Bacurau

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 03 juillet 2020

SYNOPSIS SUCCINCT
Le village de Bacurau dans le sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte.

CRITIQUE
texte
Élie Castiel

★★★ ½

De sang et de poussière

Un des moments les plus éloquents dans Bacurau est la visite du Musée historique de ce patelin perdu et imaginé par deux cinéastes aux vertus socio-historiques indéniables. Et un amour inconditionnel au cinéma de leur pays – on évoquera indiciblement le célèbre Antonio das Mortes (1969) de l’incontesté Glauber Rocha – de toute évidence, Bacurau possède quelque chose du Cinema Novo brésilien, période adulée par la critique sérieuse qui cherche autre chose que la description narrative des films, voyant dans la plupart des œuvres en question un prétexte pour parler, on l’espère perméablement, de leur construction.

Justement, le film de Mendoza Filho et Dornelles est en constante élaboration, même si fragile, à mesure que les évènements surviennent; et rien n’est plus surprenant que de voir une foule de non professionnels s’intégrer à la caméra, filmant le paysage rocailleux, la poussière, la sécheresse et ces visages primaires d’un brésil au soleil qui brûle. Chose étrange, les villageois ou encore ces errants sans terre ont accédé aux nouvelles technologies comme les cellulaires, impensable peut-être mais qui aux yeux des réalisateurs demeurent le reflet d’une colonisation américaine sans précédent.

L’anti-Bolsonaro  est évident. Sans doute aurait-il fallu aller plus loin ! Mais dans un autre ordre d’idée, le sexe demeure un acte biologique dont on ne peut s’en passer. L’acte sexuel, justement politisé, se joint comme par magie au rituel de la mort. D’une part, la vieille dame de 94 ans qu’on enterre au début selon les préceptes à la fois chrétiens et vaudou. Dans un sens, Bacurau est un opéra des gueux, et encore plus loin, un chant d’amour à forte identité nationale, une ode à la Terre et aux habitants.

On regrettera à peine la fiction criminelle de la fin, mais qu’importe, le reste du film nous donne la nette conviction que le cinéma brésilien résonne encore de sa force magnétique. Comme d’habitude, Udo Kier demeure le « Bad Guy » de service incontesté du cinéma mondial. Il a tout de même la gueule de l’emploi et on s’en réjouit.

Et Sônia Braga, la fameuse Dona Flor et ses deux maris / Dona Flor e Seus Dois Maridos) du milieu des années 1970 ; ici, en vieille dame indigne, infirmière ou docteur du village, qui sait? Elle assume les années avec sans-gêne, et bien plus, avec une résignation sans pareil qui nous réconcilie avec notre existence.

Dans un sens, Bacurau est un opéra des gueux, et encore plus loin, un chant d’amour à forte identité nationale, une ode à la Terre et aux habitants.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Kleber Mendoza Filho

Juliano Dornalles

Genre(s)
Action

Origine(s)
Brésil

France

Année : 2019 – Durée : 2 h 11 min

Langue(s)
V.o. : multilingue; s-t.a. ou s.-t.f.

Bacurau

Dist. @
[ Cinéma du Parc ]
@ Kino Lorber

Classement recommandé
 Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]