Un doublage doublement irrespectueux

TRIBUNE LIBRE.

texte
Sylvio Le Blanc

Netflix a produit ici le film Jusqu’au déclin, tourné en français avec des acteurs québécois, qui ont en plus tous été retenus pour doubler leur voix en… anglais1 Que voilà un choix artistique étonnant et douteux. Imagine-t-on des acteurs anglo-québécois se doublant eux-mêmes en français d’ici dans un film tourné en anglais? Les Franco-Québécois y verraient avec raison un manque flagrant de respect.

Un des acteurs du film de Patrice Laliberté, Marc-André Grondin, s’est pourtant montré ravi: « S’ils décident de regarder le film en anglais, ce n’est pas une version dénaturée ou américanisée qu’ils vont avoir. Ça va être nous avec nos accents. Pour moi, c’est une belle façon d’introduire la culture québécoise francophone à l’extérieur. Du côté de Netflix, ça montre une belle ouverture. » M. Grondin se goure. La version dénaturée, c’est celle dans laquelle des acteurs parlent une langue qui n’est pas la leur. L’accent qui est le nôtre, c’est celui en français, pas en anglais. L’Espagnole Victoria Abril se double elle-même en français dans Talons aiguilles2. Idem pour le Catalan Sergi López dans Le labyrinthe de Pan3 et pour l’Anglaise Kristin Scott Thomas dans Le patient anglais4. Or, leur accent à chacun jure.

Sergi López dans Le Labyrinthe de Pan

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