Je ne reproche qu’une chose au film Beans – qui raconte la crise d’Oka de 1990 à travers les yeux d’une préadolescente mohawk – et c’est son doublage québécois.
Une convention veut que nous acceptions les films doublés en français, même si la logique en prend parfois pour son rhume. Bien que chaud partisan de la vénérable technique bientôt centenaire (elle remonte à 1929), dans ce cas précis, elle ne fonctionne pas, et cela est dû à la proximité de la communauté mohawk.Suite
SUCCINCTEMENT. La vie d’une employée du bureau de censure britannique est perturbée par l’arrivée de vidéos sanguinaires et dérangeantes qu’elle doit évaluer.
CRITIQUE.
★★ ½
texte Luc Chaput
Une fonctionnaire traverse un groupe de manifestants pour entrer dans l’immeuble où elle travaille. Elle est membre du Bureau de censure de Grande-Bretagne (BBFC, British Board of Film Censors) et a été identifiée dans les journaux comme y travaillant.
SUCCINCTEMENT. Le travail, la vie et les voyages personnels des artistes américains emblématiques Truman Capote et Tennessee Williams.
CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]
★★★
texte Élie Castiel
On s’attendait à quelque chose de plus substantiel, à une confrontation amicale, archives à l’appui, entre ces deux géants de la littérature américaine du siècle dernier. Inscrits parmi les grands écrivains, non pas en raison de leur orientation sexuelle, mais faisant partie de l’intelligentsia de leur temps, comme, par exemple, le grand Allen Ginsburg, dont la sexualité est plus une affinité personnelle, certes, qui conditionne en quelque sorte, même inconsciemment, ses créations, mais qui ne le pousse pas à se limiter à un seul critère.
Et pourtant, à en juger par les archives utilisées par Lisa Immordino Vreeland, qui s’est toujours intéressé aux artistes de l’altérité, comme dans son Peggy Guggenheim: Art Addict (2015), il n’en demeure pas moins que l’aspect homosexuel entre en ligne de compte dans ce bel album sur les deux artistes iconoclastes.
Chez Capote, la tangente homosexuelle se manifeste chez les personnages par un certain détachement social, comme les assassins dans In Cold Blood (De sang froid), dont Richard Brooks avait signé une réalisation remarquable en 1967. Des mouvements du corps, des expressions des visages, une allure mauvais-garçon, une façon de s’exprimer par les yeux et la bouche même. Un lien ambigu entre les deux assaillants.
Par le petit bout
|de la lorgnette
Les deux T. Une amitié disparate / Williams(à gauche), Capote (à droite).
Et chez Williams, c’est à l’intérieur de la famille hétéronormative que s’exprime indiciblement l’attrait homosexuel – plus évident dans Cat on a Hot Tin Roof / La chatte sur un toit brûlant, toujours du même Brooks et plus encore dans le cas de l’hypersexualisé Marlon Brando dans A Streetcar Named Desire / Un tramway nommé désir, d’Elia Kazan.
Autant Truman Capote que Tennessee Williams sont des précieux, des dandies qui apprécient ceux de leur sexe, mais selon des conventions bien structurées pour l’époque. Et ils se débrouillent toujours pour se tirer d’affaires. Une époque où la culture queer n’est pas à l’ordre du jour.
Et pourtant, il s’agit d’une époque, en fait de deux époques où l’homophobie est galopante dans une société farouchement hétérosexuelle, prudente, puritaine, une génération d’après-guerre où le mot d’ordre est sans contredit la croissance démographique, le retour à la foi et les valeurs traditionnelles.
En somme, Truman & Tennessee: An Intimate Conversation, aurait pu avoir comme sous-titre An Intimate Gaze, car c’est selon le regard (trop) circonspect, mais non dépourvu d’originalité, de la réalisatrice, que cette peinture sans aucun doute anticonformiste prend forme.
Immordino Vreeland aurait pu aller plus loin dans ce qui unissait (ou pas) Williams à Capote. Après la projection, on sent une absence dans cette relation amicale qui ne nous semble pas une. Nous avons l’impression qu’il s’agit d’une amitié disparate, fugitive. L’un jaloux de l’autre, et vice-versa, alors que chacun d’eux projette des visions différentes du monde, avec sans doute un dénominateur commun : la violence de l’inconscient. Le jeune Capote à travers le portrait individuel. Williams en ayant recours à la collectivité, notamment celle de l’institution de la famille.
En somme, Truman & Tennessee: An Intimate Conversation, aurait pu avoir comme sous-titre An Intimate Gaze, car c’est selon le regard (trop) circonspect, mais non dépourvu d’originalité, de la réalisatrice, que cette peinture sans aucun doute anticonformiste prend forme. Mais c’est une vision prise par le petit bout de la lorgnette.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Lisa Immordino Vreeland
Idée Lisa Immordino Vreeland
Direction photo Jane Sigler
Montage Bernardine Colish
Musique Madì
Narration Jim Parson (Capote) Zachary Quinto (Williams)
Lisa Immordino Vreeland. Un moment de réflexion pendant le tournage.
Genre(s) Documentaire
Origine(s) États-Unis
Année : 2020 – Durée : 1 h 26 min
Langue(s) V.o. : anglais Truman & Tennessee:
An Intimate Conversation
Dist. [ Contact ] [ Cinéma du Parc ] @ Kino Lorber
Classement (suggéré) Tous publics [ Déconseillé aux jeunes enfants ]