Salut l’artiste

Irène Papas.
1926.29-2022

In
MEMORIAM.

texte
Élie Castiel

La

tragédie

grecque

comme

soutien

moral

La date de sa naissance est matière à controverse.1926? 1929? Elle aurait donc eu 93 ou 96 ans. Peu importe puisque Irène Papas, à l’instar de sa compatriote Melina Mercouri, traverse une carrière internationale, certes avec moins d’envergure, mais récoltant les honneurs partout.Comme la compagne de Jules Dassin, grecque, pas moins que cela. Fière, altière par orgueil légitime. Sa culture avant tout, son patrimoine issu d’une antiquité fondatrice.

Suite

Jean-Luc Godard.
1930-2022

Jean-Luc Godard

Au total, 131 réalisations, toutes expérimentations, durées et modes d’expression confondu(es). Un cinéma des modernités, pour certains, « de la modernité » puisqu’avec À bout de souffle, les codes de la narration bouleversent le cinéma, non seulement français, mais universel. On a tant publié sur lui qu’un hommage pourrait paraître superflu. On l’a tant enseigné que sa mort peut-être vue comme un voyage au loin, sans retour, mais son idée du cinéma si présente dans cette mémoire cinématographique qui croit encore qu’il s’agit d’un Art.

HOMMAGE.
texte
Élie Castiel

Un

cinéma

des

altérités

Même sa mort a été orchestrée. La Suisse lui permet le « suicide », comme pour en finir avec ces incessantes pathologies. Audace de l’Homme, mais également, à bien y penser, une sorte de mise en scène, une mise en abyme entre sa propre finitude et son parcours prodigieux.

Force est de souligner que Adieu au langage (2014) est une sorte de mort annoncée, les quelques bribes qui suivront ne seront qu’alimentaires à son esprit imaginatif. Il reste tout à fait conscient que bientôt, ce sera fini.

Brigitte Bardot.
Le mépris

Certes, plusieurs périodes-Godard, dont celle des années 60, me semble la plus intéressante. Sans trop de pressions sur les modes narratifs, il invente toutefois des façons de raconter; il tourne en extérieur, la rue, Paris le jour et la nuit, les intérieurs de ces minuscules appartements où Belmondo et Seberg s’adonnent à leur aventure sentimental tout en refaisant le monde (et le cinéma).

Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg.
À bout de souffle

Nous éviterons les listes interminables. Les périodes qui suivent les années 60 marquent un cinéma des altérités des discours et des rapports formels. Expérimenter avec le cinéma comme appui à un monde qui ne se comprend plus. Dans son esprit, est-ce la fin du discours intellectuel? L’hégémonie de la pensée unique? Il se radicalise aux yeux de certains, mais peut rejoindre ses partisans de longue et « nouvelle » dates.

Anna Karina
Vivre sa vie

Pour le souvenir : bien entendu, Bébel et Seberg. Anna Karina pour Vivre sa vie et, personnellement, la Bardot du Mépris, dont il n’en voulait pas, mais qu’il a réussi à rendre, grâce à des procédés techniques, notamment en ce qui a trait à la couleur et à la lumière, resplendissante, d’une modernité hallucinante et quasi éternelle dans sa féminité. Non pas féministe, pas le moins du monde, mais libre face à sa physicalité et à sa sexualité.

Même si son cinéma des deux dernières décennies m’a semblé barbant, une profond désir de continuer à expérimenter, un immense respect envers cet incontournable mode d’expression. Godard, le récalcitrant intempestif des normes et codes cinématographiques bien ordonné(es). Une vision du monde et de sa profession uniques. Son temps lui appartient.

Je vous salue, salope :
La misogynie au temps du numérique

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 09 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Plongée dans un récit composé de plusieurs femmes victimes d’agression.  Elles ont décidé de ne plus se taire.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

 

Femmes au bord

de la crise

d’intimidation

Les deux réalisatrices ont choisi quatre femmes pour appuyer leur thèse, pas nouvelle dans la sphère publique, mais d’autant plus essentielle qu’encore aujourd’hui, les questionnements qu’elle soutient sont encore d’actualité; situation qui empiré au cours des quatre années de Trump au pouvoir.

Il y a Laura Boldrini, première femme nommée à la chambre des députés en Italie. Puis Kiah Morris, de Chicago, installée avec mari et enfants dans une petite ville du Vermont, représentante au Congrès.

Plus près de nous, Laurence Gratton, suivant des cours de pédagogie dans un établissement universitaire pour ensuite enseigner au primaire. Et puis, la Française Marion Séclin, qui propose un niveau discours sur le féminisme, travail comme vidéaste aidant.

Comme dénominateur commun aux quatuor : les violences verbales de toutes sorties, les messages de possible agression, le racisme ordinaire. Surtout et avant tout parce qu’elles sont des femmes qui détiennent (ou détiendrons) une certaine forme de pouvoir.

Une idée sexiste sur la réverbération des mots.

Pour certains hommes d’aujourd’hui qui ne se reconnaissent plus face aux divers mouvements d’émancipation de la femme, les réseaux sociaux sont une arme à double tranchant; d’une part, leur permettant de réduire la femme au rang des pires salopes (d’où le vocable dans le titre français du film); de l’autre, le accusant de les avoir détrôner.

Le système patriarcal n’est pas prêt à s’écrouler. On aurait cependant voulu que Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist réagissent aussi face à ces femmes qui défendent ce sexisme, comme celles qui ont voté massivement pour Trump. Dans un sens, le film de Clermont-Dion et Maroist oscille entre diverses couches narratives, ne sachant pas toujours quel point de vue prendre.

Télévisuelle comme approche cependant, fortement appuyé par les réseaux impliqués dans la production qu’on constate dans le générique de fin. Conclusion : essentiel et stimulant.

Le discours de Kiah Morris nous a semblé le plus poignant parce que la protagoniste entretenant ses propos avec une force d’évocation pénétrante. Le mari, lui, avoue sa tristesse face aux harcèlement dont elle est victime. Elle se bat, il la suit dans cette bataille.

Visuellement, rien de vraiment neuf dans le genre documentaire, même si quelques sophistications bienvenues s’infiltrent par-ci, par-là. Télévisuelle comme approche cependant, fortement appuyé par les réseaux impliqués dans la production qu’on constate dans le générique de fin. Conclusion : essentiel et stimulant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Léa Clermont-Dion
Guylaine Maroist

Scénario
Léa Clermont-Dion
Guylaine Maroist

Direction photo
Louis-Vincent Blaquière

Fabien Côté
Steeve Desrosiers

Montage
Jean-François Lord
Éric Ruel

Musique
Antoine Rochette

Genre(s)
Documentaire social

Origine(s)
Canada [Qc]

Année : 2022 – Durée : 1 h 21 min

Langue(s)
V.o. : anglas, français; s.-t.a. ou français

Backlash : Misogyny in the Digital Age

Diffusion @
Les Productions de la Ruelle

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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