Priscilla

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 3 novembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Quand Priscilla rencontre Elvis, elle est collégienne. Lui, à 24 ans, est déjà une star mondiale.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

 

Une déconstruction

de l’image

iconographique

 

Dans son nouveau film, Sofia Coppola ne tire pas intégralement une adaptation du livre de Priscilla Presley et de Sandra Harmon, Elvis and Me, mais s’en inspire. Pour mieux entreprendre la mise en scène qu’elle imagine, pour se donner plus de libertés face à des personnages issus de la mémoire culturelle collective, icônes mondiales. Pour faire en sorte que l’imagerie pensée s’adapte à un idée autre qu’on peut se faire du sujet en question.

Surtout, avec, d’une part, la noble intention d’en faire une œuvre au diapason des  films qu’elle a précédemment tournés, de l’autre, présenter les personnages principaux selon une nouvelle approche.

Justement, est-ce possible lorsque le sujet en question fait partie de la presse « People », de concevoir quelque chose d’original? Pari gagné pour Coppola, fébrile devant une proposition en or, mais consciente qu’elle pourrait dans le même temps s’avérer casse-gueule.

Un regard entre la pudeur angélique et l’envie de céder.

Il y a, dans l’approche coppolaienne un effet de distanciation face aux personnages emblématiques de Priscilla et d’Elvis, le King, qui jouit alors d’une réputation mondiale, en est conscient et profite de cette reconnaissance.

Les deux protagonistes de cette histoire d’amour entre une jeune fille de bonne famille, pas encore 18 ans, et le chanteur de renommée mondiale paraissent fantomatiques, traversant l’espace comme des individus envahis par temporalité qui semble arrêter la durée. Lui surtout, pris entre les tournées, les flirts, pour la plupart, consommés, les belles paroles dites à Priscilla qui ne croit pas, jusqu’à un certain point, ce qui lui arrive.

Jusqu’au mariage où le film devient un drame matrimonial avec les conséquences qu’on connaît. Mais pour Coppola, pas question de céder au drame sentimental en usage dans la plupart des films. Elle opte, au contraire pour une stylisation de l’image (couleurs vaguement pastel, contrairement à Marie-Antoinette, par exemple). Une esthétique qui, en même temps, épouse les fluctuations psychologiques des évènements. Par exemple, le piano tout de blanc vêtu dans la grandiose demeure de Presley, deviendra noir à la fin du film.

Et dans tout cet ensemble quasi surréaliste, parfois presque réel, entre le rêve éveillé et la sensation d’un paraître imaginé, jaillit une sensationnelle et triste nostalgie.

Je vous épargne les détails, mais quelque chose à observer. Car le film est construit de petits détails par-ci, par-là, tel, dans le même temps qu’une biographie qui évite à tout pris (même si la cinéaste cède par choix personnel plus que par souci de mise en scène) le côté romancé.

Une œuvre ample dans sa structure, pas tout à fait fidèle à l’écrit de Priscilla Presley et de Harmon, en harmonie avec l’idée que Coppola se fait du cinéma.

Un médium où l’image subjective et l’objective peuvent faire bon ménage, complices.

Et dans tout cet ensemble quasi surréaliste, parfois presque réel, entre le rêve éveillé et la sensation d’un paraître imaginé, jaillit une sensationnelle et triste nostalgie.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Sofia Coppola

Scénario
Sofia Coppola. D’après Elvis and Me,
de Priscilla Presley et Sandra Harmon
Direction photo
Philippe Le Sourd

Montage
Sarah Flack
Musique
Phoenix
Sons of Raphael

Sofia Coppola

Genre(s)
Drame biographique
Origine(s)
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 53 min
Langue(s)

V.o. : anglais & Version française
Priscilla
Dist.
[ Contact ] @

Entract Films
[ Elevation Pictures / A24 ]

Diffusion @
Cineplex

 

Classement
Visa Général

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]