Introduction

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 11 mars 2022

SUCCINCTEMENT.
Youngho cherche à se frayer un chemin entre son rêve de devenir acteur et les attentes de ses parents. Alors que sa petite amie part étudier à Berlin, il y voit l’occasion d’un nouveau départ.

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

En ce qui concerne l’auteur de ces lignes, ce n’est pas la découverte d’un nouveau film de Hong Sang-soo, mais celle d’un cinéaste qui, pour des raisons qu’on arrive mal à comprendre, lui a échappé, manquant pour ainsi dire le traie de génie d’un metteur en scène incontesté.

Le constat est donc premier, sensible à un film d’une beauté plastique indéniable. Mais au-delà de ces considérations purement formelles, Introduction est un film sur la durée, celle du temps, celle du plan, de la mise en scène. L’instant, cette durée fugitive, se passe comme par enchantement, comme si dans sa mise en images, le cinéaste sud-coréen parvenait à saisir tout ce qui anime le moment, tout ce qui demeure sensible à ses multiples transformations. Sans que les personnages, ici, sublimes, arrivent à y saisir les fondements. D’où ces séquences inoubliables à deux ou à quatre (celle au restaurant, une trouvaille extraordinaire de mise en scène).

Comme

un flottement

lié au temps

Plus que sud-coréen, Hong Sang-soo est un cinéaste universel. Ça ce voit dans le comportement des protagonistes, empreints d’une occidentalisation non pas mimétique, mais au contraire, nourrie par les préceptes de leur quotient intellectuel et plus que tout, par leur mainmise sur la modernité. Des moments où on essaie de remettre en question ou plutôt de sensibiliser le for intérieur à ce qui attire une personne à l’autre, un homme à une femme ou peu importe le genre. Le genre, justement n’est plus défini dans sa forme primaire, originelle, mais précisément dans une perspective de rapport au monde faisant abstraction des rapports de force.

Prendre possession de son être pour comprendre l’autre.

Introduction, au titre on ne peut plus psychanalytique, est un film aussi sur le souvenir, sur les manques qu’il inspire au présent, sur ceux qu’on imagine selon notre condition immédiate. Hong Sang-soo joue avec une maîtrise étonnante avec la temporalité. On comprend aisément qu’il s’est lui-même occupé non uniquement de la mise en scène, mais assure également la direction photo, le montage et la musique. Le son de Seo Ji-hoon favorise ce film où l’instinct, l’intuition, le non-dit sont les formes même de la dynamique comportementale.

L’utilisation du panoramique suscite chez le cinéaste quelque chose ayant rapport avec l’instant qui passe, avec les différentes enjambées des instigateurs, quelles soient rapides ou  nonchalantes. Chose curieuse, ils sont de leur époques, des jeunes adultes qui découvrent en quelque sorte les dérives de ce que signifie être ensemble.

C’est filmé en noir et blanc, un geste d’autant plus délicat qu’il situe le film dans des lieux aux formes nuancées. La séquence à la plage, véritable moment intime d’anthologie, frappe essentiellement par sa maîtrise à filmer la rigueur de ce qu’on appelle « la circonstance », un état de paralysie cérébrale qui prend vie comme par enchantement pour laisser la place au dialogue.

Un récit, oui, mais peu importe car pour Hong Sang-soo, la continuité narrative suit la logique ou son contraire des individus impliqués. Anecdote, déduction, bien encore, factum librement intellectuel qui impose au cinéma sa plus profonde diatribe à l’endroit d’un cinéma sclérosé dans son confort indifférent.

C’est filmé en noir et blanc, un geste d’autant plus délicat qu’il situe le film dans des lieux aux formes nuancées. La séquence à la plage, véritable moment intime d’anthologie, frappe essentiellement par sa maîtrise à filmer la rigueur de ce qu’on appelle « la circonstance », un état de paralysie cérébrale qui prend vie comme par enchantement pour laisser la place au dialogue.

La morale du plan, magistralement prononcée, n’a jamais été aussi physique, s’inscrivant dans une école de pensée totalement investie par l’art qu’elle professe.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Hong Sang-soo

Scénario
Hong Sang-soo

Direction photo
Hong Sang-soo

Montage
Hong Sang-soo

Musique
Hong Sang-soo

Hong Sang-soo.
L’homme à tout faire.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Corée du Sud

Année : 2021 – Durée : 1 h 06 min

Langue(s)
V.o. : coréen; s.-t.f.

Inteurodeoksyon
Sogae

Dist. [ Contact ] @
[ The Cinema Guild ]

Classement
En attente

Diffusion @
Cinémathèque québécoise

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]