Shubh Mangal Zyada Saavdhan

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 21 février 2020

SUCCINCTEMENT
Kartik aime Aman et veut l’épouser. Ils sont tous les deux gais. Les parents d’Aman font tout pour corriger cette situation. Mais Kartik n’a pas dit son dernier mot.

CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]

texte
Élie Castiel

★★★ ½

Premier long métrage de fiction de Hitesh Kewalya après le sujet court Rythmatics (2010), Shubh Mangal Zyada Saavdhan (en anglais : Be Extra Careful of Marriage) annonce un nouveau virage dans l’industrie bollywoodienne : la thématique LGBT. Jusqu’à présent, fortement sclérosée dans une dynamique hétérosexuelle exacerbée, la mouvance cinématographique indienne n’échappe pas à la règle du Prince charmant/Belle romantique, pourtant le plus souvent éloignée de la réalité et des enjeux sociaux d’aujourd’hui.

Petite mais courageuse révolution. 

Enfin… un film ouvertement gai à Bollywood

La classe moyenne en Inde est maintenant plus imposante et ses représentants plus éduqués et ouverts au monde et aux choses de la vie. Si le thème de l’homosexualité a quand même été évoqué dans le cinéma grand public hindi, force est de souligner que c’est en grande partie sous la bannière de la caricature et/ou de l’extrême prudence. Un film comme Fashion (2008), de Madhur Bhandarkar, fait état d’exception à la règle. Mais là encore, le récit se passait dans le milieu de la mode. A-t’on besoin de plus d’explications?

Happy Ending! Et pourquoi pas. Le contraire et le film n’aurait servi à rien.

Nouveau départ avec Shubh Mangal Zyada Saavdhan, proposition d’autant plus risquée que le film bénéficie d’un scénario très bien écrit, sans équivoques, allant droit au but, n’esquivant aucune question sur le thème, évitant le moralisme encombrant et plus que tout, jetant les balises d’une nouvelle société, tolérante, ouverte aux diversités sexuelles.

 

Le plus grand mérite de Kewalya est d’avoir utilisé les codes chers et essentiels à Bollywood (flirt romantique, chants, chorégraphies, moments mélodramatiques… ), mais ici dans une réalité homosexuelle qui a du mal à s’imposer et, plus que tout, lutte.  Les comédiens (tous remarquables) sont connus de l’industrie et du grand public, particulièrement dans le cas d’Ayushmann Khurrana, jouissant depuis de nombreuses années d’une grande popularité. Dans Shubh… , il vit sa sexualité au grand jour et se permet même quelques séquences d’anthologie, notamment lorsqu’il entame tout haut que l’homophobie est une maladie qui, pour l’instant, n’a pas de cure.

Happy Ending! Et pourquoi pas. Le contraire et le film n’aurait servi à rien.

À noter néanmoins que dans les sites cinématographiques d’ici, les films dits « ethniques » ne sont pas identifiés comme des Primeurs (ou à peine, avec très peu d’informations), alors que souvent, de grands réalisateurs signent et méritent une attention. Ce fut le cas il y a quelque temps avec le grand Sanjay Leela Bhansali. À bon entendeur, salut!

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE

Réalisation
Hitesh Kewalya

Genre(s)
Comédie

Origine(s)
Inde

Année : 2020 – Durée : 2 h 23 min

Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.
Be Extra Careful of Marriage

Dist. @
A-Z Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Le public préfère le doublage au sous-titrage

TRIBUNE LIBRE.

texte
Sylvio Le Blanc

Après avoir reçu le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère pour Parasite, le réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho déclarait : « Quand vous aurez surmonté la barrière des deux centimètres de sous-titres, vous découvrirez des films étonnants. »1

N’ayant aucune attirance particulière pour le coréen, j’ai préféré voir ce film doublé en français de France et j’ai été ravi. Le grand public n’aime pas les sous-titres, qui le détournent de l’essentiel, à savoir l’image, avec tout ce qu’elle renferme (le jeu multiple des comédiens, les mouvements de caméra, la palette des couleurs, les décors, etc…). Des sous-titres qui appauvrissent aussi le texte (qui n’est jamais pleinement rendu par ceux-là) et qui, pour finir, balafrent l’image.

La cinéaste italienne Lina Wertmüller l’a dit autrement à Los Angeles : « Je crois totalement au doublage. Les sous-titres ont un effet désastreux sur un film. Au lieu de vivre un film à travers les images, on est constamment interrompu par la lecture des sous-titres et on passe son temps à baisser et lever la tête, on perd tout le rythme de l’image. Naturellement, il y a des oreilles raffinées qui veulent entendre les voix originales des comédiens. Je comprends cela. Cependant, il ne faut jamais oublier que le cinéma est un art populaire, pour les masses. Je trouve très important que les gens puissent avoir accès à ces films grâce à un doublage. Le public américain perd beaucoup à ne pas être exposé à d’autres films. »2

La cage aux folles

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Nos distributeurs ont peur

TRIBUNE LIBRE.

texte
Sylvio Le Blanc

J’accuse de Roman Polanski

A Rainy Day in New York de Woody Allen

Le dernier film de Woody Allen, A Rainy Day in New York (Un jour de pluie à New York)1, est sorti en France2, mais pas au Québec3. Idem pour le dernier film de Roman Polanski, J’accuse4, un distributeur assez courageux pour affronter la meute étant impossible à trouver5. Pourtant, tous ceux qui ont vu ce film sur l’affaire Dreyfus6 en disent le plus grand bien.

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