En attendant Œdipe

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★★

texte
Élie Castiel

Aucune frime malvenue, nulle prétention. À la limite, un magnifique court d’improvisation. Comme si à chaque représentation, le spectacle ne serait pas pareil au précédent. Au contraire, une proposition émanant candidement de l’esprit, par hasard, quasi accidentellement, comme si, par un concours de circonstances, on se retrouvait sur scène pour raconter une minime partie de ce que l’on appris par ci, par là, de la vie, de la famille, de tout ce qui constitue nos expériences.

Un sens inouï de l’observation et un intérêt pour l’intellect. C’est ce que l’on retient de François  Blouin, qui excelle dans tout ce qui l’intéresse et l’anime.

Magistral

La victime privilégiée de cet artiste singulier : Œdipe, « celui par qui le scandale arrive », le maudit des Dieux, l’incestueux par mauvais sort, l’aveuglé (par hasard, par contrition antique, par inadvertance, autant de ?);  et Jocaste, épouse de son propre fils, celle dont on a peu parlé dans les écrits sur la Grèce antique, pour des raisons que François Blouin cultive et nous fait découvrir.Suite

Mademoiselle Julie

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★ ½

texte
Élie Castiel

Retour en force au Théâtre du Rideau Vert avec un Strindberg mené de main de maître par un Serge Denoncourt totalement investi dans son art de la mise en scène, renforcée également par la présence de deux comédiennes et d’un comédien d’une conviction inégalée..

Le récit est simple : une jeune femme de l’aristocratie, un valet qui a appris à bien parler à force de contact avec les gens de la haute et la cuisinière, très proche de Julie, sa maîtresse (à l’époque c’est comme cela qu’on disait et n’avait nullement un double sens… mais bon, ça c’est une autre histoire). Et un jeu de séduction. Qui des deux femmes l’emportera?

Si la version actuelle de Denoncourt se démarque, c’est surtout pour la direction d’acteur et d’actrices. C’est dans leur jeu, leurs registres multiples, leurs variations dans la gestuelle, les voix qui changent au gré de situations. Un énorme travail de composition des rôles.

Denoncourt excelle dans ce théâtre de miroir, ce rapport aux artistes sur scène qui ne demandent qu’à aller le plus loin possible. David Boutin sacrifie son allure altière, la reprend le temps de se réapproprier sa condition d’homme, retombe soudainement et à la fin, se rend compte que…Suite

1,2, maybe 3

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★

texte
Élie Castiel

La question est de savoir si ce sont les objets qui sont les véritables interprètes de cette fable excentrique sur la banalité du quotidien. Un quotidien, à bien y penser, fait de tout et de rien, de sensations qui ne semblent exister que dans notre imaginaire, lui aussi corrompu par des mouvements extérieurs.

Une chaise verte, l’autre rouge, peut-être, je ne me souviens plus. Un  escabeau, un ventilateur et d’autres formes amorphes et pourtant colorées où s’insèrent les deux interprètes, Keanu Uchidai et Sydney McManus, elle et lui, tentant de s’apprivoiser en s’intégrant dans ces tissus neutres qui les séparent constamment malgré leurs constantes sollicitudes. Dans leur visage, aucun expression, sauf cette insistance à reprendre le mouvement, tant elle et lui affichent leur détermination.

Corps (dés)incarnés

Une tentative d’amadouer les formes inanimées.

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