Pour vous faire une idée en mouvement sur Christian Serritiello ↓
SUCCINCTEMENT. Lors du tournage d’un film en hommage à un vétéran du cinéma hollywoodien, le personnage principal disparaît du plateau.
CRITIQUE. [ Court métrage ]
★★★ ½
texte Élie Castiel
Christian Serritiello.
Qui est donc Bruce? Pourquoi est-il parti du plateau de tournage d’un film qui lui était consacré? Quel est le mystère autour de cette disparition? Pour Christian Serritiello, acteur dans une quarantaine de productions, y compris dans ses quelques courts métrages, cette soudaine absence n’est sans doute que la difficulté, voir impossibilité de filmer ce qui ne se doit pas. Et lorsque le sujet du film est l’artisan même de cet affront, nul doute que le cinéma devient une cible facile.Suite
Hellas, et non pas la Grèce. C’est intentionnel, viscéralement voulu. Car ce nom mythologique et poétique renvoie à une idée de la démocratie aujourd’hui éteinte, parce que le film d’Angélique Kourounis est un cri de désespoir, de douleur à la fois nostalgique et mélancolique d’une Grèce qui n’est plus, car elle s’est laissé pervertir par la nouvelle maladie du siècle: l’indifférence, comme un peu partout à travers le monde. Nous sommes dans le cycle des diabolisations, des nouveaux enjeux racistes, d’une droite nostalgique.
P R I M E U R Numérique Sortie Vendredi 14 mai 2021
SUCCINCTEMENT Début des années 1960. À 22 ans, Rainer Werner Fassbinder est un metteur en scène qui ne rêve que de faire du cinéma, voire devenir l’un des plus grands réalisateurs, à l’instar d’Orson Welles, Douglas Sirk, John Ford, Jean Luc Godard. Il s’entoure d’une troupe de fidèles et sort en salle L’amour est plus froid que la mort / Liebe ist kälter als der Tod, dans l’esprit de la Nouvelle Vague. La suite, c’est son histoire.
CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]
texte Élie Castiel
★★★★
« Each man kills the thing he loves »
[ Chaque homme tue la chose qu’il aime ]
Ce sont là quelques-unes des paroles de la chanson de Peer Raben, chantée par Jeanne Moreau dans Querelle, ultime magnifique film de Rainer Werner Fassbinder, l’un des cinéastes les plus influents de la « movida » cinématographique allemande des décennies 1960 et 1970, interrompue en 1982, avec le décès du cinéaste, à 37 ans. Quelque chose qui a à voir avec le destin, ce spectre de la mort qui dans Enfant Terrible, apparaît devant Fassbinder, comme dans le Don Giovanni de Mozart. Ce dernier, homme à plusieurs femmes; dans l’esprit d’Oskar Roehler, collectionneur d’hommes.
Warhol et Fassbinder dans Enfant Terrible. Deux icônes de la contre-culture.
Cinéaste prolifique, 43 réalisations en 16 ans de carrière. Homme de théâtre aussi, qu’il délaisse pour une vie de cinéma. Homme colérique, écorché, encore une fois, amoureux des hommes, mais bien plus de sa profession. Une façon de tourner propre à ces années de liberté artistique dans les pays libres occidentaux. Premiers pas rapides d’une libération en matière de sexualité, particulièrement en ce qui a trait à la communauté LGBT. Une explosion de consommation de drogues, de comportements sexuels délirants et des histoires d’amours impossibles. Et de rencontres avec d’autres icônes de la contre-culture permanente, comme Andy Warhol.
On accuse Fassbinder, dans certains médias, de chauvinisme, d’antisémitisme, d’être homophobe aussi, alors qu’il est lui-même gai. Un bilan que le cinéaste Roehler – entre autres, Les particules élémentaires / Elementarteilchen (2006), dresse avec une certaine retenue, préférant se concentrer sur d’autres aspects de la personnalité du réalisateur.
L’amour est plus fort que la mort. L‘esprit de la Nouvelle Vague.
Reste un film ambitieux – s’en prendre à une icône du cinéma allemand, grand créateur à une époque où l’appétit cinématographique en Occident atteint un apogée considérable. Dans le cas de Rainer Werner Fassbinder, quelle que soit son idéologie, disparate, éclatée, controversée, créer, c’est d’abord détruire, pour mieux recréer, si possible, davantage. Dans les films comme dans la vie.
La mise en abyme entre Roehler et Fassbinder s’inscrit dans une tentative du premier à iconiser le deuxième, parfois lui vouant une fascination délirante, quasi incestueuse. La réalisation se sert ainsi de cette prise de position idéologique pour jongler avec des films de la carrière fassbinderienne bien précis. Si Querelle domine, c’est bel et bien pour souligner l’apport du film dans la mouvance queer, mais dans le même temps sert de film testamentaire. Comme un chant du cygne.
À une vitesse inouïe, deux heures et quinze minutes, comment couvrir une vie, une carrière aussi troublante que vécue dans la folie, l’excès, les humeurs incontrôlables. Cela commence dans les années 60 et l’homme en question n’en peut plus du théâtre, préférant l’objectif de la caméra, capable de capter la vie, de l’enregistrer sans tricher.
À une cadence d’enfer si on a vécu cette époque et particulièrement suivi la carrière du cinéaste. La critique s’éclate, admirative devant son œuvre aussi volumineuse que controversée. Les Cahiers et autres revues influentes révèlent tous les mérites du réalisateur avec des textes analytiques, des écrits de fonds.
Querelle. Entre la pesanteur des paradis artificiels et un rejet obsessionnel de la morale.