Caravage

 PRIMEUR
Sortie
Vendredi 8 décembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Italie 1609. Accusé de meurtre, Le Caravage a fui Rome et s’est réfugié à Naples. Soutenu par la puissante famille Colonna, il tente d’obtenir la grâce de l’Église pour revenir à Rome.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

Enquête

sur un artiste

au-delà

de tout soupçon

Acteur dans plus de 130 films, dont le présent Caravage et Ernesto, de Salvatore Samperi, production d’une autre âge (sorti en 1979) Michele Placido peut se vanter de travailler dans le cinéma derrière et devant la caméra, lui donnant la possibilité de multiplier les points de vue et de remanier les nuances.

Comme c’est le cas ici, qu’il faut voir dans un état d’esprit bien particulier pour apprécier ce qui se cache derrière cette biographie, loin de paraître romancée.

Bien le contraire, Caravage, dont on admire le titre original, L’ombra di Caravaggio, plus approprié à la proposition de départ, oscille entre la tradition du cinéma linéaire et les diverses options narratives susceptibles de situer le personnage-artiste dans des zones d’ombre. Coupable de mort d’homme? Fuyard pour échapper à l’ire de l’Église? Artiste incompris? Libertin? Sodomite à ses heures? Amant de nombreuses femmes devant l’Éternel? Provocateur?

La mise en scène est parfois constituée de divers tableaux qu’exerce la caméra en forme de pinceau de Michele D’Attanasio (entre autres, le récent Vers un avenir radieux (Il sol dell’avvenire), comme des peintures du Milanais, de son vrai nom Michelangelo Merisi, ou Amerighi. Dans ses œuvres, une sensualité, souvent masculine, et non sans raisons, comme dans Bacchus ou mieux encore dans ses célèbres « adolescents nus ».

Une frontalité à toute épreuve.

Et pourtant, dans le cerveau du Caravage, une idée du monde, une relation avec sa vraie nature, à son époque, une distanciation nécessaire avec les Saintes Écritures et ce qu’elles cachent pour la préservation de la morale.

Cet objet cinématographique ne dit pas tout sur la vie du peintre. Car même les historiens en rapportent peu ou pas assez. Vivre en parallèle avec le peuple, loin des mascarades d’une certaine élite qui cachent ses vices sous des dehors d’hypocrisie galopante.

Si Michel Placido a compris quelque chose, c’est bien la complexité d’un cerveau hors du commun qui carbure aux enchevêtrements de l’existence, à ces multiples absurdités, insolence et affronts qui composent une partie de la condition humaine. Le Caravage de Placido fait une entrée presque lumineuse dans le ténébrisme pictural que le cinéaste associe à celui social. Les tonalités de brun exposent leur majestuosité, les ombres et les lumières presque indicibles associent tous ces contours indécis autant chez les personnages que chez le protagoniste principal. Tout à fait conscient de sa vulnérabilité qu’il ostracise par son délire créatif que par sa conscientisation d’une possible finitude.

Mais sans doute que le Caravaggio (1986) de Derek Jarman, film ouvertement queer, illustrait de manière plus catégorique l’orientation sexuelle complexe de ce grand maître de la peinture, inclination qui l’a définitivement influencé à créer parmi les tableaux les plus incontournables de son œuvre.

Autrement dit, Caravage est une investigation un tant soit peu scientifique dans le domaine de l’art d’une époque. Un temps où le clair-obscur (mieux « chiaro oscuro) transforme ses pinceaux en discours sociaux et politiques. Riccardo Scamarcio, dans tous ces marasmes de créateur, domine fortement l’interprétation.

Mais sans doute que le Caravaggio (1986) de Derek Jarman, film ouvertement queer, illustrait de manière plus catégorique l’orientation sexuelle complexe de ce grand maître de la peinture, inclination qui l’a définitivement influencé à créer parmi les tableaux les plus incontournables de son œuvre.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Michele Placido

Scénario
Michele Placido
Sandro Petraglia
Fidel Signorile
Direction photo
Michele D’Attanasio

Montage
Consuelo Catucci
Musique
Umberto Jervolino
Federica Luna Vincenti

Michel Placido

Genre
Drame biographique

Origines
France / Italie
Année : 2022 – Durée : 1 h 57 min
Langue
V.o. : italien; s.-t.a. ou s.-t.f.

& Version française
Caravaggio’s Shadow
L’ombra di Caravaggio

Dist. [ Contact ] @
Axia Films
[ Wild Bunch Int. ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
 Cinéma du Musée
 Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]