Maria Chapdelaine

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 24 septembre 2021

SUCCINCTEMENT.
Dans la région du lac St-Jean, au début du XXe siècle, une adolescente découvre les bonheurs et malheurs de la vie.

Le Film
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Luc Chaput

Je vous salue Maria

   Par une journée ensoleillée, des membres de la famille Chapdelaine et leurs invités, se dirigent sur les ordres de Laura, l‘épouse de Samuel dans les sous-bois pour la cueillette des bleuets qui devraient être nombreux en cette année. Des groupes se forment, distendus par la vitesse de leurs découvertes. Certains se cherchent du regard, d’autres sont trop intéressés à manger de ces baies pour remarquer les va-et-vient.

Porté par le rythme des saisons inhérent au roman anthropologique de Louis Hémon, ce long métrage de Sébastien Pilote redonne à la nature son droit de personnage central dans cette saga familiale qui est aussi un récit d’apprentissage pour Maria, le personnage principal. Autour de la ferme des Chapdelaine, la forêt garde ses droits. Les actions des hommes et des femmes, dans ce lieu éloigné de toutes agglomérations, tentent d’agrandir les champs pour les semailles et d’abattre assez de bois pour les hivers trop longs. Les garçons les plus vieux travaillent ainsi comme bûcherons l’automne et l’hiver. Leur retour avec un collègue est l’occasion pour Laura, la mère de Maria de montrer qu’elle est en charge de l’intendance et d’établir un contrat verbal avec cet engagé Edwige Légaré auquel Martin Dubreuil apporte sa fougue et sa bonhomie tapageuse.  Les travaux et les jours sont l’occasion de rares visites de parents ou voisins éloignés. Des schémas de relations vicinales ou généalogiques surgissent au détour des discussions et échanges. La parole y est reine et les écrits rares.

Comme dans la vie, en suivant fidèlement les saisons.

Une culture de l’entraide percole tout au long du récit dont le représentant le plus évident est le voisin Eutrope Gagnon dont les qualités se dévoilent peu à peu amenées par l’ingénieuse interprétation d’Antoine Olivier Pilon. Une connaissance de la famille, François Paradis, par son aura de coureur de bois et son entregent, est mieux accueillie par le clan Chapdelaine. Maria par des regards furtifs, de courtes phrases, signale ce possible penchant amoureux. La séquence dans l’épisode des bleuets montre bien le cheminement à petits pas entre ces deux êtres auxquels Émile Schneider et Sara Montpetit apportent toute la précise délicatesse de leur jeunesse.

La cinématographie de Michel La Veaux magnifie les paysages dans leurs jeux de lumière et d’ombre sur les eaux, la neige, la terre et la boue.

Dans les intérieurs recréés avec art par Jean Babin, la luminosité captée par le directeur photo se fait plus discrète au gré des saisons. Dans ces intérieurs d‘étable ou de la petite maison où vit cette famille unie, les chandelles prennent une grande place, vacillant dans des noirs et quelques gris superbement rendus. La veillée avec ses chansons, ses gigues, ses récits et ses apartés constitue un point majeur de cette chronique. Des illustrations d’Edmond-Joseph Massicotte pourraient avoir inspiré le cinéaste.

Samuel, habituellement si laconique, y pousse une chanson, ode sous des atours cachés à sa Laura bien-aimée. Sébastien Ricard, alors et plus tard dans son long monologue tiré verbatim du roman, montre encore une fois les qualités primordiales de son jeu. Hélène Florent incarne par sa tenue à la fois droite et bienveillante Laura toujours pilier de ce foyer. Le témoignage de son mari alors veuf constitue un hommage à ces femmes qui, selon l’expression consacrée, ne travaillaient pas car elles avaient trop d’ouvrage. Sébastien Pilote, avec l’appui total de son équipe, continue son exploration de la transmission des valeurs rajoutant une teinte féministe soulignée par la subtile vérité du jeu de la jeune Sara Montpetit.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sébastien Pilote

Scénario
Sébastien Pilote

Direction photo
Michel La Veaux

Montage
Richard Comeau

Musique
Philippe Brault

Un moment de tournage.

Genre(s)
Drame d’époque

Origine(s)
États-Unis

Canada [Québec]

Année : 2021 – Durée : 2 h 39 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
Maria Chapdelaine

Dist. [ Contact ]
MK2 | Mile End

Classement
Visa Général

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]