Quitter l’Afghanistan

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 04 septembre 2020

SUCCINCTEMENT
En 1988, les troupes soviétiques sont sur le point de se retirer d’Afghanistan après un conflit qui a fait de nombreuses victimes. Après le crash de son avion, un pilote est retenu en otage par des moudjahidines.

CRITIQUE.

texte
Luc Chaput

★★★

Dans un magasin-restaurant d’une petite ville asiatique, des soldats marchandent des articles technologiques. Un jeune officier mange tout en regardant le manège. Appelé plus tard en renfort, ce nouveau accomplit une arrivée fracassante et acquiert rapidement le surnom de Grec. La constitution d’un autre groupe de frères d’armes (auquel fait référence le titre original Bratstvo, en français « Fraternité ») est ainsi acquise.

Revenant trente ans plus tard sur la retraite des armes soviétiques d’Afghanistan, Pavel Lounguine brosse un portrait nuancé mais critique qui s’apparente à plusieurs des films américains sur la guerre du Vietnam. Des actes d’héroïsme côtoient les exactions, des négociations franches s’accompagnent de coups fourrés et des nouveaux et sans grade sont initiés au brouillard de la guerre là où le chemin est parsemé d’embûches et les alliances virevoltent.

Le brouillard déchiré de la guerre

Le scénario de Pavel et Alexandre Lounguine est inspiré des mémoires de Nikolay Dmitrievich Kovalyov, l’espion et ancien chef du FSB (ex-KGB) qui participa de loin ou de près à l’établissement de cette république soviétique en Afghanistan puis à son retrait dix ans plus tard. Le patronyme de Dmitrievich est similaire à celui du chef de section qui est un des protagonistes majeurs du film. Un certain sceau d’authenticité est rajouté ainsi dans le déroulement de certains événements. La présence d’un caméraman incrusté dans des pelotons permet à Lounguine de montrer l’élément de montage et de contrôle de l’information qui existait déjà lors de ces opérations de recherche, de sauvetage ou de destruction. L’appareil à l’épaule du directeur photo Igor Griniakine contribue au côté documentaire de plusieurs séquences où la mort est rarement une banalité.

Des actes d’héroïsme côtoient les exactions, des négociations franches s’accompagnent de coups fourrés et des nouveaux et sans grade sont initiés au brouillard de la guerre là où le chemin est parsemé d’embûches et les alliances virevoltent.

La galerie de soldats soviétiques est assez diversifiée et servie par de bons interprètes et le réalisateur et son coscénariste évitent de diaboliser les Afghans qu’ils soient pro-soviétiques ou membres des groupes de résistance. Ainsi la présence d’un exemplaire du fameux roman communiste La jeune garde (Molodaya gvardiya) d’Alexandre Fadeïev, une lecture de chevet d’Hossem, le chef moudjahidine régional, montre bien les effets inattendus de l’éducation d’une nouvelle élite qui combat l’ancienne en détournant les armes idéologiques qu’on lui a ainsi fournies. Le réalisateur de Taxi Blues et de L’Île (Ostrov) apporte ainsi son nécessaire regard sur un épisode marquant des dernières années de l’URSS.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Pavel Lounguine

Genre(s)
Drame de guerre

Origine(s)
Russie

Langue(s)
V.o. : russe, afghan ; s.-t.f.

Bratstvo

Dist. @
K-Films Amérique

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]