Richelieu

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 1er septembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT
Une traductrice travaille pour une usine de transformation alimentaire embauchant des ouvriers saisonniers en provenance du Guatemala. D’abord déterminée à obéir aux directives parfois excessives du jeune patron, elle se lie d’amitié avec les travailleurs et tente de les défendre contre l’exploitation dont ils sont victimes.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

 

Les exploités, ces oubliés

Dans Les oiseaux ivres (2021) , Ivan Grbovic abordait le même temps, optant lui aussi pour la fiction, mais dans le même temps, faisant du personnage principal masculin, une sorte de héros christique, beaucoup plus dramatisé, ce qui rendait le film encore plus puissant.

Ici, le Québécois Pier-Philippe Chevigny, dans ce premier long métrage très abouti, travaille sur la durée et réussit pour ainsi dire le même pari. Si Grbovic s’étalait sur plus de deux heures et trente minutes, celui qui nous concerne en ce moment raconte le tout en moins de 90 minutes. Économie dans le temps pour atteindre ainsi un niveau dramatique impeccable. Inutile de se perdre dans des détails inutiles, mais aller à l’essentiel. C’est un choix de mise en scène respectable et qui, du coup, fonctionne habilement bien.

Mise en scène épurée dont les principaux enjeux seront expédiés en un temps record tout en développant les thèmes associés sur une base concluante.

Deux visions d’un même système.

Au niveau fédéral, Les années Harper où le capitalisme canadien s’avoue grand vainqueur pour les grandes entreprises et les multinationales. C’est à cette époque qu’ont lieu les évènements racontés dans Richelieu. L’endroit : une usine de transformation alimentaire, quelque part en région, appartenant à des financiers étrangers, en l’occurrence, des Français.

Règles sévères à suivre pour ces travailleurs infortunés temporaires venus d’Amérique latine et sous-payés – on apprendra qu’ils doivent même contribuer aux redevances syndicales même s’ils ne sont pas eux-mêmes visés selon les articles du contrat. Et puis, un drame concernant la santé de l’un d’eux.

Au milieu de ce chaos, une traductrice, sorte de relais entre ces saisonniers et l’administration. Dans la fiction, des situations dramatiques qui deviennent des problématiques difficiles à surmonter – les revendications des uns, les pressions des autres.

Et pour le cinéma québécois, un film de plus qui ne s’intéresse guère aux « bibittes personnelles » dont a été atteint notre cinéma depuis quelques années.

Chevigny, évitant le documentaire, genre apte à secouer les maux sociaux (ou politiques), se penche sur la fiction comme moyen efficace de parler de ces sujets qui nous interpellent. La santé, l’éducation et autres phénomènes seront-ils des thèmes abordés dans un proche avenir?

En attendant, le jeune cinéaste s’avère interventionniste, faisant de sa mise en situation un outil de combat en ce qui se passe dans un univers très peu connu et pourtant si proche de nous lorsqu’on sait que ces travailleurs garantissent la production suffisante des produits de consommation.

Chevigny, évitant le documentaire, genre apte à secouer les maux sociaux (ou politiques), se penche sur la fiction comme moyen efficace de parler de ces sujets qui nous interpellent. Film utile, encore essentiel par les temps qui courent, juste dénonciation d’un système intolérable.

La direction photo de Gabriel Brault-Tardif – de très nombreux courts, vidéoclips et le documentaire Max Ward s’eXpose (2013) – illustre ici sa première fiction avec un soin apporté au rythme. Ce souci de ne pas amputer le film de sa tension essentielle s’observe dans toutes les scènes, même les moins tendues avec, comme résultat une sorte de portrait social inédit que la fiction aborde, comme c’est le cas ici, avec un souci de réalisme à la fois cru et sans sensationnalisme.

Outre la performance toute en nuances d’Ariane Castellanos (Ariane, dans le film) on retiendra celle de Nelson Coronado (Manuel Morales, un des temporaires) préservant sa fierté même face à la maladie; un jeu totalement habité. On soulignera également la présence de Marc-André Grondin, comme toujours, parfaitement impliqué.

Film utile, encore essentiel par les temps qui courent, juste dénonciation d’un système intolérable.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Pier-Philippe Chevigny

Scénario
Pier-Philippe Chevigny
Direction photo
Gabriel Brault-Tardif
Montage
Amélie Labrèche
Musique
Félicia Atkinson

Pier-Philippe Chevigny donnant des instructions à
Nelson Coronado, portant casquette (rôle de Manuel)

Genre
Drame social
Origine
Canada / France
Année : 2022 – Durée : 1 h 29 min
Langue
V.o. : français, espagnol; s.-t.a. ou s.-t.f.

Temporaries

Dist. [ Contact ] @
FunFilm Distribution
[ Be For Films ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants

ÉTOILES FILANTES
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★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

ÉTOILES