SUCCINCTEMENT Neuf traducteurs internationaux sont recrutés pour traduire Dedalus, le dernier volet très attendu d’une trilogie signée Oscar Brach, un auteur influent. Ils proviennent, entre autres, du Danemark, de l’Allemagne, de l’Espagne, de la Grèce, de l’Italie et de l’Angleterre. Tous sont reçus dans un immense manoir sécurisé, mais très vite, un climat de tension malsain se crée.Suite
SUCCINCTEMENT Si chacun d’entre nous a un héritage génétique, il possède aussi un héritage psychologique qui se transmet de génération en génération. Alejandro Jodorowsky, convaincu que l’art n’a de sens profond que s’il guérit et libère les consciences, a créé la Psychomagie. Vivez cette unique expérience.
CRITIQUE.
texte Élie Castiel
★★★ ½
Il est présent, omniprésent, malgré ses 90 ans. Cinéaste, sorcier, psychologue, psychanalyste, guérisseur, mortel comme tous les vivants. Relativement en forme, le pas plus lent, ça va de soi, mais toujours conscient que les élucubrations dont ils raffolent ont un certain sens, du moins pour lui et ses inconditionnels.
Et ça fonctionne, puisque Jodorowsky, c’est le cinéma en liberté, en vitesse illimitée, se cassant la gueule dans quelques passages, extrême, lubrique, témoin d’une humanité inventée, cinématographique, qu’on ne peut voir qu’à l’écran, celui d’une salle de cinéma. Pour que l’effet soit plus concluant.
Tours de prestidigitation
Guérir en agissant, sans remèdes, par la force des gestes, de notre intellect, de notre concentration. Au passage, dans cette étrange Psychomagie, un art pour guérir, les rétablissements nous paraissent rapides, surviennent comme par enchantement. On y croit sans vraiment croire.
Et si après tout, il ne s’agissait que d’une autothérapie pour le salut de l’âme! Des extraits de ses films culte (en fait, ils le sont tous)- Fando et Lys, La montagne sacrée, El topo (le préféré de tous), Santa sangre… un petit lexique personnel en forme de chant de cygne annoncé, ou plutôt prescrit qui nous rappelle le cinéma d’une autre époque, un temps où les cinéastes qui comptaient étaient vus en quelque sorte comme des nouveaux philosophes. Et pourquoi pas.
Et au fond, on éprouve une certaine tristesse malgré le sens de l’humour qui jalonne cet énième essai jodorowskien, amical salut à une œuvre éclatée, lumineuse, enjouée, circassienne, éprise de non-réalité et qui retourne dans les méandres d’une enfance compliquée, juive non-confessionnelle, ayant choisi le Chili de l’enfance où on survit malgré tout, on devient artiste et on finit par susciter l’attention de l’intelligentsia internationale.
Jodorowsky, c’est le cinéma en liberté, en vitesse illimitée, se cassant la gueule dans quelques passages, extrême, lubrique, témoin d’une humanité inventée, cinématographique, qu’on ne peut voir qu’à l’écran, celui d’une salle de cinéma. Pour que l’effet soit plus concluant.
Jodorowsky se situe parmi les rois de la BS (je m’abstiendrai d’épeler). Celle qu’on admire parce qu’elle possède des relents de vérité. La dernière partie, au diapason de la chanson mexicaine La llorona, nous rappelle jusqu’à quel point Psychomagie, un art pour guérir demeure un film déchirant, bouleversant. Car derrière ces mouvements qui peuvent nous paraître comme des pitreries, se cachent une humanité en constante souffrance affective collective.
SUCCINCTEMENT En 1988, les troupes soviétiques sont sur le point de se retirer d’Afghanistan après un conflit qui a fait de nombreuses victimes. Après le crash de son avion, un pilote est retenu en otage par des moudjahidines.
CRITIQUE.
texte Luc Chaput
★★★
Dans un magasin-restaurant d’une petite ville asiatique, des soldats marchandent des articles technologiques. Un jeune officier mange tout en regardant le manège. Appelé plus tard en renfort, ce nouveau accomplit une arrivée fracassante et acquiert rapidement le surnom de Grec. La constitution d’un autre groupe de frères d’armes (auquel fait référence le titre original Bratstvo, en français « Fraternité ») est ainsi acquise.
Revenant trente ans plus tard sur la retraite des armes soviétiques d’Afghanistan, Pavel Lounguine brosse un portrait nuancé mais critique qui s’apparente à plusieurs des films américains sur la guerre du Vietnam. Des actes d’héroïsme côtoient les exactions, des négociations franches s’accompagnent de coups fourrés et des nouveaux et sans grade sont initiés au brouillard de la guerre là où le chemin est parsemé d’embûches et les alliances virevoltent.
Le brouillard déchiré de la guerre
Le scénario de Pavel et Alexandre Lounguine est inspiré des mémoires de Nikolay Dmitrievich Kovalyov, l’espion et ancien chef du FSB (ex-KGB) qui participa de loin ou de près à l’établissement de cette république soviétique en Afghanistan puis à son retrait dix ans plus tard. Le patronyme de Dmitrievich est similaire à celui du chef de section qui est un des protagonistes majeurs du film. Un certain sceau d’authenticité est rajouté ainsi dans le déroulement de certains événements. La présence d’un caméraman incrusté dans des pelotons permet à Lounguine de montrer l’élément de montage et de contrôle de l’information qui existait déjà lors de ces opérations de recherche, de sauvetage ou de destruction. L’appareil à l’épaule du directeur photo Igor Griniakine contribue au côté documentaire de plusieurs séquences où la mort est rarement une banalité.
Des actes d’héroïsme côtoient les exactions, des négociations franches s’accompagnent de coups fourrés et des nouveaux et sans grade sont initiés au brouillard de la guerre là où le chemin est parsemé d’embûches et les alliances virevoltent.
La galerie de soldats soviétiques est assez diversifiée et servie par de bons interprètes et le réalisateur et son coscénariste évitent de diaboliser les Afghans qu’ils soient pro-soviétiques ou membres des groupes de résistance. Ainsi la présence d’un exemplaire du fameux roman communiste La jeune garde (Molodaya gvardiya) d’Alexandre Fadeïev, une lecture de chevet d’Hossem, le chef moudjahidine régional, montre bien les effets inattendus de l’éducation d’une nouvelle élite qui combat l’ancienne en détournant les armes idéologiques qu’on lui a ainsi fournies. Le réalisateur de Taxi Blues et de L’Île (Ostrov) apporte ainsi son nécessaire regard sur un épisode marquant des dernières années de l’URSS.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Pavel Lounguine
Genre(s) Drame de guerre
Origine(s) Russie
Langue(s) V.o. : russe, afghan ; s.-t.f. Bratstvo
Dist. @ K-Films Amérique
Classement Interdit aux moins de 13 ans [ Violence ]