On the Fringe of Wild

P R I M E U R
[ En ligne ]
Sortie
Mardi 12 octobre 2021

SUCCINCTEMENT.
Dans une petite ville de l’Ontario, malgré les obstacles, deux adolescents homosexuels attirés l’un vers l’autre luttent pour accepter leur différence.

CRITIQUE.
[ Sphère LGBT ]

★★★

texte
Élie Castiel

La rigide confusion

des sentiments

  Six courts sujets plus tard, dont Serenity (2013), Hatch (2016) et Kindling (2019), la Canadienne Emma Catalfamo signe un premier long métrage sur l’inévitable coming of age (cet âge de la vie où l’on commence à devenir adulte), mais avec ceci de particulier qu’il repose sur des personnages gais, peut-être pas tout à fait, justement parce qu’ils se cherchent, se trouvent, mais l’environnement (collègues, parents, société hors des centres urbains) ne leur permet pas de s’épanouir selon leur orientation.

Quel beau titre On the Fringe of Wild (litt. En marge de la nature), très évocateur dans la langue de Shakespeare, quelque chose de poétique émanant de chaque mot, et dans le même temps, donnant aux protagonistes qui ouvrent une brèche sur leur vécu, cette distanciation nécessaire qui, au début, pourrait nous désorienter. Ne pas se décourager.

À mesure que le récit avance dans l’espace, que Catalfamo utilise admirablement bien – la nature, une entité vierge occasionnant mille et une merveilles, éveille des sentiments, mais peut également s’avérer dangereuse. Dans la mise en scène, un désir de créer des séquences qui nous paraissent inutiles mais pousse notre regard à bien observer et plus que tout, à écouter. Et elles deviennent de l’ordre de la compréhension. C’est bien dans les mots que les sentiments se créent, la transgression de l’ordre établi se précise, mais sans agressivité, venant tout droit du cœur.

Il n’est pas surprenant que Emma Catalfamo soit diplômée de Concordia en Études cinématographique, suivi d’une maîtrise à la London Film School. Un département de cinéma qui respire les images en mouvement et on n’est guère surpris que certains des talents cinématographiques d’aujourd’hui sont issus de cet établissement.

Les sentiments solides qu’on ne peut repousser.

L’arrière-pays ontarien, le monde rural, atteint d’homophobie et d’intolérance encore aujourd’hui. Situer le récit dans ce lieu qui vit à une autre époque est déjà un acte transgressif de la part de la jeune cinéaste. Ses repères géographiques sont cependant filmés sans agression même si pas toujours accueillants.

Les séquences nocturnes reposent sur les secrets qu’il faut bien garder, pour se protéger, mais dans le même temps pour donner une aura de mystère à cette histoire. Et les Hommes, les adultes, victimes d’un machisme incontrôlable que seule la tragédie peut, à la rigueur, transformer en sentiment.

Le père de Peter (très adroit Harrison Browne) tient à faire «un homme» de son fils – partie de chasse, maniement du fusil. Tout le reste est inutile. Les filles viendront avec le temps. Et la mère, elle, comprend la situation, défend son fils quelle que soit son orientation sexuelle ; mais assez dit dans un genre difficile à contrôler, le mélodrame.

Quant au sujet traité, dans la course à une acceptation de soi, les sentiments qu’on garde enfouis ou qu’on extériorise naviguent parfois dans la confusion. Le lapin dont il question dans le récit est sans doute un élément métaphorique dans la quête identitaire. 

Nous sommes persuadés que dans un prochain film, la jeune réalisatrice saura prendre conscience de ses déjà naissantes possibilités.

Catalfamo assume le genre sans se poser trop de questions, utilise certains codes appropriés à ce type de film pour mieux accentuer sa proposition, ne recule devant rien pour se permettre une certaine lenteur. Mais dans l’ensemble, On the Fringe of Wild est une première incursion dans le long métrage, sincère,  persuasive.

Quant au sujet traité, dans la course à une acceptation de soi, les sentiments qu’on garde enfouis ou qu’on extériorise naviguent parfois dans la confusion. Le lapin dont il question dans le récit est sans doute un élément métaphorique dans la quête identitaire.

Nous sommes persuadés que dans un prochain film, la jeune réalisatrice saura prendre conscience de ses déjà naissantes possibilités.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Emma Catalfamo

Scénario
Sorelle Doucet

Direction photo
Gabriela Osio Vanden

Montage
Ben Lawrence

Musique
Lora Bidner

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canada

Année : 2021 – Durée : 1 h 33 min

Langue(s)
V.o. : anglais
On the Fringe of Wild

Dist. [ Contact ]
levelFILM @
[ Breaking Glass Pictures ]

Classement suggéré
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
En DVD
&iTunes, Apple TV, Amazon, Google Play,

et autres plateformes numériques.

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]