Tommaso

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Vendredi 12 juin 2020

SUCCINCTEMENT
Un artiste américain résidant à Rome avec sa jeune épouse, une Européenne, et leur jeune fille de trois ans, font face à des problèmes de couple.

INÉDIT
EN SALLE À MONTRÉAL

texte
Élie Castiel

★★★ ½ 

Pour une raison qui nous échappe, on pense à Barfly (1987) de Barbet Schroeder, à partir du vécu de Charles Bukowski, le poète aussi célèbre que controversé. Est-ce peut-être pour le côté bohème de Tommaso (artiste, scénariste, metteur en scène), campé par un Willem Dafoe totalement séduit par la quête existentielle de cet anti-héros américain installé en Italie? Ceci nous échappe. Tant mieux!

Abel Ferrara est le cinéaste d’une œuvre iconoclaste, une filmographie quasi maudite, persécutée par une certaine critique bien-pensante. Il fait partie de ces rares faiseurs d’images qui, loin de s’assimiler aux effets de modes, persistent et signent selon leur vision du cinéma. Cette persévérance ne peut être que plus attrayante, puisque curieuse, singulière, n’appartenant à aucune chapelle.

Introspection

Parler de mise en scène dans le cadre de Tommaso, c’est parier avec le diable, car ici, tous les codes sont déconstruits pour documenter en réel la fiction. Et soudain, pris par cette volonté, ou compromis inavoué, de retour aux conventions présentes de la narration, Ferrara crée des situations subliminales, soigneusement mises en scène (notamment dans les scènes du groupe des « anonymes »).

Et au-delà de cet anti-récit existentiel, il s’agit d’une histoire d’amour, sans doute personnelle, vécue en quelque sorte par Ferrara. Nous préférons ne pas nous aventurer. Une fable urbaine sur l’affect qui questionne  le passage du temps chez l’homme d’aujourd’hui, le citadin, l’intellectuel, celui qui ne peut vivre seul, amoureux d’une femme plus jeune et tiraillé par des problèmes de coexistence (jalousie, possession et tous les affres d’une relation). Depuis ses débuts – entre autres, le très abouti Ms .45 (1981) et l’excellent Bad Lieutenant (1992), le cinéaste varie les genres avec une touche de provocation séduisante et d’abandon prémédité.

… un récit indicible sur l’absence de plénitude, sur l’inachèvement et, finalement, sur la résilience face au temps qui passe. Ferrara ne résiste pas à l’extase du drame passionnel…

Dans un sens, Tommaso est un film presque christique (magnifique plan de crucifixion qui évoque le Christ scorsesien), le personnage principal ayant parcouru auparavant pun chemin de croix à travers la ville, les coins visités, les rencontres aussi banales que métaphoriques. Son envie aussi de renouer avec les plaisirs furtifs de la chair. En fait, Tommaso est un film farouchement hétérosexuel, situant l’homme dans un univers où la femme vit finalement sa vie, l’assume à sa façon et mine de rien, ne doit des comptes à personne. Pour l’homme, le constat peut être terrifiant.

C’est aussi un récit indicible sur l’absence de plénitude, sur l’inachèvement et, finalement, sur la résilience face au temps qui passe. Ferrara ne résiste pas à l’extase du drame passionnel. Ce moment est filmé cliniquement, le plan ne durant que quelques secondes, plaçant les comédiens dans un espace d’improvisation qui se rapporte à un quelque chose qu’on appelle simplement : cinéma. Voilà, c’est tout.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Abel Ferrara

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Italie / Grande-Bretagne
États-Unis / Grèce

Année : 2019 – Durée : 1 h 55 min

Langue(s)
V.o. : anglais, italien, russe; s.-t.a.
Tommaso

Dist. @
[ Kino Lorber / En collaboration avec le
Cinéma du Parc ]

Classement
Non classé

Diffusion virtuelle @
Cinéma du Parc
[ CINÉMA EN LIGNE ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.

★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]