Le consentement

 PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 23 février 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Paris, 1985. Vanessa a 13 ans lorsqu’elle rencontre Gabriel Matzneff, écrivain quinquagénaire de renom. La jeune adolescente devient l’amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Elle se perd cependant dans cette relation.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

La jeune fille

et le prédateur

Faut-il s’attendre à ce que les répercussions du #MeeToo qui, soit dit en passant, continue parfois à faire les manchettes, créent l’évènement, la curiosité maladive de notre pensée, il faut bien l’admettre et, pourquoi pas, attirent les cinéastes, particulièrement celles de la gente féminine?

Question appropriée si on constate qu’une partie des Hommes, en particulier les hétérosexuels, conservent encore, bien que discrètement, cette nostalgie d’une ancienne époque, pas si éloignée où leur idée de la sexualité masculine était ce qu’elle a été pendant des siècles.

Le film de Vanessa Filho ne rate pas l’occasion d’une approche sociale plus que cinématographique dans Le consentement, titre on ne peut plus catégorique, allant droit au but. Elle évite pourtant le déclaratoire, l’exagération, les scènes controversées se passant avec un consensus presque délibéré, des moments gênants même pour le plus ouvert des spectateurs.

Entre le geste interdit et le consentement estropié.

En raison, bien entendu, d’un Jean-Paul Rouve excellent dans la peau d’un pédéraste, Gabriel Matzneff, aussi attiré par les jeunes garçons que par les jeunes filles. Il en découle en quelque sorte une relation pédophilique et, théoriquement, incestueuse qui ne respecte en aucun cas les lois de la morale. Et pourtant, Vanessa – impériale Kim Higelin, plus femme qu’adolescente, dont on comprend mal la réaction de sa mère (impeccable Laetitia Casta) dans toute cette affaire. Nous sommes quand même au milieu des années 80 du siècle dernier. Une turbulence dans les choses de la sexualité, dans l’acceptation de tous les penchants, époque moins pernicieuse que celle d’aujourd’hui.
Une époque, faut-il l’avouer, d’un laxisme exacerbé.

Toutes les explications philosophiques sont expliqués par Matzneff à sa femme-enfant qui, elle, réagit selon les lois de l’amour, de l’affection, de l’attirance, une sorte de paradis artificiel de la sexualité que l’adulte ne partage pas et fait semblant de le partager. Des disputes comme un couple « régulier » s’ensuivent et la suite, on connaît si on a suivi cette affaire. Beau moment d’archive lorsque notre Denise Bombardier nationale, récemment décédée, n’y va pas de main morte face au vrai Matzneff dans une émission télévisée.

Et s’il s’agissait, en fin de compte, d’un processus d’apprentissage, certes féroce et bien condamnable, à la sexualité? Toutes les poses de la gestation sexuelle sont permises et vécues et durent le temps de susciter davantage le regard du spectateur. Un film grave, mais pas désespéré.

Mais ce qui fascine dans la réalisation, c’est bel et bien que Le consentement est en déséquilibre constant; de la réalisation d’une liaison interdite, la voie est ouverte à l’abandon. D’où ce rapport de force entre les sens qui envahissent notre esprit et la morale qui veille sur notre comportement.

Tout en soulignant l’âge mineur de la « consentie », se soumettre au jeu de l’interdit, soulevant des questions d’éthique et les ignorant. Puis, en fin de compte, réalisant que…

Et s’il s’agissait, en fin de compte, d’un processus d’apprentissage, certes féroce et bien condamnable, à la sexualité? Toutes les poses de la gestation sexuelle sont permises et vécues et durent le temps de susciter davantage le regard du spectateur. Un film grave, mais pas désespéré.

Ici, Le consentement est recommandé aux plus de 13 ans, alors qu’il aurait dû être « interdit aux moins de 16 ans ». Mais bon, au Québec…

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Vanessa Filho

Scénario
Vanessa Filho. Tiré du roman
éponyme de Vanessa Springora
Direction photo
Guillaume Schiffman

Montage
Marion Monestier, Sophie Reine
Musique
Olivier Coursier, Audrey Ismael

Vanessa Filho

Genre(s)
Drame de mœurs
Origine(s)
Belgique / France
Année : 2023 – Durée : 1 h 58 min
Langue(s)
V.o. : français

Le consentement

Dist. [ Contact ] @
Axia Films
[ SND Films ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Lucy Grizzli Sophie

 PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 23 février 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Rencontre de trois types à la campagne.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

 

Au bout de la route

 

Dans un dépanneur sur une route vallonnée, une nouvelle cliente s’aperçoit du manège de deux adolescents et le signale à la caissière. Une courte confrontation s’en suit.

Une quarantenaire, après une nuit avinée et à la suite d’un long périple, se retrouve sur une route secondaire. Elle remarque une affiche pour un gîte du passant et s’y présente et obtient une chambre dans cette grande maison. Une dame âgée et son neveu Martin y demeurent. Le séjour de Sophie se prolonge et des interactions se précisent. Martin a perdu son emploi et réside chez Louise. Il montre un certain talent pour la cuisine. 

Une tentative de dialogue.

Le scénario de Catherine-Anne Toupin, d’après sa pièce La Meute, inscrit ses personnages dans un paysage montagneux dans lequel les perspectives changent comme les représentations de ces êtres qui se dévoilent peu à peu ou soudainement.  La mise en scène d’Anne Émond (Nuit #1) organise des types de plans différents entre les flashbacks et les séquences dans la région forestière. La cinématographie en cinémascope d’Olivier Gossot, par ses angles quelquefois biscornus, participe à la montée du suspense dont les retours en arrière ont déjà établi certaines bases.

Par ce prenant drame psychologique sis au bout d’une route, l’autrice et la cinéaste remettent en évidence les liens qui nous unissent par le biais de l’Internet et des réseaux sociaux et de la responsabilité personnelle qui s’y rattache nécessairement.

Les trois acteurs principaux portent en eux la connaissance intime du texte qu’ils ont joué sur scène et lui rajoutent une épaisseur étonnante spécialement dans la scène nocturne au bord du lac. Catherine-Anne Toupin et Guillaume Cyr apportent une vulnérable dignité à leurs personnages. Par ce prenant drame psychologique sis au bout d’une route, l’autrice et la cinéaste remettent en évidence les liens qui nous unissent par le biais de l’Internet et des réseaux sociaux et de la responsabilité personnelle qui s’y rattache nécessairement.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Anne Émond

Scénario
Catherine-Anne Toupin
Direction photo
Olivier Gossot

Montage
Richard Comeau, François Jaros
Musique
Martin Léon

Anne Émond

Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2023 – Durée : 1 h 29 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Lucy Grizzli Sophie

Dist. [ Contact ] @
Sphère Films
[ KO24 ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Peasants

PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 23 février 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Au XIXe siècle, dans un village polonais en ébullition, la jeune Jagna, promise à un riche propriétaire terrien, se révolte. Elle prend son destin en main, rejette les traditions et bouleverse l’ordre établi.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

Celle par qui le

scandale arrive

 

Dans la première version polonaise muette de 1922, signée Eugeniusz Modzelewsky, le romancier Władysław Reymont, prix Nobel de littérature, coscénarise le film avec Adam Zagóorski. Apparemment, il n’existe aucune copie de ce film. Mais quelques autres versions suivront.

Dans la présente édition, le film est tourné en images réelles et par la suite traité selon la technique de la rotoscopie par une équipe de pas moins de 150 artistes qui ont produit une œuvre incandescente, magique, tenant de cette distance, ici quasi inexistante, entre le réel filmé et l’image animée.

On se demande ce que les auteurs ont sacrifié du roman de Reymont, une brique de plus de 1 000 pages; reste cependant une histoire d’amour, de trahison, d’adultère, de convoitise, de jalousie, d’un petit village quelque part dans la Pologne de cette fin du 19e siècle.

Par moments, la rotoscopie semble s’échapper tant le réalisme traditionnel est si percutant; et soudain, comme par un souci de transposition technique, cette technique reprend ses droits, illustrant avec une constance sans cesse nourrie d’imagination les préceptes de ce récit d’un autre âge.

D’aucuns ont taxé le film de misogyne. Accusation gratuite lorsqu’on ne contextualise pas le propos. À l’âge présent des post-#MeeToo, la femme a revendiqué la parole et dans le contexte du film, Jagna (magnifique et sensuelle Kamila Urzedowska qui oscille entre une libération du corps et un discours féministe sur la séduction) a délibérément choisi de contrôler son destin et ses liaisons amoureuses. La suite ou plutôt « les » suites, c’est à vous de les découvrir.

Une liaison doublement adultère.

Mais encore plus important, l’activité sociale perpétuelle du village où tous se connaissent et chacun/chacune sait tout de l’autre, aucune vie privée, des mensonges, oui, des commérages, plusieurs. Des gestes et des paroles hypocrites. Des hommes, certains mariés, d’autres pas, amoureux de la même Jagna, celle par qui les scandales arrivent. Et un machisme viril aussi violent que, pour l’époque, engageant.

Belle partition musicale, ici, de Lukasz Rostkowski, des danses endiablées, et un montage sonore qui déploie tous les mouvements de la Nature et de la  vie. Les deux cinéastes ont surtout tranché sur la description du romancier quant au remuement d’une nature aussi sauvage que provisoirement maîtrisée.

Les Welchman filment des scènes d’intimité où la splendeur de l’animation s’attache à immortaliser le moment, à l’encadrer de touches chromatiques où le brun de la terre et les autres couleurs de l’environnement resplendissent ou se taisent.

Ce n’est pas la première  fois que le système de la rotoscopie est utilisé au cinéma. Cette technique de l’image animée dans les prises de vue réelles, comme si les deux se vautraient à ne faire qu’un était le point central de Téhéran tabou / Tehran taboo, de l’Iranien, Ali Soozandeh, bien sûr tourné en dehors du pays pour les raisons que l’on connaît. Rien de nouveau donc à l’horizon.

Belle partition musicale, ici, de Lukasz Rostkowski, des danses endiablées, et un montage sonore qui déploie tous les mouvements de la Nature et de la  vie. Les deux cinéastes ont surtout tranché sur la description du romancier quant au remuement d’une nature aussi sauvage que provisoirement maîtrisée.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

DK Welchman
Hugh Welchman

Scénario
DK Welchman, Hugh Welchman. D’après le roman
éponyme de Wadislaw Stanislaw Reymont
Direction photo
Radosław Ładczuk

Kamil Polak
Szymon Kuriata
Montage
DK Welchman, Patrycja Piróg
Miki Węcel
Musique
Łukasz Rostkowski

Hugh Welchman & DK Welchman

Genre(s)
Drame / Animation
Origine(s)
Pologne / Serbie / Lituanie
Année : 2023 – Durée : 1 h 55 min
Langue(s)
V.o. : polonais; s.-t.a.

Chłopi

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films
[ Mongrel Media ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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