After Yang

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 11 mars 2022

SUCCINCTEMENT.
Lorsque le grand ami de sa fille en bas âge, l’androïde Yang, tombe en panne, Jake tente de le réparer. Il découvre alors des pans de sa vie qui lui échappent.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Les temps

nouveaux

À priori, le film ennuie par sa lenteur indomptablement cérébrale, son univers, vu le sujet, intentionnellement désincarné. Entre l’Humain et le Robotisé, un rapport discipliné que Kogonada (plusieurs courts et des documentaires) nous impose, sans toutefois exercer de la pression, dans ce premier long métrage aux allures incertaines; par petites doses, cherchant à nous apprivoiser à cet étrange film de science-fiction qui, rare fois, s’intéresse aux rapports humains.

Kogonada opte largement pour le conceptuel, pour ces univers qu’on fabrique de toutes pièces, selon son imagination, dans son cas, fertile. Une beauté plastique qui se manifeste tout au long du film, du générique au plan final.

Il y a une mise en scène, à la fois linéaire, se permettant de temps en temps des verticalités que le cinéaste s’emploie à démystifier. Il s’agit bel et bien d’un film d’auteur et c’est dans un esprit de continuité au genre que le réalisateur ose s’aventurer tout de même, paradoxalement, dans la simplicité, dans la mise en situation qui se rapproche du cinéma narratif traditionnel, tendrement, courageusement, mais avec assez de prudence pour ne pas se laisser avoir par ce geste parfois gênant et dangereux.

Le miroir d’une identité éprouvée.

Les enjeux narratifs présentent des personnages où il est parfois difficile de s’y perdre. Mais nous cédons à la proposition de Kogonada. Mais c’est surtout le côté formel qui impressionne nos sens, notre esprit, notre notion du temps et de l’espace; justement, un espace transformé pour la (les) circonstance(s).

Yang a disparu. Il faut le retrouver. La petit Mika (très à l’aise Malea Emma Tjandrawidjaja) tient à lui puisqu’un rapport d’amour fraternel avec le robot s’est installé depuis toujours. Bien sûr, elle n’est pas vraiment la fille de ses parents, Jake (Colin Farrell, efficace dans son détachement) et l’afro-britannique Jodie Turner-Smith (intemporelle; on se souviendra de son merveilleux apport dans Queen & Slim, 2019). La petite est assez grande pour s’en rendre compte, mais on lui fait savoir « officiellement ».

C’est en même temps fascinant et effrayant. Et si Yang était le représentant de cette nouvelle race de ce qu’on peut baptiser de « techno-sapienne »  et que Kogonada semble rejeter pour, au contraire, proposer une réédification de notre humanité. Tristement mélancolique.

Qu’importe, le film parle d’un monde futuriste, sans doute pas si éloigné, ces lieux de vie où la réalité virtuelle remplace ce monde concret que nous connaissons, où ces endroits inventés vont remplacer l’appareil, mieux dit le système humain.

C’est en même temps fascinant et effrayant. Et si Yang était le représentant de cette nouvelle race de ce qu’on peut baptiser de « techno-sapienne »  et que Kogonada semble rejeter pour, au contraire, proposer une réédification de notre humanité. Tristement mélancolique.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Kogonada

Scénario
Kogonada

D’après la nouvelle « Saying Goodbye to Yang »,
tirée de Children of the New World,
d’Alexander Weinstein

Direction photo
Benjamin Loeb

Montage
Kagonada

Musique
ASKA
(Aska Matsumiya)

Kogonada.
Réaliser, un exercice salutaire.

Genre(s)
Drame de science-fiction

Origine(s)
États-Unis

Année : 2021 – Durée : 1 h 36 min

Langue(s)
V.o. : anglais
After Yang

Dist. [ Contact ] @
Entract Films

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Barbaque

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 11 mars 2022

SUCCINCTEMENT.
Un couple de bouchers, presque en faillite, trouve accidentellement une nouvelle source d’approvisionnements.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

À Melun, un boucher prépare avec une délicate attention un coupe de viande pour une cliente fidèle.

L’humoriste métis français Patrice Éboué, après ses prestations de monologuiste, s’est fait connaître en co-réalisant avec Thomas Ngijol, des longs métrages qui égratignaient la société française (Case Départ). Depuis, il fait cavalier seul et se lance ici dans une critique plus frontale avec cette comédie d’horreur. Le scénario du réalisateur et de son complice Vincent Solignac (Un village français) place tout d’abord le couple Pascal entre deux pôles. D’un côté, les végans radicaux qui attaquent leur commerce. De l’autre, leurs amis professionnels plutôt racistes qui sont propriétaires d’une boucherie industrielle qui sert donc aussi de la barbaque, cette viande de deuxième qualité. Un accident malencontreux donne une autre possibilité de réussite à Vincent et Sophie dont le commerce est près du dépôt de bilan.

Cochon

qui s’en dédit

Une sorte de dérive carnivore psychotronique.

Le récit avance lentement et sûrement dans le politiquement incorrect dans une montée d’hémoglobine. Des petits pas deviennent de plus en plus larges dans cette immersion dans le milieu végan qui en irritera plus d’un. Les mots d’esprit et les attaques verbales s’inscrivent dans une narration parodiant une émission de télé sur les tueurs en série d’ailleurs présentée dans le long métrage par son véritable animateur.

L’effet miroir court en arrière-plan tout au long de cette descente dans le crime où l’humour noir devient de plus en plus grand-guignolesque. L’épouse apparaît à plusieurs reprises comme la tête dirigeante et Marina Fois se meut dans ce costume avec délectation. L’ensemble de la distribution apporte au comédien Patrice Éboué de belles variations dans le jeu qui font de cet objet improbable un digne successeur francophone au Eating Raoul de Paul Bartel.

L’effet miroir court en arrière-plan tout au long de cette descente dans le crime où l’humour noir devient de plus en plus grand-guignolesque.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Fabrice Éboué

Scénario
Fabrice Éboué
Vincent Solignac

Direction photo
Thomas Brémond

Montage
Alice Plantin

Son
Seo Ji-heon

Musique
Guillaume Roussel

Fabrice Éboué.
L’œil intentionnellement ricaneur.

Genre(s)
Comédie noire

Origine(s)
France

Année : 2021 – Durée : 1 h 27 min

Langue(s)
V.o. : français
Barbaque

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Introduction

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 11 mars 2022

SUCCINCTEMENT.
Youngho cherche à se frayer un chemin entre son rêve de devenir acteur et les attentes de ses parents. Alors que sa petite amie part étudier à Berlin, il y voit l’occasion d’un nouveau départ.

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

En ce qui concerne l’auteur de ces lignes, ce n’est pas la découverte d’un nouveau film de Hong Sang-soo, mais celle d’un cinéaste qui, pour des raisons qu’on arrive mal à comprendre, lui a échappé, manquant pour ainsi dire le traie de génie d’un metteur en scène incontesté.

Le constat est donc premier, sensible à un film d’une beauté plastique indéniable. Mais au-delà de ces considérations purement formelles, Introduction est un film sur la durée, celle du temps, celle du plan, de la mise en scène. L’instant, cette durée fugitive, se passe comme par enchantement, comme si dans sa mise en images, le cinéaste sud-coréen parvenait à saisir tout ce qui anime le moment, tout ce qui demeure sensible à ses multiples transformations. Sans que les personnages, ici, sublimes, arrivent à y saisir les fondements. D’où ces séquences inoubliables à deux ou à quatre (celle au restaurant, une trouvaille extraordinaire de mise en scène).

Comme

un flottement

lié au temps

Plus que sud-coréen, Hong Sang-soo est un cinéaste universel. Ça ce voit dans le comportement des protagonistes, empreints d’une occidentalisation non pas mimétique, mais au contraire, nourrie par les préceptes de leur quotient intellectuel et plus que tout, par leur mainmise sur la modernité. Des moments où on essaie de remettre en question ou plutôt de sensibiliser le for intérieur à ce qui attire une personne à l’autre, un homme à une femme ou peu importe le genre. Le genre, justement n’est plus défini dans sa forme primaire, originelle, mais précisément dans une perspective de rapport au monde faisant abstraction des rapports de force.

Prendre possession de son être pour comprendre l’autre.

Introduction, au titre on ne peut plus psychanalytique, est un film aussi sur le souvenir, sur les manques qu’il inspire au présent, sur ceux qu’on imagine selon notre condition immédiate. Hong Sang-soo joue avec une maîtrise étonnante avec la temporalité. On comprend aisément qu’il s’est lui-même occupé non uniquement de la mise en scène, mais assure également la direction photo, le montage et la musique. Le son de Seo Ji-hoon favorise ce film où l’instinct, l’intuition, le non-dit sont les formes même de la dynamique comportementale.

L’utilisation du panoramique suscite chez le cinéaste quelque chose ayant rapport avec l’instant qui passe, avec les différentes enjambées des instigateurs, quelles soient rapides ou  nonchalantes. Chose curieuse, ils sont de leur époques, des jeunes adultes qui découvrent en quelque sorte les dérives de ce que signifie être ensemble.

C’est filmé en noir et blanc, un geste d’autant plus délicat qu’il situe le film dans des lieux aux formes nuancées. La séquence à la plage, véritable moment intime d’anthologie, frappe essentiellement par sa maîtrise à filmer la rigueur de ce qu’on appelle « la circonstance », un état de paralysie cérébrale qui prend vie comme par enchantement pour laisser la place au dialogue.

Un récit, oui, mais peu importe car pour Hong Sang-soo, la continuité narrative suit la logique ou son contraire des individus impliqués. Anecdote, déduction, bien encore, factum librement intellectuel qui impose au cinéma sa plus profonde diatribe à l’endroit d’un cinéma sclérosé dans son confort indifférent.

C’est filmé en noir et blanc, un geste d’autant plus délicat qu’il situe le film dans des lieux aux formes nuancées. La séquence à la plage, véritable moment intime d’anthologie, frappe essentiellement par sa maîtrise à filmer la rigueur de ce qu’on appelle « la circonstance », un état de paralysie cérébrale qui prend vie comme par enchantement pour laisser la place au dialogue.

La morale du plan, magistralement prononcée, n’a jamais été aussi physique, s’inscrivant dans une école de pensée totalement investie par l’art qu’elle professe.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Hong Sang-soo

Scénario
Hong Sang-soo

Direction photo
Hong Sang-soo

Montage
Hong Sang-soo

Musique
Hong Sang-soo

Hong Sang-soo.
L’homme à tout faire.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Corée du Sud

Année : 2021 – Durée : 1 h 06 min

Langue(s)
V.o. : coréen; s.-t.f.

Inteurodeoksyon
Sogae

Dist. [ Contact ] @
[ The Cinema Guild ]

Classement
En attente

Diffusion @
Cinémathèque québécoise

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 2 3