Chup

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 23 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Une série de meurtres bizarres et inquiétants secouent la ville de Mumbai où les critiques de cinéma sont tués, semaine après semaine, au fil des sorties en salles.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Les

fleurs

du

mal

Dans un plan du film, l’acteur Amitabh Bachchan s’exprime en insistant que les critiques de cinéma sont essentiels afin qu’on puisse saisir la vraie teneur du film, du fait qu’ils sont censés connaître les fondements du cinéma.

Danny, personnage principal de Chup, est propriétaire et seul employé d’une boutique de fleurs, quelque part à Mumbai (comme jamais filmée auparavant). Et si on a l’œil observateur, on voit le portrait du célèbre acteur-réalisateur Guru Dutt, dont un de ses chefs-d’œuvre, Fleurs de papier (Kaagaz Ke Phool) avait été mal reçu pas certains critiques indiens de l’époque, lors de sa sortie, en 1959.

Mumbai : aujourd’hui. Comme l’indique notre résumé, des critiques de cinéma (tient, tous des hommes) sont assassinés suite aux mauvaises critiques de nouvelles sorties en salle).

On retiendra les tenants et aboutissant de ce thriller mené de main de maître par un certain R. Balki, du très lyrique et bouleversant Pad Man (2018). Cette fois-ci, il ne lésine pas sur les détails graphiques, comme il est de coutume dans le cinéma de cette partie du monde.

Une question d’oppositions.

Économie dans la mise en scène, litotes accomplies, sous-entendus explosifs, le tout malgré deux heures et quinze minutes dans la durée. Quelques chansons, mais bien justifiées, comme une du film Pyaasa / Soif (de Dutt, 1957) – et si je saisis bien, chantée admirablement par la regrettée et souveraine Lata Mangeshkar.

Balki, tout en rendant hommage à certains cinéastes occidentaux œuvrant dans le genre, maintient son côté indien, allant même jusqu’à lui inventer un nouveau genre, rare dans l’industrie cinématographique du pays.

Bollywood change quotidiennement. Quelques anciens et des nouveaux revendiquent un cinéma autre, pas tout à fait d’auteurs, mais négociant activement avec la forme, la narration, l’esthétique et la direction photo, franchement, adroitement exécuté pour rendre compte de certaines séquenes importantes. Chez certains opérateurs, leurs mouvements ressemblent justement à des pas chorégraphiques.

Si, depuis quelques décennies, le cinéma asiatique (Chine, Taïwan, Corée du Sud) impose son style et sa démarche tout en préservant sa propre identité, force  est de souligner que l’Inde lui emboîte de plus en plus le pas avec, souvent, un certain succès, particulièrement de la part des critiques, même si ceux de l’Inde sont les plus durs envers leur cinématographie nationale. Aller savoir pourquoi. J’ai ma propre théorie à ce sujet, mais je préfère demeurer discret.

Interprétation dans la note. Mise en scène solide. Propos, édifiant, d’autant plus qu’on ne parle pas souvent du métier de critique de cinéma à l’écran, le grand ou le petit. Ça, c’est déjà quelque chose d’accompli.

Et à raison malgré le manque d’intérêt d’une grande partie du public occidental. Apparemment, Balki a réalisé ce film car il en avait marre des mauvaises critiques.

Dommage que Chup ne va pas aussi loin pour analyser les démarches de ces critiques quant à l’évaluation de certains films. Ce qu’il insiste à dire, c’est cet exercice (en général, intellectuel, mais de moins en moins) est une question de subjectivité plus qu’autre chose.

Interprétation dans la note. Mise en scène solide. Propos, édifiant, d’autant plus qu’on ne parle pas souvent du métier de critique de cinéma à l’écran, le grand ou le petit. Ça, c’est déjà quelque chose d’accompli.

Quant au titre baudelairien de notre article, à vous de découvrir sa signification en allant voir le film.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
R. Balki

Scénario
R. Balki

Raja Sen
Rishi Virmani

Direction photo
Vishal Sinha

Montage
Nayan H.K. Bhadra

Musique
Aman Pant

R. Balki, réalisateur.
Et si les critiques de cinéma
n’avaient pas toujours raison ?!

Genre(s)
Suspense policier

Origine(s)
Inde

Année : 2021 – Durée : 2 h 15 min

Langue(s)
V.o. : malayalam; s.-t.a.

Shut Up
Chup. Revenge of the Artist

Dist. [ Contact ] @
Malayalam Cinema

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Violence ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]