The Lighthouse

Semaine 43
du 25 au 31 octobre 2019

 

RÉSUMÉ SUCCINCT
À la fin du 19e siècle, Ephraim Winslow rejoint Thomas Wake pour entretenir un vieux phare sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre. Une violente tempête, des conditions de vie rustiques difficiles, le dur labeur physique, l’isolement accru et des forces invisibles conduisent les deux hommes dans un délire hallucinatoire et onirique.

Primeur
CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ 

L’ÎLE DU BOUT DU MONDE

De deux choses l’une, soit qu’on rejette catégoriquement le nouveau film de Robert Eggers, de peur de ne pas saisir la métaphore ou la fable morale (Éros et Thanatos – n’en déplaise à certains) ou devant l’ennui que peut engendrer cet anti-récit; soit, en revanche, qu’on se laisse séduire par la beauté incontestée du noir et blanc, dont, ici, Dreyer et Lynch se font les plus illustres exemples. Le tout souligné par le format 1.19 : 1, le carré, utilisé non pas par hasard, mais dans le but ultime de s’apparenter en quelque sorte à l’esprit livresque d’aventures ésotériques.

Deux hommes, le jeune et le plus vieux, s’occupent d’un phare situé dans une île perdue, déserte et rocailleuse de l’Atlantique. Anti-lieu entériné, entre autres, par la musique envoûtante, fantomatique et majestueusement annonciatrice de Mark Korven (The Witch, 2015, également de Eggers).

Dans cette relation symbolique père/fils ou encore amants latents, une tension érotique et masculine qui ne cesse de s’exercer de scène en scène. Il ne s’agit pas de montrer l’acte qui aurait pu paraître gratuit, mais de créer l’intensité qui se dégage de ces corps mal lavés, mal rasés, situés dans des lieux insalubres, face à une nature peu clémente. Film, en partie, à la limite de la queer-fantasy (on peut le voir de ce côté) dont on sait l’imagination, fertile et jusqu’au-boutiste.

Mais le plan et le cadre possèdent une architecture brillamment travaillée et suggérée. Car c’est dans la puissance du fascinant et de l’expressif qu’opère le cinéaste, totalement ébloui par l’univers qu’il a su créer. Dans un sens, symbiose magique entre un récit d’une simplicité abyssale et le traitement, qui atteint des proportions dépassant notre imagination. Un grand film d’auteur.

le résultat est probant. Et puis deux acteurs formidables dans une série de champ/contre champ et de face-à-face
percutants, d’une brillante adéquation, sauvages, viriles, presque jouissivement grand-guignolesques.

Et une fin qu’un Pasolini aurait trouvé d’une troublante religiosité agnostique. Graphique jusqu’au plus haut point, troublante, voire même bouleversante car elle redonne à l’art du cinéma son droit fondamentalement digne à la libre et totale expression, sortant, du coup, des sentiers battus.

Le générique de fin indique que le film est inspiré des écrits de Melville (Moby Dick…). À en juger par le film, le résultat est probant. Et puis deux acteurs formidables dans une série de champ/contre champ et de face-à-face percutants, d’une brillante adéquation, sauvages, viriles, presque jouissivement grand-guignolesques.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Vendredi 25 octobre 2019

Réal.
Robert Eggers

Genre(s) : Drame psychologique

Origine(s) : États-Unis / Canada

Année : 2019 – Durée : 1 h 49

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.
Le phare

Dist. @
V V S

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]