Suburbia

CRITIQUE.
[ Minuit au Parc ]

★★★★

texte
Pascal Grenier

Portrait craché d’une

jeunesse à la dérive

Continuant avec les films du siècle dernier programmés dans le cadre des séances de minuit au Cinéma du Parc,  on propose ce week-end Suburbia, film-culte et résolument punk de la cinéaste américaine Penelope Spheeris (Wayne’s World). Trois ans après The Decline of the Western Civilization, brillant documentaire choc sur la scène musicale punk rock à Los Angeles en 1981, la cinéaste américaine réalise une première œuvre de fiction avec ce film sans concession sur une jeunesse désoeuvrée.

Dans un style tranches de vie en forme de film choral, le film suit le parcours d’un groupe de jeunes de banlieue qui s’enfuient de chez eux et adoptent un style de vie punk en squattant dans des maisons de banlieue abandonnées. Produit par le célèbre Roger Corman pour une bouchée de pain (budget de 500 000 $) et mettant en vedette essentiellement des comédiens non professionnels, ce drame de passage de l’adolescence à l’âge adulte à la rude (voire même hardcore pour certains protagonistes) adopte un ton naturel qui ajoute à la valeur rentre-dedans du propos.

Un vent de révolte replié sur soi.

Ici, pas question de moralité et de démagogie, Spheeris filme ces jeunes paumés sans les juger tout en présentant une vision lucide et pessimiste d’une société à la dérive avec cette banlieue, généralement présentée comme un modèle de bonheur et d’avenir, ici dépeinte comme une poubelle du futur avec cette montée de la droite, ces citoyens qui luttent contre le crime et cette jeunesse rebelle laissée à elle-même.

Dès la première séquence, la cinéaste donne le ton alors qu’un enfant en très bas âge est attaqué par un chien affamé. Ce qui s’ensuit n’est pas des plus jojos non plus, mais la cinéaste opte pour un ton cru et réaliste et le film aura une forte influence chez plusieurs cinéastes futurs tels que Spike Lee (Do the Right Thing, avec une finale dramatique similaire et sans issue) et Larry Clark (Kids notamment).

Pour l’histoire, Penelope est née d’un père migrant grec, est la cousine germaine du grand cinéaste grec Costa-Gavras qui selon elle, lui a fait considérer qu’une composante génétique existe dans sa vocation. Et avec raison. Suburbia est sans doute son film le plus sombre et de loin le plus accompli parmi ses films de fiction.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Penelope Spheeris

Origine(s)
États-Unis

Année : 1983 – Durée : 1 h 35 min

Langue(s)
V.o. : anglais

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]