Chhapaak

Semaine 02
du Ven 10 au Jeu 16 jan 2020

SUCCINCTEMENT
En 2005, la jeune Malti est victime d’une attaque à l’acide dans les rues de la Nouvelle-Delhi. Elle raconte son histoire et sa lutte pour la justice.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

En incarnant à découvert une victime « au vitriol »

Padukone confirme son militantisme « au féminin »

Et plus clairement, pas du tout féministe. Car depuis quelques années, Bollywood se transforme, les cinéastes portant leur regard sur les enjeux de (leur) société et sur la politique – autre thème de plus en plus courant, le drame historique – voir Tanhaji ici – Le constat est d’autant plus clair que certains films, tout en conservant plus légèrement l’élément-chant (industrie qui rapporte gros en Inde), sacrifie les chorégraphies spectaculaires au profit de la narration. En fin de compte, certains critiques étrangers (et des indiens également) jugent ces cinéastes de moralisateurs. Nouvelle tendance : personne n’a le droit de juger, même avec de bons arguments à l’appui.

Toujours est-il que dans le cas de Meghna Gulzar, elle a souvent été intéressée par la thématique autour des femmes (Raazi / 2018 et avant cela, en 2007, par la voie de la comédie dramatique, Just Married: Marriage Was Only the Beginning / Honeymoon). Ici,« l’attaque à l’acide » perpétré sur, notamment, sur les visages des femmes est devenu en Inde un phénomène tragique de société; la raison est bien simple, drame de la jalousie : « tu seras  uniquement mienne ou à personne ». Un des cartons au générique de fin exprime à quel point les statistiques ont rehaussé, jusqu’à tout récemment et les coupables proviennent de toutes les couches sociales.

Dans Chhapaak – que les paroles d’une chanson viennent de temps en temps accentuer le drame – il s’agit d’un fait vécu. Malti est l’une des rares survivantes à une agression au vitriol et raconte son histoire. D’une part, il y a le choix de l’actrice principale, une vedette à Bollywood; Deepika Padukone – ces temps-ci, elle est dans les manchettes en Inde dû à ses prises de position en ce qui a trait, entre autres, aux lois raciales sur la citoyenneté au détriment des Musulmans…

L’actrice ne montre pas son visage de Star de l’industrie (sauf, très subtilement, dans quelques retours en arrière), mais se permet de paraître comme la vraie victime. Il y a là un courage, une détermination qui confirme qu’en matière de jeu, tout est permis et rien ne sert de penser aux réactions populaires, souvent dévastatrices.

Gulzar assume pleinement les quelques faiblesses dans la continuité du récit, bien trop éprise du sujet, mais nous ne pouvons que demeurer étonnés par la justesse de ton, la sincérité face au propos et les risques encourus en traitant d’une problématique qui, malgré une fin salvatrice, s’avère malheureusement non encore résolue.

La mise en scène de Gulzar évite à tout prix le côté télévisuel en utilisant, par exemple, le procédé de distanciation en ce qui a trait à l’idylle entre le dirigeant d’un ONG qui s’occupe de défendre les droits des femmes agressées et défigurées et l’héroïne. En fait, malgré son nouveau visage, elle n’hésite pas à montrer son attrait envers son collègue, à l’ONG.

Gulzar assume pleinement les quelques faiblesses dans la continuité du récit, bien trop éprise du sujet, mais nous ne pouvons que demeurer étonnés par la justesse de ton, la sincérité face au propos et les risques encourus en traitant d’une problématique qui, malgré une fin salvatrice, s’avère malheureusement non encore résolue.

Soulignons, en revanche, que le grand public ne suivra pas ce chemin pavé de très louables intentions. Le divertissement anodin et sans danger règne aujour’hui dans tous les pays du monde.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Ven 10 jan 2020

Réalisation
Meghna Gulzar

Genre(s)
Drame social

Origine(s)
Inde

Année : 2020 – Durée : 2 h 02

Langue(s)
V.o. : hindi ; s.-t.a.
Splash

Dist. @
Fox STAR Studios

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]