Qu’importe, quoi qu’on en dise, qu’importe les réserves que nous voudrions émettre, « Broadway » restera « Broadway ». Chorégraphies, effets visuels, humour bon enfant. Nous sommes au royaume du rêve, de l’insouciance et du pur spectacle.
Marcus M. Martin (Génie). Crédit : Deen Van Meer (@ Disney)
Et lorsqu’il s’adresse également aux enfants, comme c’est le cas pour Aladdin, tiré du film éponyme d’animation, le plaisir est d’autant plus garanti. La mise en scène, autant celle dramatique que des combats, s’ajuste aux mouvements du cinéma, plus précisément aux images animées : mêmes rythme, cadence, mesure, un tempo qu’on décèle dès le début et qu’on observe jusqu’à la fin.Suite
Une équipe de Canadiens originaires d’Iran. Belle percée, ici, dans le domaine de la diversité dans le domaine culturel, également une approche directe et sentie avec le sujet. Mais dans le même temps, peut-être un inconvénient.
Le décor de Anahita Dehbonehie, également metteure en scène avec le Canado-argentin Guillermo Verdecchia, est parfait : vieille salle où ont lieu les cours de TOEFL si connus des nouveaux arrivants. On suit les hauts et les bas d’une classe en particulier – toutes des femmes, et un seul homme.
Rires, explosions de bonne humeur, accents excédants, anglais approximatif, petites flèches d’amour subtilement lancées du seul mâle envers l’enseignante, plutôt réservée.
Et puis English, la seule langue qu’il faut utiliser.Suite
Marguerita Xirgu, une des actrices préférées de Federico Garcia Lorca, une muse spirituelle qui inspire son écriture, sa pensée, sa façon de voir le monde. Quelque temps avant le déclenchement de la guerre civile espagnole, en 1936, elle s’exile en Amérique Latine.
Aujourd’hui, le compositeur argentin Osvaldo Golijov (de mère roumaine et de père ukrainien) s’est-il inspiré de ses racines étrangères pour mettre en musique un opéra sur les liens intellectuels entre la comédienne et l’écrivain? Ou peut-être bien que poussé par la force d’écriture de David Henry Hwang. Une question de convergence.
Toujours est-il que musicalement, Aidanamar (tiré de l’arabe : la fontaine des larmes), la première incursion-opéra de Golijov se démarque par cet amalgame de sonorités classiques et de pièces flamenco (musique et chants). Quelque chose inscrit dans l’ADN national d’un pays qui, malgré les quelques dissensions dans l’idéologie politique (même au sein d’une même famille), conserve inconsciemment des élans culturels communs, notamment en termes d’héritage musicale.
Les dérives de l’emprisonnement et la fougue du flamenco comme force motrice. Crédit : Opéra de Montréal
Œuvre hybride que Aidanamar, évoquant parfois le riche passé arabo-andalou d’une Espagne plurielle où les trois religions monothéistes s’assemblent et se ressemblent dans leur cause commune : la conviviensa.
Ce n’est peut-être pas trop évident dans l’œuvre en question, mais à force de réfléchir à ses origines (comme c’est le cas de l’auteur de ces lignes), ces particularités ne peuvent s’empêcher de transparaître.
Le chœur, totalement féminin, renvoit à deux aspects bien précis : celui important des femmes dans la guerre civile (on doit se rappeler de la célèbre Pasionaria) et en quelque sorte, l’homosexualité (à peine effleurée ici) de Lorca, une particularité qui lui permet accès à la créativité et en même temps, malgré le danger, le pousse à demeurer en Espagne – n’avait-il pas une prédilection pour les Gitans? Entre désir caché et danger imminent, le poète préfère le risque.
Une exécution symbolique. Crédit : Opéra de Montréal
La mise en scène de Brian Staufenbiel, entre celle bien codée de l’opéra traditionnel et la zarzuelane cesse de se chevaucher au cours de ses 80 minutes que dure le spectacle. Chant, zapateadoet musiques hybrides se conjuguent au même temps, s’incrustent aux personnages et donnent à cette finale, d’une force dramatique inégalée, puissante, toute la culture d’une Espagne, certes catholique, mais libérée malgré tout du dogme fondamentaliste.
Le chœur, totalement féminin, renvoit à deux aspects bien précis : celui important des femmes dans la guerre civile (on doit se rappeler de la célèbre Pasionaria) et en quelque sorte, l’homosexualité (à peine effleurée ici) de Lorca…
En somme, la durée est importante dans Aidanamar. Son court trajet renvoit à son propre sujet : pouvait-t-on vraiment s’étendre largement sur une idée, une pensée, quelque chose qui traverse notre esprit, comme ça? C’est ce qui a sans doute prédisposé David Henry Hwang a composer le libretto d’une œuvre, dans un sens, figée dans le temps.
Voyez bien ce qu’il se passe aujourd’hui dans la planète.
FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE AIDANAMAR
Compositeur Osvaldo Golijov Livret David Henry Hwang Cheffe d’orchestre Nicole Paiement [ Orchestre symphonique de Montréal & Chœur de l’Opéra de Montréal ] Mise en scène Brian Staufenbiel