Pamfir

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 02 juin 2023

SUCCINCTEMENT.
Dans une région rurale aux confins de l’Ukraine, Pamfir, véritable force de la nature, retrouve femme et enfant après de longs mois d’absence. Lorsque son fils se trouve mêlé à un incendie criminel, Pamfir se voit contraint de réparer le préjudice.

 

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★

Le retour du père prodigue

 

Dès le premier plan, le film prend des allures de fable intemporelle. Un homme déguisé en costume de paille qui ressemble à un personnage monstrueux des contes pour adultes fait face à la caméra.

texte
Élie Castiel

Le visage est éteint par un masque. Il s’agit de l’accoutrement que l’individu portera pour la proche fête de la Malanka. Sous la caméra du cinéaste, rite barbare, grand-guignolesque autant par le comportement des festoyants que par les sons guerriers qui se dégagent. Une veillée quasi orgiaque qui a lieu la nuit, laissant ce petit village perdu quelque part en Ukraine, bien qu’actuelle, dans une sorte de demi-monde protégé des Dieux.

Là où règne la corruption, le désordre, le machisme toxique, excessif, hors du temps. Et où les femmes se résignent à ces comportements, puisque elles-mêmes intégrées, y compris les mères, dans cette sorte de sarabande sauvage venue d’un autre temps.

Tragédie grecque? Drame shakespearien? Un monde qui se crée à travers le passage de quelques plans-séquences posés là non pas par hasard, mais pour établir le désordre, les conflits entre individus, les traites mafieuses, la contrebande surtout et ses petits gros arrangements avec l’économie souterraine, piège à conviction.

La famille, après tout.

Mon collègue Luc Chaput m’a rappelé que le film, notamment dans la séquence de la Malanka, interrompue par des passages parallèles où d’autres actions ont lieu, évoque le cinéma du Géorgien Alexandre Paradjanov et plus particulièrement Les chevaux de feu (Tini zabutykh predkiv, 1965). Si un lien existe avec Pamfir, c’est bien celui de l’intemporalité, voire même du perpétuel. Ici, chez Sukholytkyy-Sobchuk, quelque chose de l’ordre de déconstruction du temps au cinéma, non pas gratuite, mais autant pour saisir le vrai sens du comportement des personnages, en particulier celui de Léonide (Oleksandr Yatsentyuk, tout à fait magistral) que par ces nombreuses séquences fantasques où le réel disparaît pour laisser place à une imagination sans bornes.

Il s’agit, d’une certaine façon, comme il est souvent de rigueur dans les cinémas d’Europe de l’est, d’un rapport entre le vécu et le mythe, entre la vision d’un monde matériel et celle d’un environnement spirituel qui n’empêche nullement les excès de la corruption.

Survivre dans un univers où on a vu le jour, mais un monde qui a oublié les siens, d’où cet engouement pour le tribal, le recours au rituel, quelque chose du monde du superstitieux sans doute, de la croyance en un Christ rédempteur. Les scènes à l’Église, brèves par choix, renferme une certaine piété, même si le cinéaste, dont c’est ici le premier long métrage, ne se débarrasse point d’ironie et plus encore, d’amertume.

Léonide, dans cet amoncellement de tours vaches et de mauvaise chance, ne cherche-t-il pas après tout l’avenir de son fils? Quitte à souffrir les conséquences physiques alors qu’il paraît une véritable force de la nature.

[ … ] avec Pamfir, [ le cinéaste ] propose un premier essai dans le long métrage concluant, conscient que les sacrifices imposés aux jeunes d’aujourd’hui traceront la voie d’un futur avenant.

Film politique sans aucun doute. Métaphore d’un pays ruiné par la corruption et les pègres environnantes. Un pays désireux de faire partie de l’UE – on peut le comprendre avec la situation qui prévaut actuellement – mais organisme qui impose d’abord un nettoyage massif des comportements néfastes d’avant le conflit avec la Russie.

Un message de la part d’un cinéaste qui, avec Pamfir, propose un premier essai dans le long métrage concluant, conscient que les sacrifices imposés aux jeunes d’aujourd’hui traceront la voie d’un futur avenant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Dmytro Sukhalytkyy-Sobchuk

Scénario
Dmytro Sukhalytkyy-Sobchuk
Direction photo
Mykyta Kuzmenko

Montage
Nikodem Chabior
Musique
Laetitia Pansanel-Garric

Dmytro Sukhalytkyy-Sobchuk.
Parler d’une culture nationale
quels que soient les arguments.

Genre
Drame

Origine
Ukraine / France
Pologne / Chili
Luxembourg
Année : 2022 – Durée : 1 h 43 min
Langue(s)
V.o. : ukrainien; s.-t.a. ou s.-t.f.

Le serment de Pamfir

Dist. [ Contact ] @
FunFilm Distribution
[ Indie Sales ]

Diffusion @
Cinéma du Musée
 Cinéma du Parc

 

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]