The Goldfinger

 PRIMEUR
Sortie
Vendredi 29 décembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Années 1980. Hong Kong est encore sous le régime colonial britannique. La montée et la chute d’une société fictive de Hong Kong, Jiali Group, en suivant son président Cheng Yiyan pendant quinze ans d’enquêtes sur la corruption, les meurtres, les millions perdus en frais juridiques et les milliards perdus en valeur marchande.

 

C H O I X
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

Le loup

de Hong Kong

 

Le film, achevé en 2021, ce n’est que le 30 décembre que The Goldfinger sort un peu partout en salle, y compris aux États-Unis et au Canada – à Montréal, nous avons pu le voir aujourd’hui, le 29 décembre, sous la bannière de film « ethnique », sorti donc inaperçu par le public majoritaire alors qu’il s’agit d’un très grand film qui aurait bien pu être programmé à l’incontournable Fantasia 2023 ou sortir sous des auspices plus réguliers.

Délaissant la performance de Chow Yun-Fat dans l’intéressant et revigorant Project Gutenberg (Mou seung, 2018), Felix Chong s’en prend amicalement aujourd’hui à deux icônes du cinéma hong-kongais (chinois), Tony Leung chiu-wai et Andy Lau. Un duel  d’acteurs qui, en fait, n’en est pas un. Des face-à-face, des confrontations, quelques brèves séquences où le cynisme de l’un et la rigueur de l’autre sont teintés d’un humour parsemé de zones grises.
Mais surtout, le respect que l’un a envers l’autre dans ce combat entre deux bêtes de scène qui se revoient sur un plateau deux décennies plus tard.

Il est évident qu’i faut être au courant des codes rigides qui régissent les lois de la finance dans ce milieu, mais force est de souligner que le réalisateur, entre autres, de l’excellent Infernal Affairs (Mou gaan dou, 2002), aussi avec le duo Leung / Lau s’assure que vingt ans après, il les réunit dans ce tour de force, certes passablement un peu moins achevé, notamment en raison de quelques redites, mais tout aussi édifiant sur le portrait d’un monde particulier.

Chong est né dans un Hong Kong sous la tutelle de l’Empire britannique qui, en quelque sorte, n’a aucune envie d’une rétrocession à la Chine, territoire cédé le 1er juillet 1997. En attendant cette date, des intérêts chinois ont bien appris leurs leçons sur l’économie de leurs colonisateurs.

Malversations, pots-de-vin, intrigues politiques, immoralité, ententes avec les forces de l’ordre et le gouvernement. Une île corrompue autant par une partie infime des autochtones que par les colons.

Ne rien laisser au hasard.

Des chiffres d’affaires, des loyautés qui s’effritent; on passe d’une main à l’autre, d’une amitié à un courant ennemi. Chong parle peu du privé, si ce n’est de la relation du personnage campé par Lau et son épouse. Leung Chiu-wai est ici le « Bad Guy », celui par qui les mauvaises choses arrivent. Et il campe ce rôle , malgré les apparences, avec une déréliction hallucinante.

Le film s’inspire d’un fait divers financier ayant fait la manchette au début des années 80 – le Carrian Group, un conglomérat hong-kongais qui s’est rapidement étendu comme par enchantement, pour finir au banc des accusés.

Un périple dans le monde de la finance en mode Hong Kong-britannique qui ne cesse de séduire le regard et dans le même temps le remettre en question.

Peu importe les enjeux financiers de cette saga. Narrativement, The Goldfinger suit linéairement les étapes de l’affaire avec un soin apporté aux détails : les enjeux de pouvoir, psychologiques et de loyauté envers le groupe sont mis à dure épreuve. Idem pour les intérêts personnels.

Felix Chong mise surtout sur la mise en image, quasiment obsédée par le contenu du cadre et par ses deux comédiens-vedettes. La direction photo d’Anthony Pun et la prise en charge de la caméra par Jai Ip contribuent à mettre en relief les attributs iconographiques des deux acteurs, qui n’ont rien perdu de leur pouvoir de fascination. Quelques gros plans, chez l’un ou chez l’autre, illuminent l’écran.

Un périple dans le monde de la finance en mode Hong Kong-britannique qui ne cesse de séduire le regard et dans le même temps le remettre en question.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Felix Chong

Scénario
Felix Chong

Direction Photo
Anthony Pun

Camera
Jai Ip
Montage
William Chang

Curran Pang
Musique
Dai Tai

Felix Chong

Genre
Chronique policière

Origines
Chine / Hong Kong
Année : 2021 [2023] – Durée : 2 h 06 min
Langues
V.o. : cantonais, mandarin;

s.-t.a. & chinois
Jīn shŏuzĭ

Dist. [ Contact ] @
Imtiaz Mastan
[ Emperor Motion Pictures ]

 

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]