Riceboy Sleeps

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 17 mars 2023

SUCCINCTEMENT.
Le quotidien d’une mère célibataire coréenne et de son fils adolescent vivant en tant qu’immigrants au Canada dans les années 1990.

 

COUP de ❤️
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★ ½

texte
Élie CASTIEL

 

« En tant qu’homme, tu n’as le droit de pleurer que trois fois dans ta vie; lorsque tu nais, quand ton père meurt et quand ta mère meurt. Autrement, tous diront que tu es faible… » C’est ce que So-young dit à son fils, Dong-hyun lors d’un échange.

Les

tourments

de

l’âme

En 2011, un court, Two x 4, suivi de Daughter (2019), sorte de rite de passage vers le long métrage. Avec Riceboy Sleeps, la maturité atteinte, certaine, affranchie, assumant les responsabilités propres à la mise en scène. Un vrai cinéaste canadien se révèle au grand jour. Il a pour nom Anthony Shim. Une sorte de révolution dans le cinéma du pays, les réalisateurs sans doute trop préoccupés par la mainmise du cinéma québécois. D’une certaine façon, on peut les comprendre.

Il n’est pas curieux que Shim parle de ses origines. D’où cette voix off qui débute le film comme s’il fallait se confesser au public. Quelque chose comme il était une fois en Corée du Sud, une femme, un homme, un enfant, le décès de l’homme. Le départ pour le Canada de la mère, maintenant monoparentale.

Et une fiction en partie autobiographique qui, du plan de la réalisation, ne cesse de bifurquer son regard vers le souvenir, la mémoire, certes, les impératifs d’une vie d’enfant sans figure paternelle.

Un échange mère-fils ponctué de charge émotionnelle.

Et puis les début dans un nouveau pays. Au primaire, les élèves pas toujours accueillants. Le jeune Dong-hyun (sensible et brillant Dohyun Noel Hwang) doit constamment se battre malgré son âge. Côté-mère, au travail, dans une usine, un fossé culturel amoindri par quelques employées issues du même pays. Une chance pour So-young (excellente Choi Seung-yoon, au jeu tout en délicatesse, battante lorsqu’il le faut).

Intentionnellement, de par la musique intelligemment choisie de Andrew Yong Hoon Lee et l’image poétique et bien sentie de Christopher Lew, le film subsiste par son tempérament, son lyrisme. Surtout et avant tout par l’émotion, ces dernières années notion devenue presque « taboue » dans un certain cinéma d’auteur. Aucun compromis avec les qu’en-dira-t-on ou autres accusations de vacuité de la part de Shim.

Au contraire, Anthony Shim endosse sa démarche; sa proposition bien que tenant sur un fil sensible, prêt à se détacher à tout moment, participe de ce jeu de correspondances qui vise à rapprocher les personnages, à place la mise en scène dans un état de rêverie, entre le réalisme social et le drame onirique. Les plans, autant austères que splendides, naviguent dans des couleurs opposées, selon les circonstances.

Tout se complète dans la mise en scène, magique, brillamment orchestrée, lyrique. Qui des deux l’emportera aux prix Écrans canadiens, son film ou celui de Clement Virgo, Brother ?

Trois parties, chacune proférant ses propres attributs. Devenu adolescent, Dong-hyun (cette fois-ci, versatile et vulnérable Ethan Hwang) navigue dans divers univers parallèles : au collège et chez lui. Et puis le voyage en Corée avant que… là où la mère et le fils atteignent finalement une filiation exemplaire, accomplie. Dong-hyun se rase les cheveux, courts, bien courts, comme s’il se débarrassait de son passé, prêt à entamer un futur placide malgré les circonstances. Ce sont les choses de la vie. Les fossés entre la mère et le fils ont disparu.

Avec Riceboy Sleeps, sans doute l’un des meilleurs films canadiens des dernières années, Anthony Shim s’avère un jeune cinéaste de la relève (et de la diversité – qu’il rejette sans doute) remarquable, d’une sensibilité contagieuse, jouant avec l’émotion tout en évitant le mélodrame larmoyant.

Tout se complète dans la mise en scène, magique, brillamment orchestrée, lyrique. Qui des deux l’emportera aux prix Écrans canadiens, son film ou celui de Clement Virgo, Brother ?

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Anthony Shim

Scénario
Anthony Shim
Direction photo
Christopher Lew

Montage
Anthony Shim
Musique
Andrew Yong Hoon Lee

Anthony Shim.
Une question d’appartenance.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canada

Année : 2022 – Durée : 1 h 57 min
Langue(s)
V.o. : anglais, coréen; s.-t.a.

Laiseuboi seullibseu

Dist. [ Contact ] @
FunFilm
[ Wazabi Films ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

 

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]