Canción si nombre

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 24 juillet 2020

SUCCINCTEMENT
Pérou, au plus fort de la crise politique des années 80. Georgina, une jeune villageoise quechua, fait face à l’enlèvement de son bébé dans une clinique clandestine. 

< CRITIQUE >
texte
Élie Castiel

★★★★ 

 

Trafic de nouveau-nés dans un Pérou des années 80, pays en proie à un régime totalitaire qui broie tout sur son passage lorsqu’on est du mauvais côté, c’est-à-dire si on ne fait pas partie d’une minorité qui règne sans lois. Rien ne prime, sauf le fait de gouverner en ignorant les bases essentielles de la démocratie. Les célèbres partisans du Sentier Lumineux sont montrés indiciblement par les faits et gestes de cette battante d’un territoire de la cordillère des Andes qui voit la lutte à sa façon ; Georgina (sublime Pamela Mendoza), prête à tout pour reprendre ses libertés, et pour cause, il s’agit de la plus fondamentale. Et même les journalistes sont également poursuivis, contrôlés. Surtout celui qui finit par céder à l’insistance de la principale intéressée à l’aider dans sa quête.

La vie sans retour

Premier essai concluant pour Melina León, qui dédit le film à son père, journaliste, d’où la présence de Carlos (sensible Tommy Párraga) ; une séquence qui paraît, à première vue, inutile, nous fera découvrir son importance à la continuation logique du récit. Moment fort et inattendu. Narrativement, la réalisatrice n’a pas de temps à perdre. Elle intègre efficacement une révolte interne à l’intérieur d’un monde inerte, impuissant face à l’adversité.

Le format 4:3 n’est pas fortuit. Il enrobe magnifiquement bien ce côté cloîtré d’un pays et illustre sans pathos, presque de façon documentaire, des situations inextricables auxquelles doivent faire face les plus communs des mortels, autrement dit la majorité. Et pour le peuple quechua, la situation est encore pire. Le carré du plan n’est que plus renforcé par le noir et blanc de l’image. Parti pris idéologique qui s’inscrit dans un cinéma politique latino-américain d’une autre époque auquel rend hommage une Melina León engagée sans être militante, humaine sans devoir trop souligner.

Intentionnellement, nous ne vous donneront pas des précisions sur les enjeux narratifs du film de peur de gâcher tout effet de surprise. Mais force est de souligner que l’humilité, la résignation presque religieuse du personnage principal et sa sincère motivation sont des atouts qui rendent cette expérience cinématographique cathartique. Notamment à la toute fin, lorsque le chant de Georgina, timidement entonné, quasi en humbles sanglots, exprime toute la douleur et l’affliction de vivre dans un monde où tout semble impossible.

Le format 4:3 n’est pas fortuit. Il enrobe magnifiquement bien ce côté cloîtré d’un pays et illustre sans pathos, presque de façon documentaire, des situations inextricables auxquelles doivent faire face les plus communs des mortels…

[ Voir autre article ici. ]

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Melina León

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Pérou / Espagne

États-Unis / Chili

Année : 2019 – Durée : 1 h 37 min

Langue(s)
V.o. : quechua, espagnol ; s.-t.a.

Song Without a Name

Dist. @
Film Movement

Classement suggéré
Tous publics

En salle(s) @

Cinéma Moderne
Avis : Salle à horaire irrégulier ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]