A Rainy Day in New York

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 07 mai 2021

SUCCINCTEMENT
Lors d’un week-end à New York, un jeune couple vit toutes sortes d’aventures, sans compter sur le mauvais temps.

CRITIQUE.

texte
Élie Castiel

★★★

Effectivement, ce n’est pas du Woody Allen de meilleur cru, mais son univers est présent, aussi déterminé, saluant par ça, par là des réalisations plus abouties, complexes, faisant de New York, cette Grosse Pomme, sa ville de prédilection.

Et bien entendu, comment ne pas faire écho aux chuchotements du #MeeToo où, à l’instar d’un Roman Polanski, par exemple, Allen s’est retrouvé au banc des accusés. Sans compter les quatre épisodes de la récente minisérie de HBO, Allen v. Farrow, où Amy Herdy et Kirby Dick se veulent le plus objectifs du monde. Mais comme tout essai biographique, le parti pris est impossible à éviter.

En ce qui nous concerne, Woody Allen est un grand cinéaste qui a construit une œuvre cohérente, avec ses hauts et ses bas, mais toujours fidèle à une règle éthique envers le cinéma.

Du cinéma sincère malgré tout

Les films de Woody Allen, y compris A Rainy Day in New York, parle beaucoup des femmes, mais ce sont en fait des hommes qu’il est indirectement question.

Les distributeurs sont restés frileux en Amérique du Nord, ce qui inclut le Canada, et bien sûr le Québec. Sauf le gourou du Cinéma Dollar, Bernie Gurberg, qui s’est vraiment « arrangé avec le gars des vues » pour présenter le film, une seule fois par jour, toute la semaine. Congrats, Mr. Gurberg.

Et le film en question? Une comédie sentimentale où New York, même dans les jours de pluie, est présentée comme la plus belle ville du monde. Pour le récit, on aime celle-ci, on aime celle-là. Elles ne savent pas vraiment qui aimer. Et Gatsby (pas vraiment le magnifique – ce n’est pas un jeu de mot – campé par Chalamet, se débrouille avec certains honneurs, essayant d’intégrer, le plus souvent avec succès, la ménagerie de Woody Allen. Comme tous les amants romantiques des films de Allen, il souffre, il scande, il aime, il parle le bon anglais, celui des études littéraires des universités. Il s’adresse au monde que connaît le cinéaste.

Les films de Woody Allen, y compris A Rainy Day in New York, parle beaucoup des femmes, mais ce sont en fait des hommes qu’il est indirectement question. Machos, sans trop l’être, manquant de confiance, amoureux éperdus, se laissant envoûter par les liens entre l’affection et les plaisirs de la chair. En fait, tout bonnement incertain, quel que soit leur niveau d’éducation.

Aimer ou ne pas aimer. En attendant…

New York, ville du monde, une cité quasi de carte postale, celle où vit et qu’affectionne un cinéaste qui a préféré rester muet devant les dernières accusations. À une époque de la « dictature victimaire », qu’il s’agisse de victimes-femmes ou hommes, aucune chance pour ceux (la très grande majorité sont des hommes) qui ont commis ces crimes de lèse-majesté, quel que soit le degré d’implication. Quatre décennies plus tard, on s’en souvient.

En attendant, les très convaincants comédiens dans A Rainy Day in New York, ont réagi au scandale de l’an dernier. Oui, Timothée Chalamet ou le nouvel amant romantique, époque nouveau millénaire. Il a, apparemment, remis son salaire à un organisme caritatif. Mais bon… Dans le film, il se débrouille admirablement bien, demeure celui par qui tout arrive ou n’arrive pas et, plus que tout, soumet le spectateur à un regard sur l’art parfois perfide de l’interprétation, car il fait parfois des tours, soumet les acteurs et les actrices au caprice des metteurs en scène. Exigeant Woody Allen? Sans doute, car SA ville, tout comme ses interprètes sont des éléments qui régissent le succès ou pas d’un film. Et il tient à ce que l’ensemble du projet demeure une toile allenesque incomparable, comme tous ses films, les bons et les mauvais.

Encore une fois, nous avons vu des Woody Allen plus inspirants, comme l’incompris Rifkin’s Festival, inédit ici pour les mêmes raisons, comme d’ailleurs le très bouleversant et obsédant J’accuse de Roman Polanski. Prochaine tentative de Mr. Gurberg?

En fin de compte, A Rainy Day in New York rassemble des têtes d’affiche comme Liev Schreiber, Jude Law, Diego Luna et les magnifiques Elle Fanning et Selena Gomez qui, sans doute, ne voudront plus tourner pour lui.

Reste Vittorio Storaro, bientôt 80 printemps, qui filme en amoureux ce qui lui tombe entre les mains et qui se dresse sur son passage. Et Woody Allen, 85 ans, qui ne tournera probablement plus, à moins qu’il insiste pour nous surprendre. Entre temps, laissons-le en paix.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Woody Allen

Scénario
Woody Allen

Direction photo
Vittorio Storaro

Montage
 Alisa Lapseller

Musique
Pièces choisies

Un moment pendant le tournage.

Genre(s)
Comédie sentimentale

Origine(s)
États-Unis

Année : 2019 – Durée 1 h 32 min

Langue(s)
V.o. : anglais

A Rainy Day in New York

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Classement (suggéré)
Tous publics

En salle(s) @
Dollar Cinéma

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]