Bert I. Gordon.
1922-2023

Bert I. Gordon

 

HOMMAGE
[ Je vous salue]

texte
Pascal GRENIER

 

AU REVOIR,

MR. B.I.G.

 

Centenaire depuis septembre dernier, Bert I. Gordon vient de s’éteindre le 8 mars dernier. Surnommé « Mr. B.I.G. » par l’écrivain et producteur de cinéma Forrest J. Ackerman dans les années 1960, Bert est un artisan qui fait un peu chambre à part dans le domaine du cinéma de la série B.

Au fil d’une carrière qui a débuté dans les années 1950 et qui s’est échelonnée sur plusieurs décennies, il se démarque de ses comparses, investissant une partie de son temps à superviser les effets spéciaux en plus de la réalisation de ses 24 films (y compris deux téléfilms).

Né dans le Wisconsin, ce réalisateur passionné de film d’aventures et de science-fiction a su communiquer sa passion pour dépeindre à l’écran de nombreux hommes, animaux ou créatures géantes qui en ont fait sa marque de commerce. Grand adepte de la technique optique du rear-projection (effets visuels de transparence) qui consiste principalement à superposer deux images donnant l’illusion de deux images d’une grandeur différente. Une technique qu’il va lui-même superviser et peaufiner, si j’ose dire, à travers toute sa carrière cinématographique.

The Food of the Gods

Après ses deux premiers longs métrages, il s’associe rapidement avec James H. Nicholson et Samuel Z. Arkoff – les deux pontes de la société de production AIP (American Indépendant Production) – dès 1957 avec The Amazing Colossal Man (Le fantastique homme colosse), dont le succès commercial engendre une suite l’année suivante et permet à Gordon d’attirer les têtes.

Blow Out.
Au fond (au centre, affiche de The Foods of the Gods

Il tourne The Magic Sword (L’épée enchantée) pour la Universal en 1962, ce qui lui permet de fonder sa propre compagnie (Berkely Productions) trois ans plus tard, là où il tient à garder sa liberté de création. Il va délaisser petit à petit la science-fiction pour bifurquer dans le cinéma d’horreur, donnant suite à deux de ses films les plus mémorables des années 1970 : Empire of the Ants (L’empire des fourmis géantes, avec Joan Collins) et surtout The Food of the Gods (Soudain…les monstres!) en 1976. Cette seconde adaptation du roman de H.G. Wells’ The Food of the Gods and How It Came to Earth (qu’il avait précédemment adapté en 1965 sous le titre Village of the Giants mais orienté davantage dans le genre teensploitation musical ) offre un éventail assez impressionnant d’effets spéciaux visuels où des animaux géants, mais spécialement des rats qui sèment la terreur sur une île canadienne.

Ce film culte est une fort agréable série B où Gordon s’en donne à coeur joie dans le savoir-faire des trucages artisanal qui ajoute au charme initial. L’affiche du film est notamment visible dans de nombreux plans dans le studio d’enregistrement dans le film Blow Out (L’éclatement) de Brian De Palma. Alors que la technique de transparence tire à sa fin et devient presque désuète avec l’apparition de celle d’incrustation du fond bleu ou vert et des images de synthèse, ce dernier a cessé de l’utiliser et s’est retiré du milieu cinéma en 1990 n’ayant tourné qu’un seul film en 2014 avant son décès.