Amores modernos

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 24 juillet 2020

SUCCINCTEMENT
La mort soudaine d’Armida force Alex, son plus jeune fils, à revenir d’Argentine et se rendre à Mexico pour les funérailles. 

< CRITIQUE >
texte
Élie Castiel

★★★ 

Quelques documentaires, des courts et des longs dont Yo (2015), d’après une nouvelle de Le Clézio, nous semble le plus connu ici. Apparemment, selon nos recherches, il vit à Montréal, il a vécu en France et ses origines sont mexicaines. De quoi avoir un rapport au monde un peu plus omniscient. Matías Meyer, cinéaste dans la quarantaine.

Secrets de famille

Dans Amores modernos, ses racines premières sont le principal centre d’intérêt. Un goût prononcé pour la télénovela si chère aux latino-américains, source de ces drames intimes et pittoresques dont les rebondissements ne sont que le reflet de leurs vies, un mélodrame permanent. Mais avec toutes les sophistications que cela implique, car au cinéma, tout est plus grand que nature. Chez Matías Meyer, une prédilection pour Almodóvar (et timidement, Douglas Sirk), caractéristiques qui nous conduisent dans les méandres de la famille, ses tendances, ses péchés, ses interdits, ses secrets aussi et des questions d’héritage.

Donnant raison à des séquences où la mise en scène défend admirablement bien ses codes traditionnels, sans en inventer de nouveaux. Pourquoi le faire? Tous et toutes dans cette famille quasi-dysfonctionnelle ont quelque chose à cacher et chacun blâme l’autre pour les déboires qui s’accumulent à mesure que le récit avance. Regrets de ne pas avoir agit autrement dans le passé, réaction devant la double-vie d’un père presque absent, ou peut-être pas assez.

L’amour en ce 21e siècle n’est pas si différent que dans le passé. L’homme, l’hétéro, totalement déboussolé devant ces nouvelles réformes sociales ne résistent pas pour autant. Le personnage de Carlos (excellent Andrés Almeida) en est la preuve la plus concrète, notamment lorsqu’il se soumet au nouvel ordre familial – découverte de la demi-sœur – car chez lui, les rapports hommes-femmes ont été remplacés, jusqu’ici, depuis que les femmes décident par elles-mêmes, par le lien qu’il partage (amoureusement) avec l’argent, l’économie et les biens personnels.

On soulignera la présence de Leonardo Ortizgris dans le rôle de l’homosexuel Alex, qu’on aurait voulu plus ouvert, mais en harmonie avec les tendances sociales actuelles qui n’ont pas évolué d’un cran malgré les apparences.

Les femmes, elles, fortes, toutes de grandes comédiennes, à l’aise dans un genre cinématographie où elle se sentent à l’aise. Face aux hommes, une lutte amicale plus que combative. Pour que la tradition survive sans doute en dépit de tout. Et pour Meyer, intentionnellement, un refus du pathos, un déni du drame intense; au contraire, une sorte de froideur dans la mise en scène dont les lieux plutôt luxueux et faussement réconfortants dépeints se confondent paradoxalement avec les contraintes psychologiques des personnages.

Désir de vengeance?, amours peu commodes, double-vie occultée (ou presque). Et une finale volontairement conforme à la bienséance. Pour que personne ne se sente visé.

… pour Meyer, intentionnellement, un refus du pathos, un déni du drame intense; au contraire, une sorte de froideur dans la mise en scène dont les lieux plutôt luxueux et faussement réconfortants dépeints se confondent paradoxalement avec les contraintes psychologiques des personnages.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Matías Meyer

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
Mexique

Année : 2019 – Durée : 2 h 23 min
Langue(s)
V.o. : espagnol ; s.-t.a.

Modern Loves

Dist. @
[ Cinépolis Distribución ]

Classement suggéré
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cinéma Moderne
[ Avis : Salle à horaire irrégulier ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]