Mad Love

ÉVÉNEMENT.
[ Captures d’audace ]

★★★★

texte
Élie Castiel

Dans la  première proposition, Bad Seed, l’énergique chanteuse-Jazz Dawn Tyler Watson convoque, consciemment ou son contraire, M. Jackson et N. Simone – Je n’ose pas écrire leur prénom. Les deux icônes s’ajoutent éthiquement à la voix diaphane et inspirée également du « Negro Spiritual » de l’âge d’or émanant de l’artiste vocale. Épure et dynamisme se complétant l’une et l’autre. Des fleurs de tous genres, ou presque, servant de guide décoratif, l’enveloppent, vêtue simplement, sans chichi, sa gorge déployée seule compte. Elle est assise. Puis elle se lève, fait un tour de piste presque légendaire, juste pour rappeler à la caméra qu’elle possède un corps bien à elle. Effet de mise en scène? Improvisation bien calculée? Toujours est-il qu’elle semble mener ce jeu à doubles tours face à des musiciens mâles concentrés sur leurs instruments, mais tout aussi médusés. Les couleurs vives dominent.

Feels Good ou la pureté du geste, du mouvement fixe, facile pour la caméra. Aucun accoutrement vestimentaire exagéré. Seule s’anime en haut lieu la voix de Watson. Le bleu s’assume.

À cœur(s)

découvert(s)Suite

Festival International du Film sur l’Art 2022
Première partie

ÉVÉNEMENT.
[ Présentiel & En ligne ]

texte
Luc Chaput

Une vieille dame est interviewée chez elle. Elle a gardé en partie la fougue de sa jeunesse. Elle revient sur son parcours chaotique qui en fait une des historiennes et archivistes majeures du cinéma. Son aura dans le milieu cinématographique germanique était telle que Werner Herzog a effectué un long trajet pédestre en 1974 de Munich à Paris pour qu’elle aille mieux. D’autres collègues tels Volker Schlöndorff témoignent de son impact dans leurs vies, elle qui n’est qu’illustre pour un assez petit nombre de cinéphiles. Voilà une des nombreuses déclinaisons sur le spectacle de la vie présentées au 40e FIFA.

Le spectacle

de la vie

Lotte Eisner, aucun lien, nulle part

Moyen métrage que ce portrait de cette critique, Lotte Eisner, aucun lieu, nulle part, de Timon Koulmasis est remarquable par le montage déferlant qui insère de multiples bouts de films connus ou inconnus pour accompagner les denses plages d’entrevues avec des cinéastes et historiens. La récolte archivistique fut très fructueuse, passant du Berlin d’après la Première Guerre mondiale jusqu’aux épisodes de 1968 en France et évoquant les rapports complexes entre Henri Langlois et ses employées. Un moment de grâce arrive quand cette vieille dame avance avec sa canne vers le robot de Metropolis de Fritz Lang qu’elle a réussi à intégrer dans les trésors de la Cinémathèque française.

Marguerite Donnadieu est bien plus connue qu’Eisner puisque son pseudonyme est Duras. L’enquête à la frontière du long métrage, Marguerite Duras, l’écriture et la vie de Lise Baron, remonte vingt-cinq ans après sa mort le fil de sa vie en incorporant par le biais des trésors de l’INA ses participations en tant qu’interviewée à des émissions de télé. Son travail de journaliste est remis en lumière tant à l’ORTF qu’à Libération, reflet de son implication constante pour divers causes changeantes. De vieilles amitiés resurgissent dans ce documentaire foisonnant qui rend visible l’imbrication entre l’image et le texte dans cette œuvre de longue haleine.

Marguerite Duras, l’écriture et la vie

L’œil, le pinceau et le cinématographe

Une artiste britannique, Tacita Dean, montre dans son atelier la vitre d’une fenêtre de train et signale sa ressemblance avec la forme du photogramme 4:3. Le cinéaste Stefan Cornic, dans L’œil , le pinceau et le cinématographe, remonte jusqu’au milieu du XIXe siècle pour ausculter les liens entre industrialisation, moyens de transport, photographies, spectacles et fêtes foraines qui ont mené de diverses manières à la naissance du cinéma. Les deux frères Gustave et Martial Caillebotte retrouvent un plus grand droit de cité dans l’histoire de l’art aux côtés de Monet et ses multiples vues de cathédrale et de Turner, chantre pictural de la vitesse. Des entrevues d’experts dans leurs environnements muséaux tracent des lignes entre l’image et la disparition de lieux, les trottoirs ambulants et le changement de perspective dans un discours protéiforme qui rappelle l’étape du praxinoscope d’Émile Reynaud.

Jean de La Fontaine : L’homme qui aimait les fables

Habitué que nous sommes d’avoir appris jeunes les fables de cet auteur classique qu’est Jean de La Fontaine, nous avons perdu au moins en partie ce sens de l’émerveillement devant ces deux cent cinquante-quatre courts poèmes. À l’occasion du 400e anniversaire de sa naissance, la réalisatrice Pascale Bouhenic réunit les beaux objets illustrés que furent au cours des siècles ces livres de différents formats que furent ces publications auxquelles Oudry, Granville, Doré et Rabier ont apporté tous leurs talents. Sa proposition, le moyen métrage, Jean de La Fontaine : L’homme qui aimait les fables. L’amitié entre La Fontaine et Fouquet est aussi signalé et la place de la nature dans la profession de cet auteur qui fut haut fonctionnaire constituent les autres axes de cet opus qui redonne le sourire. Un long extrait du court sujet Le corbeau et le renard de Pierre Hébert, Francine Desbiens et autres à l’ONF montre jusqu’où les recherches de cette cinéaste sont allées.

D’autres avenues d’exploration de ce catalogue dans le domaine de la danse, du théâtre et des arts visuels s’offrent à nous pendant ce festival mais aussi dans sa déclinaison annuelle.

Jusqu’au 27 mars 2022

ONEs

ÉVÉNEMENT.
[ Captures d’audace  ]

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

Comme à l’accoutumé, cinq morceaux formant un tout qui confirme la continuité de la mise en scène, jonglant avec les formes, les multiples variations de plans et une liberté de mouvement qui permettent aux musiciens d’éviter la pesanteur de la position immobile. C’est ce que le cinéma permet.

Il y a Growing et, à la batterie, Kevin Warren se permet quatre minutes envoûtantes de jeu avec son instrument, une sorte de face à face où le corps et le concret se juxtaposent pour former un ensemble cohésif, rassembleur pour le spectateur le plus récalcitrant. Ce morceau sert de début et de transition avec la belle chanson de Sonia Johnson, “Quand mêmede Johnson elle-même et Frédéric Alarie. Elle parle surtout du corps intérieur, le physique et le psychologique. L’air évoque le fado (du Portugal, bien sûr), là où la nostalgie et la mélancolie intègrent les paroles de l’amour, du rapprochement vers l’autre et peut-être, la perte ou l’abandon. C’est sans musique instrumentale, et c’est d’autant plus évocateur.

Avec Vents opposés, l’harmonetta menée de « lèvres » de maître par un Lévy Bourbonnais totalement investi, c’est l’incidence rustique des plateaux et des collines qui semble influencer l’artiste en question. Ça sent l’air pur.

Quelques

nuances

temporellesSuite

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