All the Beauty and the Bloodshed

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 02 décembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Portrait de la photographe et activiste Nan Goldin.

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Luc Chaput

 

De l’intime

et du public

 

Dans un musée new-yorkais, un samedi soir, tombent, en virevoltant des étages supérieurs sur la place centrale, des billets de prescription dénonçant les actions éhontées d’une famille et d’une compagnie pharmaceutique.

La responsable de cette action frappante est la photographe américaine reconnue Nan Goldin. Confrontée dans son corps à l’effet délétère des opioïdes, elle a publié dans une revue d’art un article attaquant Purdue et les Sackler. La réalisatrice documentaire américaine Laura Poitras (Citizenfour) a pris connaissance de cette diatribe et nous offre un portrait intime de l’artiste et accompagne les réunions et manifestations de l’organisation PAIN (Prescription Addiction Intervention Now) que Goldin a mise sur pied

Le regard introspectif et extérieur à la fois.

Une série d’entrevues durant deux ans sert d’assises à une récapitulation imagée de la vie de la créatrice qui reprend, dans une autre forme, les spectacles de diapositives qui l’ont rendue célèbre. Sa voix éraillée égrène des informations précises et toujours pertinentes sur son enfance et son adolescence et sa découverte d’un nouveau milieu. Nancy documente la constitution d’un réseau d’amis qu’elle nomme sa nouvelle famille par des clichés qui la font connaître dans le milieu de la contre-culture des années 80. Des photos quelquefois de scènes crues ou osées aux couleurs voyantes dialoguent ainsi avec les propos de Goldin. Des extraits de films de Vivienne Dick ou Bette Gordon rajoutent à notre compréhension immédiate de l’atmosphère de transgressions de l’époque.

Dans une cinématographie au service du sujet et sans fioritures inutiles, monté avec un doigté exemplaire par Joe Bini et Amy Foote, ce long métrage, fruit d’une rencontre au sommet entre deux artistes, se termine tout d’abord par un rapport médical dévastateur sur un épisode majeur de l’enfance de Nancy puis par un renversement étonnant dans un de ces temples de l’art.

Capter le moment à l’improviste.

Dans cette œuvre construite en sept sections, la cinéaste présente la famille Sackler et son importance par le biais de dons majeurs dans la panoplie muséale mondiale. Le travail de sape de la notoriété de cette parentèle est mené par Nan et ses amis de PAIN dans des variations sur les méthodes employées par Act Up lors de la lutte contre les ravages du SIDA. Un rappel précis de l’implication de Goldin dans cette bataille dans laquelle déjà art et politique ne faisaient pas bon ménage permet de relier ces deux moments où des groupes ont placé sur la place publique la nécessité que des dirigeants, auparavant intouchables, rendent des comptes.

Dans une cinématographie au service du sujet et sans fioritures inutiles, monté avec un doigté exemplaire par Joe Bini et Amy Foote, ce long métrage, fruit d’une rencontre au sommet entre deux artistes, se termine tout d’abord par un rapport médical dévastateur sur un épisode majeur de l’enfance de Nancy puis par un renversement étonnant dans un de ces temples de l’art.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Laura Poitras

Idée
Laure Poitras

Direction photo
Nan Goldin

Montage
Joe Bini, Amy Foote
Brian A. Koates

Musique
Soundwalk Collective

Laura Poitras.
Le plus simplement possible.

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
États-Unis

Année : 2022 – Durée : 1 h 57 min

Langue(s)
V.o. : anglais

All the Beauty and the Bloodshed

Dist. [ Contact ] @
Entract Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]