The Surrogate

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Vendredi 19 juin 2020

SYNOPSIS SUCCINCT
Une jeune conceptrice de sites internet de Brooklyn est extasiée à l’idée d’être la mère porteuse pour un ami gai, en couple avec un brillant avocat. Mais lors d’un examen médical…

CRITIQUE
[ Inédit en salle à Montréal ]

texte
Élie Castiel

★★★★

Ce premier long métrage rigoureusement abouti aborde avec subtilité, maturité et un ton non partisan, qu’il s’agisse d’un côté ou de l’autre, le sujet des « mères porteuses » pour les couples gais, en l’occurrence, ici, un ami de la femme en question, Jess, très fière à l’idée de concevoir un enfant pour Josh, un ami en couple avec son conjoint, Aaron, célèbre avocat new-yorkais.

Il n’est pas surprenant que le film se situe dans un milieu bourgeois, accueillant pour une bonne part des intellectuels et des cadres ayant réussi et ou, par définition, les classes sociales n’ont absolument aucune importance. Comme dans un petit îlot bien protégé, loin du reste de la grande ville où les problèmes sociaux sont, en connaissance de cause, plus aigus.

La question est de savoir qu’elle est la prise de position du réalisateur sur le sujet. Le phénomène des mères porteuses, qu’on le veuille ou pas, pose des questions d’éthique aussi reliées à la société qu’à la science. Avoir un enfant? Acheter un enfant? Sans compter sur les sujets que cela comporte en matière de parenté et de prise de soins de l’enfant à naître.

La quête éthique

         de la parentalité

Une des questions fondamentales que pose Hersh et de savoir si la problématique de l’infertilité doit s’accorder aux couples composés de deux hommes ou le maintenir uniquement comme bastion de l’hétérosexualité. Ces débats de sociétés durent depuis la légalisation des diverses orientations sexuelles dans la grande partie des pays occidentaux, divisant les points de vue pour des raisons de foi, de croyances et de droits démocratiques.

La force du film de Jeremy Hersh est de nier toutes ces  conventions qui le plus souvent divisent et soulèvent le problème de façon émotive; désir de devenir parents qu’elle que soit notre orientation sexuelle. Instrumentalisation des femmes? Considérer l’enfant à voir le jour comme de la simple marchandise? Même si non abordés clairement, ces questionnements sont évoqués dans notre conscient.

La particularité du film est de constater que le brillant cinéaste évite tous ces clichés, pourtant fondamentaux, pour présenter des personnages qui, malgré les apparences, ne sont que des humains et que nonobstant leurs cultures, leur intelligence et leurs classes sociales, n’agissent que selon leurs convictions, héritées peut-être ou formées à partir de leur expérience de vie.

The Surrogate est l’une des plus belles propositions du cinéma indie des dernières années. Petit budget, lieux choisis avec exactitude, espaces appropriés au sujet abordé, tournage entre amis ou connaissances et, plus que tout; comme on dit dans la langue de nos voisins, « a labor of love ». Avant toute chose, un scénario qui brille par un sens curieux de certains enjeux sociaux très actuels.

Jess (la magnifique Jasmine Batchelor illumine l’écran pas sa véracité à camper une femme prise dans un labyrinthe décisionnel captivant) est une femme moderne dans tous les sens du terme. Mais lorsque vient le temps de prendre une décision importante, elle… montrant jusqu’à quel point, nous nous ressemblons tous. La question de la « maternité de substitution » est prise pour compte naturellement, sans complications. Jusqu’à ce que…

Cet écueil est la base centrale du film, plus porté, et à juste titre, sur le personnage de Jess, celui par qui la catharsis finale brille par sa limpidité. C’est bouleversant, triste, mélancolique. Comme si l’eau de ce petit ruisseau allait la lavait de ses péchés ou faux pas. Pas de bande sonore dans The Surrogate. C’est volontaire, car ici, le bruit est celui des échanges, des gestes, des prises de position, du débat d’idées et, indiciblement, des atmosphères des différents lieux. La monteuse Cecilia Delgado fait un travail de rassemblement d’images dont l’économie suscite l’admiration. Aucune scène inutile, aucun moment perdu dans des situations anecdotiques. L’avant-dernier plan parle peu, mais en dit davantage. Par son soin apporté à l’image, Mia Cioffi Henry est responsable, prise par une volonté de témoigner d’un moment extradiégétique remarquable dont le fondu au noir ne peut se voir que comme un hommage tout court au cinéma.

The Surrogate est l’une des plus belles propositions du cinéma indie des dernières années. Petit budget, lieux choisis avec exactitude, espaces appropriés au sujet abordé, tournage entre amis ou connaissances et, plus que tout; comme on dit dans la langue de nos voisins, « a labor of love ». Avant toute chose, un scénario qui brille par un sens curieux de certains enjeux sociaux très actuels.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jeremy Hersh

Genre(s)
Drame

Origine(s)
États-Unis

Année : 2020 – Durée : 1 h 33 min

Langue(s)
V.o. : anglais
The Surrogate

Dist. @
[ Monument Releasing (États-Unis) /
En collaboration avec le Cinéma du Parc ]

Classement suggéré
Tous publics

Diffusion en ligne @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.

★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]