The Card Counter

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 10 septembre 2021

SUCCINCTEMENT.
Un joueur de cartes doit faire face à ses démons.

| Le Film
de la semaine.

| CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

Noir, blanc et rouge

            Un homme d’une trentaine d’années prend une chambre dans un motel américain anonyme. Aussitôt arrivé dans ce logis, il entreprend d’en couvrir les divers éléments avec des draps blancs bien arrimés.

William Tell, puisque c’est ainsi qu’il se nomme, est un joueur dans les casinos qui évite d’attirer l’attention sur lui et qui, pour gagner, s’astreint à compter les cartes déjà jouées et donc leurs valeurs. Il est habillé élégamment de vêtements à dominante noire, uniforme de travail qui contraste donc avec son repaire blanc dont il change très souvent. L’homme solitaire, plus ou moins en marge de la société, est une des sources d’intérêt de Paul Schrader depuis son coup de semonce comme scénariste (Taxi Driver de Martin Scorsese) et les dilemmes moraux hantent l’œuvre de ce cinéaste depuis son essai sur Transcendental Style in Film dans lequel il rendait hommage à ses maîtres Bresson, Ozu et Dreyer.

En avant-plan, William Tell, un homme solitaire en marge de la société.

La caméra d’Alexander Dynan suit de près William dans ses pérégrinations auxquelles une voix off rajoute des considérations notées dans de petits carnets. Un rapport au passé proche et plus lointain s’installe ainsi que renforce la rencontre de Cirk, jeune homme qui veut venger son père des affronts que la justice américaine n’a fait subir qu’aux sous-fifres.

Les échanges entre Cirk et William se construisent à tâtons avant que le mentor s’affirme en William. Des séquences en fisheye attirent le spectateur dans les prisons d’Abu Ghraib dont William était un des tortionnaires sous les ordres d’un commandant plus sadique.  Le scénario du réalisateur Paul Schrader passe ainsi naturellement des casinos où le hasard est un élément constitutif des choix à ces lieux dans lesquels une propension à la violence est cultivée et dont l’auteur démêle rapidement les fondements.

Même s’il ne contient pas la force narrative de First Reformed, ce long métrage apporte une autre pierre majeure dans l’édifice artistique de ce cinéaste impétueusement moraliste.

La dense prestation d’Oscar Isaac, qui livre petit à petit des aspects de la personnalité de William, permet à Schrader de négocier plus aisément les changements de ton. Tiffany Haddish, parfaite dans le rôle d’une ancienne amie de William et Tye Sheridan, un peu effacé dans celui de Cirk, incarnent les deux embranchements d’un choix de vie qui se terminera par un plan éminemment bressonien.  Même s’il ne contient pas la force narrative de First Reformed, ce long métrage apporte une autre pierre majeure dans l’édifice artistique de ce cinéaste impétueusement moraliste.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Paul Schrader

Scénario
Paul Schrader

Direction photo
Alexander Dynan

Montage
Benjamin Rodriguez

Musique
Robert Levon Been

Giancarlo Vulcano

Paul Schrader, entre l’homme à la caméra et Oscar Isaac.

Genre(s)
Drame / Suspense

Origine(s)
États-Unis
Chine
Grande-Bretagne

Année : 2021 – Durée : 1 h 52 min

Langue(s)
V.o. : anglais
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Dist. [ Contact ]
V V S

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

En salle(s) @
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]