Ayibobo III:
Little Dollhouse on the Prairie

CRITIQUE.
[ Danse ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Sexy

            Le troisième volet de cette série est le premier auquel nous assistons. Volage, dévergondé, candidement vulgaire, un humour camp qui ne dément jamais. Bref, une Bullshit magnifiquement spectaculaire, assumée, s’en foutant éperdument du qu’en-dira-t-on, en harmonie avec cette totale liberté de mouvements, de gestes, de sensualité accrocheuse.

Homosexuels, transsexuels et autres variations des nouvelles identités. Non pas imiter la femme, mais revendiquer sa féminité. Pour certaines, un spectacle suspicieux qui pourrait, pour certaines, être mal interprété. Sans doute en raison de la liberté qu’il se permet dans cet étrange dialogue avec la multiplicité des genres.

Aucun récit. Aucun thème choisi. RuPaul et Oprah Winfray sont convoqués. Les pièces musicales choisies invitent aux soirées Rave, un clin d’œil est envoyé à Grace Jones / version-La-vie-en-rose. Le Vogue madonnien est de rigueur.

Crédit : Cuto Reed.

Un mélange inspiré, volontairement bordélique, s’en allant de tout côté. La chorégraphie intentionnellement approximative, mais un délire attachant, une symbiose entre les danseurs/euses. Qu’importe « il » ou « elle ». C’est surtout elle, mais lorsque le seul « homme » parmi les cinq intervenant(es) se permet un combat de boxe inusité dans ce décor de ring de boxe servant de décor central, on assiste alors à une confrontation entre les sexe. Comme si dans ce carré fragilement protégé de cordes aussi branlantes qu’éphémères, tous les coups et les triches seraient permis.

Mais dans ce spetacle inusité, qui vaut son pesant d’or pour sa tendance à défier les nouvelles formes chorégraphiques, parfois pour ne pas dire, pesantes et exagérées, se donnant de faux airs de métaphores sociales et de discours vains, une sorte de légèreté, une bouffée d’air frais qui ne se prend pas au sérieux, le temps, le court temps que dure le spectacle.

Un mélange inspiré, volontairement bordélique, s’en allant de tout côté. La chorégraphie intentionnellement approximative, mais un délire attachant, une symbiose entre les danseurs/euses. Qu’importe « il » ou « elle ».

L’africanité, de plus en plus ouverte, même si parfois clandestinement, aux diverses orientations sexuelles, se déploie ici sans vergogne, astucieusement, voire même presque naïvement, forçant la porte sans trop faire de bruit.

Un risque à prendre. Une étape à franchir. Un geste inespéré; en fin de compte, préservant intérieurement une espèce de mélancolie, de nostalgie d’un autre temps, de lutte pour mieux exister.

Sexy… même si ce vocable ne signifie plus ce qu’il signifiait jadis.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Direction artistique
Elle Barbara

Avec
Chris M. Barbara, Syana O. Barbara
Kim N. Sankofa, Rony F. Campbell

Scénographie
Sabrina Miller

Éclairages

Jon Cleveland

Conception musicale
Markus Lake

Costumes
Nalo Soyini Bruce

Production
Danse-Cité

House of Barbara

Durée
1 h 05 min 

Diffusion @
La Chapelle – Scènes contemporaines

Jusqu’au 18 septembre 2021

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]