Coupez!

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 21 octobre 2022

SUCCINCTEMENT.
Un tournage de film de zombies. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d’horreur à petit budget.

CRITIQUE.
★★ ½

texte
Pascal Grenier

L’envers du décor

Pour l’histoire, Ne coupez pas! (Kamera o tomeru nal) est un
petit film fauché mais inventif japonais au budget dérisoire
(25 000 $) qui a connu un succès commercial démesuré dans
son pays (26 millions de dollars de recettes) et qui jouit depuis
d’une réputation de film culte à l’échelle mondiale.

Il était donc inévitable que ce film de Shin’ichirō Ueda se voit offrir le luxe d’un remake international avec Coupez! du cinéaste français Michel Hazanavicius. Grand cinéphile depuis toujours, le réalisateur d’origine lituanienne et frère cadet de l’acteur Serge Hazanavicius s’est toujours intéressé à l’univers du septième art dès ses débuts en 1993 avec son premier essai cinématographique (le téléfilm La classe américaine : Le grand détournement coréalisé avec Dominique Mezerette) où il proposait un montage d’extraits de films avec des acteurs célèbres et aux dialogues détournés un peu à la manière de Woody Allen pour What’s Up Tiger Lilly?. Et depuis, la majorité de ses films tournent autour du milieu du cinéma : que ce soit sous forme de pastiche avec la reprise de la série de films d’espionnage OSS 117, du cinéma non sonore avec The Artist ou encore sur la relation de Jean-Luc Godard et Anna Wiazemsky après le tournage de La Chinoise.

Se payer de faux effets racoleurs.

Coupez! constitue une occasion en or pour satisfaire ses obsessions et son amour pour le cinéma puisque l’action de cette comédie sanglante se situe dans les coulisses du tournage et sur le processus de fabrication d’un film. Très fidèle dans son ensemble, Coupez! est une comédie autodérisoire qui fonctionne davantage si vous n’avez pas vu l’original. Mais sinon vous risquez d’être déçu même si on y trouve à l’occasion quelques moments savoureux et que les comédiens jouent le jeu avec entrain. L’aspect méta est encore plus mis de l’avant dans cette nouvelle mouture avec la présence notamment de l’actrice japonaise Yoshiko Takehara qui incarne un rôle secondaire similaire de la consultante mais aussi sur le fait qu’on cite dans le film qu’il s’agit bien d’un remake du film japonais d’origine.

C’est certes une comédie légère sur le processus filmique où toutefois le sentiment de dédain l’emporte sur le regard initial. De telle sorte qu’au final, on est en présence d’un compagnon fidèle à The Disaster Artist de James Franco où l’aspect humoristique est conçu au détriment du modèle de départ et où le pastiche est diffus derrière des effets mensongers.

Mais là où le film fait défaut est que c’est surtout une gimmick pour Hazanavicius et son équipe de se payer un long plan-séquence de 32 minutes au début du film avec ces faux effets racoleurs et son filtre artificiel de film maladroit. Outre cet aspect poseur, on y décèle un sentiment de mépris envers le cinéma fauché souvent qualifié de série Z dans le jargon cinéphilique. D’ailleurs, le titre original (Z) a été changé à la dernière minute avant sa présentation à Cannes en raison de la symbolique de la lettre Z dans le conflit russo-ukrainien qui sévit en ce moment. Mais toujours est-il qu’en cherchant à célébrer – avec un budget considérable pour y parvenir à ses fins – le médiocre et le talent limité d’artistes marginaux, Coupez! prend une tournure mal intentionnée.

C’est certes une comédie légère sur le processus filmique où toutefois le sentiment de dédain l’emporte sur le regard initial. De telle sorte qu’au final, on est en présence d’un compagnon fidèle à The Disaster Artist de James Franco où l’aspect humoristique est conçu au détriment du modèle de départ et où le pastiche est diffus derrière des effets mensongers.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Michel Hazanavicius

Scénario
Michel Hazanavicius
D’après une idée
de Shin’ichirô et Ryochi Wada

Images
Jonathan Ricquebourg

Montage
Mickael Dumontier

Musique
Alexandre Desplat

 Michel Hazanavicius, réalisateur.
Tourner avec un sens aigu du délire.

Genre(s)
Comédie d’épouvante

Origine(s)
France / Japon

Grande-Bretagne

Année : 2021 – Durée : 1 h 50 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Final Cut

Dist. [ Contact ] @
Les Films Opale

Classement
Visa GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]