So Much Tenderness

VOIX/OFF
[ Horizons ]

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

La

blessure

Le film sort le 30 juin à Montréal, plus précisément au Cinéma Public. Et il n’est présenté que cette journée, à raison de deux séances. Après cela, il disparaît de l’affiche. Les perdants : les cinéphiles qui n’ont pas le luxe de choisir entre divers horaires et journées. Pour les primeurs en exclusivité, ces salles devraient garantir une séance par jour, du moins la première semaine.

Revenons à notre sujet. Originaire de la Colombie, Lina Rodrigues peut se vanter, après quelques courts sujets, d’avoir réalisé des longs métrages dans son pays d’adoption, le Canada. Ses trois premiers, Señoritas (2013), This Time Tomorrow / Mañana a esta hora (2016) et Mis dos voces (2022) partagent avec son tout dernier, So Much Tenderness certaines des préoccupations (la famille, la condition féminine, la sexualité, l’immigration…) de la cinéaste dans un contexte non pas politique ou géographique, mais existentiel. Peu importe le lieu. La femme est le centre d’intérêt : ses désirs, ses émotions, ses incertitudes et paradoxes sont ainsi exposés selon une approche presque freudienne.

Un début du film où le mutisme prend des allures d’approche formelle. Comme si le fait de prononcer telle ou telle parole serait un acte de rapport réel au monde. Et c’est justement ce que veut éviter Rodriguez.

Un rapport mère/fille aussi permissif que déchirant.

Un film dont les très gros plans participent de cette volonté à s’immiscer à l’intérieur des personnages. Tâter le terrain de leur for intérieur, autrement dit de leur conscience.

Cette construction qui, pour d’aucuns, peut paraître déconcertante, n’en demeure pas moins assez originale sur le plan formel. C’est un choix délibéré que Rodriguez adopte; autre façon de parler de l’intime. Ici, encore une fois, peu de mots ou encore, notamment chez ces jeunes filles, discuter de l’amour physique, de leurs petits amis, de leurs visions de l’amour… dans une forme discontinue, souvent chaotique, ou mieux dit, exprimée de façon sibylline.

Il s’agit ici d’un film simple dans son récit, mais pas dans sa structure, délibérément intentionnellement instable, comme ses personnages. Un ajout conséquent au cinéma d’auteur Canadien.

Dans ce nouvel essai qui aurait pu très  bien être écourté de presque 30 minutes, dans une durée de presque deux heures – les trois longs métrages précédents ne dépassaient pas, chacun, 90 minutes, on parle souvent du présent et de ce qui a été. La mort du mari d’Aurora (très investie Noëlle Schönwald) est ainsi montré en exergue dans sa plus simple expression.

Point de salut pour comprendre entièrement les prémisses d’un exil presque forcé. Ce n’est seulement de cela qu’il s’agit. Un film qui, en fin de compte, suggère plus qu’il n’expose.

Il s’agit ici d’un film simple dans son récit, mais pas dans sa structure, délibérément intentionnellement instable, comme ses personnages. Un ajout conséquent au cinéma d’auteur Canadien.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Lina Rodriguez

Lina Rodriguez.
L’importance de céder à l’intuition.

Origine
Canada

Colombie

Année : 2022 – Durée : 1 h 58 min
Langue
V.o. : anglais, espagnol; s.-t.f.

Tellement de tendresse
Tanta ternura

Diffusion @
Cinéma Public
 [ Vendredi 30 juin 2023 seulement ]

 

Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]