise évoquant ces anciens refrains vikings et marins que les vieilles gens fredonnent encore comme si le temps s’était arrêté de battre.

Et pour les deux sœurs aux noms différents, un accord parfait, une harmonie qui respire par le souffle de l’art, de la mise en perspective d’un projet à la fois familial (personnel) et artistique.

Le documentaire classique se plie ici aux exigences d’une réalisatrice qui a bien retenu ses cours de production à Concordia. Elle puise ses images à partir d’une sophistication du plan, se permet de jongler un tant soit peu avec l’expérimental, s’amusant à juxtaposer toutes ces formes de dessins vivants en métaphore ou encore allégories.

La mère s’intègre finalement après un éloignement bien senti au jeu des deux femmes-adolescentes, chacune avec sa propre beauté radieuse, participe comme une élève disciplinée au projet et, derrière le masque d’une fausse froideur, nous fait sentir le poids sincère et la joie de revoir ses filles.

Entre le documentaire néo-classique et la fiction réduite à quelques scènes d’intimité familiale, dont certaine d’une bouleversante émotion – comme les chants de la grand-mère qui renvoient instinctivement à une tradition irlandaise et dans le même temps écossaise, comme si ces territoires ruraux partageaient avec l’Islande les mêmes traditions ancestrales, ce premier long métrage est une véritable caresse.

Entre le documentaire néo-classique et la fiction réduite à quelques scènes d’intimité familiale… ce premier long métrage est une véritable caresse.

Et puis un certain érotisme de bon goût dans les mouvements scéniques ou chorégraphiques, Jasa et Tyr privilégient leur enthousiasme pour le circassien, le burlesque aristocrate, le kitsch identitaire et se servent de ces modes inhabituels d’expression pour manifester leur propre quête identitaire. Recherche confidentielle qui s’achève avec un retentissant mais en même temps sourd son de cloche. Comme si la création artistique, avec ses limites, soumise à une mise en perspective des mythes fondateurs, était l’antidote idéal pour trouver son véritable chemin.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Catherine Legault

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Canada [ Québec ]

Année : 2019 – Durée : 1 h 26 min

Langue(s)
V.o. : islandais, anglais ; s.-t.f. ou s.-t.a.

Sisters: Dream & Variations

Dist. @
EyeSteelFilm

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Musée
Cinéma Moderne

Avis : Salle à horaire irrégulier ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]