Hamlet
@ Place des Arts

 

CRITIQUE
[ Art lyrique ]
Élie Castiel

★★★★ ½

 

Mise en scène stupéfiante.

Diction parfaite.

Grandiose !

L’amour et ses contradictions.
Crédit : Vivian Gaumond

Première publique et médiatique samedi soir de l’ « inédit » Hamlet, du Français Ambroise Thomas, pour la première fois à Montréal depuis, apparemment, 1928. L’occasion pour les nombreuses nouvelles générations d’assister à une œuvre lyrique incomparable qui, à défaut de ne pas avoir été présentée depuis de très nombreuses décennies, ne retient pas des airs connus, sauf pour les connaisseurs en la matière.Suite

Kukum
@ TNM

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★★★★★

Les valeurs sages

de la transmission

Les travaux et les jours.
Crédit : Yves Renaud

Nous n’avons pas lu le texte de Michel Jean, dont cette adaptation scénique n’en retient que quelques chapitres. Qu’importe, puisque le travail de Laure Morali, avec la collaboration de l’incontournable icône autochtone Joséphine Bacon, illustre une profonde réflexion sur la transmission des valeurs familiales, ainsi qu’une profonde méditation sur l’amour, l’amour tout court.

Almanda (très convaincante Léane Labrèche-Dor), orpheline d’origine canadienne-française et irlandaise, rencontre Thomas (excellent Étienne Thibeault), autochtone. C’est le coup de foudre, ce sont les épousailles… et ainsi va la vie.

Nous sommes devant une mise en scène qui relève du miracle, comme une épiphanie qui, soudain, nous fait prendre conscience de l’existence, de la tournure des évènements, du passage du temps et en fin de compte, dans un des meilleurs décor de ce récit fabuleux selon la pensée autochtone, une lune en pleine lumière blanche réunit les générations dont il est question, une image en plan-séquence nourrie de mots qui apaisent l’esprit, véhicule la passation des valeurs et donne au cœur, image figurative qui a perdu de sa valeur de nos jours, ses plus troublantes et fascinantes voluptés.

En parallèle, des images vidéographiques d’archives sur des plans d’autochtones filmés à travers le temps. Ces visages, souvent souriants, de jeunes comme de vieillards, par exemple, resteront à jamais dans notre mémoire. Et d’autres plans selon le même concept qui ne sont en quelque sorte que la traversée des Premières nations à travers les époques.

La culture innue et sa langue, riche en significations liées avec la nature. Entre l’Humain, les animaux et le reste de l’univers, une sorte de corrélation qui s’inscrit dans une dialectique qui passe par l’enseignement des valeurs sociales d’une génération à l’autre.

Un adieu et un nouveau départ.
Crédit : Yves Renaud

Mais aussi d’un rituel ancestral, perdu avec la colonisation des Blancs (aussi bien celle des Anglais que Canadiens-français) – Almanda dira, faussement « québécois » alors qu’il s’agit d’une époque lointaine). Almanda, sur ce plan, épouse la cause innue et devient, par la force des choses, une « innue » par alliance. Par amour pour Thomas, par la réalisation qu’il s’agit d’une culture saine, naturelle, qui partage ce lien indéfinissable avec le reste de ce qui l’entoure.

[ … ] Kukum, qui veut dire « grand-mère », n’hésite pas à remettre le sentiment et l’esprit des spectateurs au bon endroit. C’est-à-dire, sentir jusqu’aux larmes ce qui se trame sur scène. Et cela fait chaud au cœur. Une expérience inégalée.

L’adaptation théâtrale n’essaie en aucun cas de montrer une image d’Épinal du peuple innu, mais solidifie plutôt les caractéristiques les plus élémentaires – quotidien, chasse, vie en famille, se battre contre les éléments parfois troublants de la nature. D’où le concept sonore aussi étourdissant qu’incomparable de Marie-Frédérique Gravel.

Force est de souligner que nous assistons à l’une des pièces les plus intenses de la saison, alors qu’elle ne vient que commencer. Par son déroulement horizontal, la force de persuasion des interprètes, dont celle de Sharon Fontaine-Ishpatao se classe parmi les temps forts de ce récit d’une émotion palpable, Kukum, qui veut dire « grand-mère », n’hésite pas à remettre le sentiment et l’esprit des spectateurs au bon endroit. C’est-à-dire, sentir jusqu’aux larmes ce qui se trame sur scène. Et cela fait chaud au cœur. Une expérience inégalée.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE

Texte
Michel Jean

Adaptation théâtrale
Laure Morali ; avec la
collaboration de Joséphine Bacon
Mise en scène
Émilie Monnet
Assistance à la mise en scène
Claudie Gagnon

Distribution
Sharon Fontaine-Ishpatao (Christine), Jean-Luc Kanapé (Malek)

Léane Labrèche-Dor (Almanda), Étienne Thibeault (Thomas)
Marie-Ève Pelletier (divers rôles, dont la tante d’Almanda)
Emma Rankin (Jeannette, Claude)

Scénographie : Simon Guilbault
Éclairages : Martin Sirois
Costumes : Sophie El-Assaad, Kim Picard
Concept sonore : Marie-Frédérique Gravel
Concept vidéo : Caroline Monnet
Musique traditionnelles : Mathieu McKenzie
Kim Fontaine, Hugo Perreault

Durée
1 h 40 min
[ Sans entracte ]
Public (suggéré)
Déconseillé aux jeunes enfants
Diffusion & Billets @
TNM
Jusqu’au 15 décembre 2024

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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